Le deuxième concile du Vatican (Vatican II : 1962-1965) (1)
Le deuxième concile du Vatican (Vatican II : 1962-1965) (1)
13 Aug
13Aug
« Le concile a été investi par les forces progressistes. Nous l’avons éprouvé, senti, et quand je dis « nous », j’entends la majorité des pères du concile à ce moment-là. Nous avons eu l’impression qu’il se passait quelque chose d’anormal. » Mgr Lefebvre, Lettre ouverte aux catholiques perplexes, p. 136.
« (…) l’inspiration fondamentale du Modernisme et du Progressisme est bien la même : mépris agressif du passé et de la tradition, adoration aveugle et irrationnelle du futur, croyance au progrès fatal et continu, etc. » Louis Jugnet, revue Itinéraires n°86, Face au modernisme
« Le problème des années soixante était d’acquérir les valeurs mieux exprimées par deux siècles de culture libérale, ceci a été fait [par Vatican II]. » Cardinal Ratzinger, revue Jésus, novembre 1984
Lorsqu’Il donna à ses apôtres l’ordre d’aller convertir tous les hommes à son Evangile, Notre Seigneur Jésus-Christ munit sa sainte Eglise de moyens adaptés pour accomplir cette divine mission.
Parmi ces moyens figure un organe vivant devant se perpétuer jusqu’à la fin des siècles, le chef de son Eglise ici-bas : le Pape. Lorsqu’Il lui remit le pouvoir de lier et délier, mais aussi de paître fidèles et pasteurs, Il le dota d’un triple pouvoir : celui de sanctifier, celui d’enseigner et celui de gouverner.
Gouverner par des lois, des décrets, des nominations, des jugements. Sanctifier par la transmission du sacerdoce afin, en particulier, de distribuer les grâces de la rédemption par les sacrements. Enseigner, enfin, par la prédication d’une doctrine vivifiante, sainte, divine : la Révélation de Dieu aux hommes. Ce triple pouvoir est donc remis entre les mains du Souverain Pontife, chef de l’Eglise une, sainte, catholique, apostolique, romaine. Tout acte du Pape doit donc s’inscrire dans la volonté de Dieu de sanctifier les hommes, établir le règne de Dieu, par une société politique en particulier, d’enseigner la saine doctrine, de faire passer, en somme, les hommes de l’état de péché à celui de justice, en Notre Seigneur. Toute loi de l’Eglise doit être portée pour le salut des âmes. Tout sacrement est établi pour nous sanctifier. Tout acte du culte est institué pour honorer Dieu, et nous appliquer les grâces de la Rédemption. Tout enseignement doit être conforme à l’enseignement de Notre Seigneur Jésus-Christ, à savoir la Révélation, close à la mort du dernier des apôtres, saint Jean.
Or la Tradition de l’Eglise est l’expression de la Révélation. Elle doit donc être la règle, le phare, la maîtresse de vérité devant inspirer cette oeuvre admirable de salut opéré par l’Eglise catholique. Ainsi, les actes des conciles, l’enseignement quotidien du Saint Père, par ses actes, dont ses encycliques, ses discours et allocutions font partie, l’enseignement courant des évêques, doivent refléter cette divine Révélation de Dieu aux hommes. Donc ces enseignements, à chaque époque, doivent être l’écho de celui donné à l’époque antérieure, et ainsi de suite jusqu’aux apôtres, jusqu’à Notre Seigneur Jésus-Christ. Et ce sous peine d’être un enseignement non conforme, frelaté, erroné voire hérétique.
Que se passe t-il si une dissension se produit, un désaccord entre évêques, entre différentes portions de la sainte Eglise, entre le Pape et des évêques ? Si une nouveauté surgit, sous prétexte, toujours, de retour aux origines ? A chaque fois, avant même que le Pape ou un concile ne se prononce définitivement pour trancher le différend, c’est en ayant recours à la doctrine commune des Pères de l’Eglise, aux gestes et paroles de la sainte liturgie, aux explications des docteurs reconnus en théologie durant une longue période et mis en honneur par le Siège apostolique que les catholiques fidèles eurent recours pour prouver l’orthodoxie.
L’Eglise d’aujourd’hui n’est véritable que dans la mesure où elle continue, elle fait corps avec l’Eglise d’hier.
C’est à ce prix qu’elle sera encore l’Eglise de demain, épouse immaculée du Seigneur.
Mais, alors que les fidèles chrétiens ont toujours refusé le grain d’encens à César, à travers les siècles,l’ennemi de Dieu, le diable, a semé les grains de l’ivraie, en répandant la zizanie des hérésies et des schismes. Ce furent Arius et sa négation de la divinité de Notre Seigneur, contre qui le concile de Nicée s’éleva avec force, et avec lui saint Athanase. Ce furent les monophysites, les monothélites, les appolinaristes, Pélage et son dédain pour la grâce divine, Nestorius, … Au XIe siècle les schismatiques orientaux se séparèrent de Rome. Puis au XVIe et ensuite vinrent les protestants, dont Calvin et Luther commèrent à déchirer la Chrétienté, les anglicans et leur Eglise nationale, qu’elle soit High ou Low Church. Au XVIIIe, Jansénius prêchait un Dieu sans miséricorde, brisant la relation de charité entre Lui et sa créature, tandis que les doctrines politiques gallicanes commençaient, en France, de miner la monarchite très chrétienne en donnant un tour d’esprit anti-romain à l’Etat. Au XIXe, les libéraux dits catholiques tentèrent une conciliation entre les idéaux de 89 et la foi reçue des apôtres, en acceptant les fausses libertés, dites de religion, de conscience, et de la presse, et la fausse égalité modernes. Enfin, à partir des pontificats de Léon XIII et de saint Pie X, les modernistes firent un amalgame de la philosophie idéaliste issue de Kant et des dogmes, en vidant ces derniers de leur substance. Leur doctrine tendait à renverser de fond en comble la divine institution de l’Eglise, le sens de son enseignement, de ses mystères sacrés, ravalés au niveau de la raison humaine et travestis.
Parallèlement, la société politique, depuis la révolution de 1789 en France, se rebellait violemment en persécutant les prêtres, religieux et religieuses, périodes qui, depuis, alternent avec des accalmies ou des persécutions administratives, tracasseries par les lois, règlements, impôts, envers le clergé et les fidèles, surtout s’ils ont des familles nombreuses. Pensons aux pontons de Nantes et de Rochefort, à la Vendée martyrisée, aux fusillés de Lyon, aux massacres de Septembre à Paris…Pensons aux affamés du goulag, aux torturés et massacrés par les communistes depuis 1917…
Cette société, encore aujourd’hui, a la prétention d’édifier un monde sans Dieu, basé sur les droits de l’homme sans Dieu et même contre Dieu donc désaxés et faux, sur le consumérisme soit l’argent-roi, sur les loisirs, le divertissement et le bien-être physique, tout cela concourrant à l’étourdissement de l’âme et de nos facultés élevées : intelligence et volonté.
C’est devant ce monde moderne là que, tournant le dos à leurs prédécesseurs, les papes, depuis Jean XXIII, ont décidé d’ouvrir grand les portes de l’Eglise, laissant l’ennemi ravager la vigne du Seigneur. En proclamant une mise à jour de la présentation de la foi catholique, le pape Jean XXIII allait orienter le concile dans un sens œcuménique libéral, progressiste, favorable aux idéaux libéraux, ces idées chrétiennes devenues folles. L’histoire des années 1958 à nos jours est celle du triomphe provisoire de la tendance libérale et progressiste du clergé et de certains fidèles, devenus infidèles, mais aussi, et c’est réconfortant, de la résistance opérée par des évêques, des prêtres, des fidèles traditionnels, qui courageusement, contre vents et marées, tirent bon dans la tempête en s’appuyant sur la Tradition bimillénaire de la sainte Eglise.