Le concile marque le triomphe du catholicisme libéral, comme un de ses coryphée, M. Marcel Prélot, sénateur du Doubs dans les années 1960, s’en réjouit dans son histoire du catholicisme libéral, aux éditions Armand Colin : « Le libéralisme catholique (…) connaît des victoires ; il pointe avec la circulaire d’Eckstein en 1814 ; il fulgure avec l’essor de l’Avenir en automne 1830 ; il connaît des victoires, des crises alternées ; jusqu’à ce que le message de Vatican II aux gouvernants marque sa fin : ses revendications fondamentales, éprouvées et épurées, étant reçues par le concile lui-même. Aussi est-il possible aujourd’hui de considérer le libéralisme catholique, tel qu’en lui-même enfin l’éternité le change. Il échappe aux confusions qui ont encombré sa carrière, qui, à certains moments, ont failli la clore prématurément ; il apparaît ainsi qu’il fut réellement non pas une suite d’illusions pieuses, professées par des ombres diaphanes et chlorotiques, mais comme une pensée engagée, ayant, au cours d’un siècle et demi, mis son emprise sur les esprits et sur les lois, avant de recevoir l’accueil définitif de cette Eglise qu’il avait si bien servie, mais dont il avait été si souvent méconnu. »
Si bien servi…le royaume du démon plutôt oui, pour ruiner l’Eglise catholique par les faux principes issus de la révolution de 1789. Seule la vérité catholique nous sauvera et convertira les hommes.
Une fois abattues les frontières entre l’Eglise et le monde, en témoigne le slogan funeste « l’Eglise écoute le monde », -alors que c’est le monde qui doit écouter la voix de Notre Seigneur, de son Dieu, par l’Eglise !- donc entre la Vérité et l’erreur, le troupeau allait se disperser. Les papes conciliaires, illusionnés par le néo-modernisme et l’œcuménisme libéral, trompés par les pires ennemis de l’Eglise comme le collectif sous le nom de Maurice Pinay en avait averti les pères du concile juste avant son ouverture, comme le cardinal Billot le redoutait en 1923 auprès de Pie XI, vont se transformer en aumôniers du volet religieux du nouvel ordre mondial maçonnique, sortes d’animateurs spirituels de la démocratie universelle sans Dieu, au sein de la super-Eglise libérale et œcuménique dans laquelle tous sont admis sauf la Vérité incarnée, Notre Seigneur Jésus-Christ, intolérant à l’erreur.
La vraie paix surnaturelle vient de la charité et de la foi divine, elle produit les fruits de l’Esprit Saint et les bonnes œuvres de la miséricorde temporelle et spirituelle, dans la joie, la paix et la patience, dans la certitude du triomphe du Cœur Immaculé de Marie.
Voici le egard de Mgr Lefebvre sur l’action du Coetus traditionnel au concile : « Il est certain qu’avec les 250 pères conciliaires du Coetus, nous avons essayé par tous les moyens mis à notre disposition d’empêcher les erreurs libérales de s’exprimer dans les textes du Concile ; ce qui fait que nous avons pu tout de même limiter les dégâts, changer telles affirmations inexactes ou tendancieuses, ajouter telle phrase pour rectifier une proposition tendancieuse, une expression ambiguë. Mais je dois avouer que nous n’avons pas réussi à purifier le Concile de l’esprit libéral et moderniste qui imprégnait la plupart des schémas. Les rédacteurs, en effet, étaient précisément les experts et les Pères entachés de cet esprit. Or que voulez-vous, quand un document est, dans tout son ensemble, rédigé avec un esprit faux, il est pratiquement impossible de l’expurger de cet esprit ; il faudrait le recomposer complètement pour lui donner un esprit catholique. Ce que nous avons pu faire, c’est, par les modi que nous avons présentés, faire ajouter des incises dans les schémas, et cela se voit très bien : il suffit de comparer le premier schéma de la liberté religieuse avec le cinquième qui fut rédigé — car ce document fut cinq fois rejeté et est revenu cinq fois sur le tapis — pour voir que l’on a réussi tout de même à atténuer le subjectivisme qui infectait les premières rédactions. De même pour Gaudium et spes, on voit très bien les paragraphes qui ont été ajoutés à notre demande, et qui sont là, je dirais, comme des pièces rapportées sur un vieil habit : cela ne colle pas ensemble ; il n’y a plus la logique de la rédaction primitive ; les adjonctions faites pour atténuer ou contrebalancer les affirmations libérales restent là comme des corps étrangers. »
Marcel LEFEBVRE, Ils l’ont découronné. Du libéralisme à l’apostasie. La tragédie conciliaire, Escurolles, Éditions Fideliter, 1987, p. 167-168.
Finalement, entre Rome et Mgr Lefebvre, la fracture trouve son origine au concile Vatican II. Les interventions conciliaires de Mgr Lefebvre et son implication au sein du CIP permettent de mettre en évidence la perspective théologique dans laquelle il se situait, sa conception de l’autorité et de la tradition, ainsi que son regard sur le monde moderne. Son rejet de l’Église postconciliaire, qui se trouvait en germe à Vatican II, était doctrinal avant d’être liturgique. Par conséquent, est-il possible d’imaginer une communion entre le Saint-Siège et la FSSPX sans que l’un ou l’autre ne revienne sur ses positions ? Soit Rome reviendrait aux positions antérieures au Concile, à la Tradition et au magistère des conciles et des Papes qui forme un fleuve lumineux de saint Pierre à Pie XII, soit les successeurs de Mgr Lefebvre accepteraient finalement le Concile.
Le problème se situe, fondamentalement, au niveau doctrinal.
« Nous n’avons pas la même façon de concevoir la réconciliation. Le cardinal Ratzinger la voit dans le sens de nous réduire, de nous ramener à Vatican II. Nous, nous la voyons comme un retour de Rome à la Tradition. On ne s’entend pas. C’est un dialogue de sourds. Je ne peux pas beaucoup parler d’avenir, car le mien est derrière moi. Mais si je vis encore un peu, et en supposant que d’ici à un certain temps Rome fasse un appel, qu’on veuille nous revoir, reprendre langue, à ce moment-là, c’est moi qui poserai les conditions. Je n’accepterai plus d’être dans la situation où nous nous sommes trouvés lors des colloques. C’est fini. Je poserai la question au plan doctrinal : « Est-ce que vous êtes d’accord avec les grandes encycliques de tous les papes qui vous ont précédés ? Est-ce que vous êtes d’accord avec Quanta cura de Pie IX, Immortale Dei, Libertas praestantissimum de Leon XIII, Pascendi de Pie X, Quas primas de Pie XI, Humani generis de Pie XII ? Est-ce que vous êtes en pleine communion avec ces papes et avec leurs affirmations ? Est-ce que vous acceptez encore le serment antimoderniste ? Est-ce que vous êtes pour le règne social de Notre Seigneur Jésus-Christ ? Si vous n’acceptez pas la doctrine de vos prédécesseurs, il est inutile de parler. Tant que vous n’aurez pas accepté de reformer le Concile, en considérant la doctrine de ces papes qui vous ont précédé, il n’y a pas de dialogue possible. C’est inutile. Les positions seraient ainsi plus claires. Ce n’est pas une petite chose qui nous oppose. Il ne suffit pas qu’on nous dise : ‘Vous pouvez dire la messe ancienne, mais il faut accepter cela [le Concile]’. Non, ce n’est pas que cela [la messe] qui nous oppose, c’est la doctrine. C’est clair. » Mgr Lefebvre, Fideliter n° 66, novembre décembre 1988, pp. 12-13.
« La très sainte Vierge aura la victoire. Elle triomphera de la grande apostasie, fruit du libéralisme. Raison de plus pour ne pas se tourner les pouces. Nous devons lutter plus que jamais pour le règne social de Notre Seigneur Jésus-Christ. Dans ce combat, nous ne sommes pas seuls : nous avons avec nous tous les papes jusqu’à Pie XII inclusivement. Ils ont tous combattu le libéralisme pour en délivrer l’Eglise. Dieu n’a pas permis qu’ils réussissent, mais ce n’est pas une raison pour déposer les armes. Il faut tenir. Il faut bâtir, pendant que les autres démolissent. Il faut rebâtir les citadelles écroulées, reconstruire les bastions de la foi : d’abord le saint sacrifice de la messe de toujours, qui fait les saints, ensuite nos chapelles qui sont nos vraies paroisses, nos monastères, nos familles nombreuses, nos écoles catholiques, nos entreprises fidèles à la doctrine sociale de l’Eglise, nos hommes politiques décidés à faire la politique de Jésus-Christ, c’est tout un tissu de vie sociale chrétienne, de coutumes chrétiennes, qu’il nous faudra restaurer, à l’échelle que Dieu voudra, le temps que Dieu voudra. Tout ce que je sais, la foi nous l’enseigne, c’est que Notre Seigneur Jésus-Christ doit régner ici-bas, maintenant et pas seulement à la fin du monde, comme le voudraient les libéraux [d’ailleurs les libéraux ont repoussé la fête du Christ Roi à la fin de l’année liturgique, signifiant leur pensée que Notre Seigneur ne peut pas régner avant la fin du monde]. Tandis qu’ils détruisent, nous avons le bonheur de reconstruire. Plus grand bonheur encore : des générations de jeunes prêtres participent avec zèle à cette tâche de reconstruction de l’Eglise pour le salut des âmes. Notre Père, que votre règne arrive ! Vive le Christ Roi ! Esprit Saint, remplissez les cœurs de vos fidèles ! O Marie, chez nous, soyez Reine, nous sommes à vous ! »
Mgr Lefebvre, Ils l’ont découronné, fin du chapitre final