Les membres de la Chrétienté, corps politique des chrétiens, appartiennent à plusieurs institutions, qu'il importe de connaître, aimer, susciter, et rescusciter !
La famille, cellule de base de la société, berceau de l'amour des époux et de la vie naissante qui grandit sous le regard bienveillant et l'autorité de ses parents. L'école, lieu du savoir, pour rendre nos coeurs et nos intelligences captives de Notre Seigneur Jésus-Christ.
La cité, commune ou province, patrie locale et lieu témoin de nos premiers jeux, joies, espoirs, déceptions, tristesses, espérances, désirs, soupirs, repentirs, prières...
La patrie aux dimensions de la nation, oeuvre de nos pères et témoin de l'histoire de notre peuple.
La chevalerie, milice chrétienne de défense des pauvres, veuves, orphelins, faibles et démunis face à l'arrogance des puissants sans coeur et des puissances diaboliques des fausses religions et de la contre-église.
La monarchie des royaumes et de l'empire, enfin, puissance sacrée par Dieu pour défendre le saint Evangile, la morale chrétienne, prêter appui et soutien à la sainte Eglise romaine et défendre la justice et le Droit basés sur Dieu.
L'école chrétienne
« Nous savons ce que nous voulons : fils de la Sainte Eglise et nourris par des siècles de civilisations chrétiennes, nous voulons vivre de l’Eglise et travailler à l’édification d’une cité chrétienne – d’une cité qui soit fidèle à l’Eglise et qui se développe sous l’empire des valeurs désintéressées d’honneur, de vérité, de liberté, de justice et de beauté–une cité qui, avec sa technicité elle-même, soit une fleur vivante de la sagesse chrétienne et non pas une construction artificielle de la technique sans âme, » écrit le Père Calmel dans « Ecole chrétienne renouvelée ». Voilà cet idéal auquel nous tendons tous. « Et pour cela, continue-t-il, nous prenons le parti des auteurs, … nous prenons le parti de la philosophie thomiste, et avant cette classe décisive, nous prenons le parti du français, et des langues modernes ou anciennes ; les langues étant étudiées dans un sens de culture plus encore que d’utilité.» Extrait de la Conférence donnée par les Dominicaines enseignantes de Fanjeaux lors du Congrès des familles du MCF à la Martinerie le 9 juillet 2022 sur le thème « Quel idéal pour nos jeunes ? »
Etre catholique et Français
Ma chère Bertille, je te souhaite de cultiver cet esprit de jeunesse chrétienne française. Je termine cette lettre par ces mots du futur Pape Pie XII lors de l’inauguration de la Basilique de sainte Thérèse de Li- sieux, afin qu’ils t’encouragent chaque jour: "Quand je pense au passé de la France, à sa mission, à ses devoirs présents, au rôle qu’elle peut, qu’elle doit jouer dans l’avenir, en un mot, à la vocation de la France… comme je voudrais crier à tous les fils et filles de France : Soyez fidèles à votre traditionnelle vocation ! Jamais heure n’a été plus grave pour vous en imposer les devoirs, jamais heure n’a été plus belle pour y répondre. Ne laissez passer l’heure, ne laissez pas s’étioler des dons que Dieu a adaptés à la mission qu’il vous confie ; ne les gaspillez pas, ne les profanez pas au service de quelque autre idéal trompeur, inconsistant ou moins noble et moins digne de vous !" Anne Foyers ardents n°21
La Chevalerie
Buts
Les rois et les chevaliers (reges et milites) sont une des constantes de l'époque médiévale pour désigner les structures politiques. Boniface VIII (vers 1235 –règne dès 1294 † 1303) dans Unam Sanctam nomme : "empereur, rois, chevaliers", les chevaliers allant du grand feudataire au simple guerrier adoubé. La chevalerie n’a donc pas rôle uniquement « social », mais également « politique » au sens noble. Son but est d'ériger la Chrétienté et la protéger, de gouverner ses subordonnés selon lea loi révélée et le saint Évangile. Son objectif est aussi de rendre un culte public au Christ Roi de l'univers, et enfin de défendre l’Église et le peuple chrétien. Cette oeuvre est commune avec la monarchie, qu'elle soit celle de l'Empire ou royale, toutefois à un autre plan.
La monarchie
La monarchie conférerait à l’Etat des qualités bénéfiques :
unité,
continuité,
indépendance,
responsabilité,
légitimité,
moralité,
représentation.
L'unité, sans laquelle il ne saurait y avoir d‘autorité véritable, est indispensable pour garantir l’indépendance nationale. La monarchie est le régime politique qu'il faut à la France parce que c'est son régime naturel. Le roi fédère autour de sa personne et agrège des populations autour de ce qu'il représente: la nation et la patrie. La France est née catholique et royaliste. La continuité du pouvoir monarchique durant huit siècles contraste avec l’instabilité institutionnelle des deux derniers siècles : des objectifs à long terme peuvent être atteints.
Indépendance : dans la France nouvelle que nous voulons bâtir, les libertés locales, municipales, régionales, professionnelles, ont leur existence reconnue part le roi et peuvent s'administrer à leur niveau. Dégagé des soucis électoraux, le roi est en situation d'être un arbitre.
Responsabilité : les intérêts dynastiques et personnels du Roi se confondent avec les intérêts nationaux.
Légitimité. La monarchie reconnaît Dieu comme la source du pouvoir. C'est un régime politique sain qui s’exerce en vue du seul bien commun, indépendant des groupes d’intérêt et des puissances d’argent. L’Etat royal puise sa légitimité dans l’Histoire et les services qu’il a rendus au pays au cours des siècles.
Moralité. Gouverner ne consiste pas à flatter les passions des peuples, mais à s'appuyer sur leurs vertus" (Le Comte de Chambord, dans son manifeste du 9 octobre 1870). Représentation. La monarchie représente la nation française ; elle a historiquement conduit la nation à son plus haut degré de civilisation. La Monarchie traditionnelle, héréditaire, décentralisée et représentative a fait la France et l’a conduite à son apogée. Le monarque mieux que quiconque représente la France et la France de toujours... L’histoire confirme ces simples vérités historiques.
Les royalistes travaillent donc à changer les institutions politiques. Ayant condamné le régime républicain, ils s’emploient à en débarrasser la nation. Ayant reconnu dans la monarchie la vérité historique de la France, et son régime gouvernemental naturel, ils s’efforcent de la restaurer.
L'Eglise baptise les nations
Après avoir baptisé les personnes et christianisé les familles, l’Église ne put réellement faire valoir le Droit chrétien que lorsque les princes se convertirent. Ce fut en 312 le cas de l’empereur Constantin, qui, l’année suivante, par l’Édit de Milan, donnait à l’Église la liberté d’exercice du culte : le Christ doit régner non seulement sur les âmes à titre individuel, mais aussi sur la société. Après les invasions barbares et la disparition de l’Empire Romain, l’Église chercha à convertir les peuples restés païens. Là encore, après des conversions individuelles, c’est le baptême des chefs politiques qui entraîna, non seulement la christianisation des peuples, mais aussi celle des institutions politiques des nations, ainsi de : – Clovis, roi des Francs, baptisé en 496, avec 3 000 de ses leudes ; – Saint Ethelbert, roi de Kent, baptisé en 597 : il fut immédiatement suivi par 10 000 de ses sujets – Boris, khan des Bulgares en 864, établit la Foi dans tout son pays – Saint Wenceslas, duc de Bohème, il fut martyrisé en 936 – Mieszko, duc de Pologne, baptisé en 966 : il entreprit la conversion de son pays – Saint Wladimir, grand prince de Kiev : baptisé avec tout son peuple en 988 – Saint Olaf, viking baptisé à Rouen vers 1010, puis roi de Norvège – Saint Etienne, duc, puis Roi Apostolique de Hongrie, couronné à Noël de l’an 1000.
Restaurer une autorité catholique ?
"Lorsqu’en effet le royaume et le sacerdoce sont unis par le Seigneur en une heureuse alliance, le premier progresse, le second grandit, l’un et l’autre sont honorés." St Pierre Damien, Disceptatio synodalis inter regis advocatum et Romanæ ecclesiæ defensorem, cité par Marcel Pacaut, La théocratie, Desclée, Paris, 1989, p.57
Ces institutions, étant de tous les temps et de tous les lieux, sont encore actuelles. La victoire de Lépante en 1571 et la levée du siège de Vienne par les Turcs en 1683 sont deux splendides illustrations de la pérennité des croisades.. Les galères de l’Ordre de Malte ont protégé les côtes méditerranéennes de la Chrétienté des mahométans jusqu’à la révolution française. Pie XII a lui-même indiqué dans son message de Noël 1956, à propos de l’invasion de la Hongrie par les soviétiques, qu’il avait songé exhorter à prendre la Croix en armes pour chasser les communistes. Cependant on peut se demander si la quasi-disparition de ces institutions chrétiennes politiques ne correspond pas à la disparition de l'obstacle dont saint Jean parle dans son Apocalypse, cet obstacle qui empêche la venue de l'antéchrist.
Que faire pour restaurer la Chrétienté ?
Il importe pour la France nouvelle de restaurer les institutions qui la composaient lors des époques de foi, comme les organisations professionnelles ou de charité. Elles sont le moyen par excellence d’atteindre le but que l’Église leur a donné, donc bien supérieures à toute simple association ou ligue qui ne serait pas à proprement parler une institution d’Église. Toutefois, gardons comme but ultime ici-bas de rétablir non seulement des institutions sociales et de charité, mais des institutions politiques. Soulignon que si restaurer une monarchie chrétienne est ardu, il est plus facile de reformer une chevalerie et d’adouber des chevaliers selon les principes et la liturgie de l’Église. Ce faisant nous restaurons un corps politique de la Chrétienté, expression et soutien de son développement et de son épanouissement.
Quel avenir politique pour la France ?
En France, la forme de l'Etat, à l'époque récente, a toujours été changée par coup d’état provoquée par une guerre étrangère ou civile, ou au moins par une situation politique extraordinaire : révolution de 1789 suite aux Etats généraux, 18 brumaire, défaites de Napoléon pour la restauration, Trois Glorieuses de 1830 pour la monarchie de Juillet, révolution de 1848 pour la seconde République et le second Empire, guerre de 1870 pour la troisième république, défaite de 1940 pour le gouvernement du Maréchal Pétain et la "Libération" pour la IVe république, guerre d’Algérie et soulèvement du 13 mai 1958 et la Ve république via le Généal Salan et les partisans de l'Algérie française. Saint Thomas d’Aquin parle lui-même du cas où « l’armée exerce le pouvoir ».
C’est ce qui s’est passé en Espagne, où, à l’issue d’une « croisade victorieuse » et de la « Reconquista » du pays, le général Franco a chassé les rouges du pouvoir. Ce fut aussi le cas du Portugal, où l’armée a renversé le pouvoir maçonnique, et mis un terme à la gabegie financière, aux troubles sociaux et aux assassinats politiques, puis appelé le jeune Salazar à prendre les rênes de « l’État nouveau ».
La Prière à Notre-Dame des Chevaliers dit : « Que par l’effet de la divine Miséricorde, la force soit toujours au service du droit, le riche au service du pauvre, le puissant au service du faible et du déshérité »
Comment s’y préparer ?
Les chevaliers doivent donc se préparer à toute éventualité, physiquement, mentalement, intellectuellement et spirituellement. C’est ce que dit la Règle (chapitre II, 4 et chapitre XVI, 4 notamment) dont le prologue avertit : « Il tefaudra devenir un autre homme, un chevalier prêt à soutenir de durs combats pour l’honneur de Dieu, décidé à bâtir un monde chrétien conforme au dessein divin. » Il ne s’agit pas d’une figure de rhétorique, mais d’un programme à prendre à la lettre. Il faut que les chevaliers soient réellement prêts, au moment voulu par Dieu, à mettre en place un régime politique et une « forme » de la société conformes à la doctrine de l’Église et aux besoins de leur pays. Par leur action, ils devront même faire tout ce qui est en leur pouvoir, comme le demande avec véhémence Mgr Lefebvre, pour hâter ce moment. Combien d’occasions manquées parce que les catholiques n’étaient ni prêts, ni compétents, ni formés, ni informés au moment voulu ! Les généraux qui ont pris le pouvoir au Portugal ont eu la chance providentielle de trouver l’homme qu’il fallait au bon moment. En revanche, en France par exemple, le 6 février 1934 s’est terminé par un fiasco complet parce que les chefs n’étaient pas prêts à assumer le pouvoir qu’ils pouvaient prendre très vraisemblablement.