10 Aug
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Source : chanoine Boulanger, La doctrine catholique.


Foi. a) Dans son sens général, la foi c'est la croyance qui repose sur le témoi­gnage. Avoir foi en quelque chose, c'est adhérer, sur le témoignage d'autrui, à une vérité que nous ne pouvons pas vérifier par nous-mêmes. Il suit donc de là que la foi est divine ou humaine selon que le témoignage vient de Dieu ou des hommes. 

b) Dans son sens restreint, et comme nous l'entendons dans cette leçon, ce mot désigne l'une des trois vertus théologales par laquelle nous croyons fermement tout ce que Dieu a révélé et qu'il nous propose à croire par l'Église catholique. 

c) Foi est aussi synonyme de Religion. Renoncer à la foi de ses pères, c'est quitter la religion dans laquelle on a été élevé. 


Foi explicite. Avoir la foi explicite, c'est croire une vérité telle qu'elle a été définie, c'est en avoir une connaissance claire et distincte : par exemple, croire explicitement au Mystère de la Sainte Trinité, c'est croire qu'il y a en Dieu une nature et trois Personnes. 

Foi implicite. Elle consiste à croire une chose, non dans ses propres termes, mais en tant qu'elle est impliqués dans la croyance explicite à une autre chose par exemple, celui qui croit explicitement ce qu'enseigne l'Église catholique, croit implicitement tous les dogmes qu'elle a définis : la Sainte Trinité, l'In­carnation, la Rédemption, l'Immaculée Conception, etc. - Telle est la foi du charbonnier, qui croit explicitement à l'enseignement de l'Église sans avoir une connaissance distincte de tous les dogmes qu'elle a définis. 


Nécessité de moyen. Nécessité de précepte. 

Une chose peut être né­cessaire au salut de deux façons : - a) ou bien comme moyen sans lequel il est im­possible d'aller au Ciel : ainsi, la grâce est nécessaire de nécessité de moyen ; - b) ou bien par suite d'un précepte divin, en sorte que celui qui le transgresse perd son âme à cause de sa désobéis­sance. 


I. La Foi. 

Définition. - La foi est une vertu surnaturelle par laquelle nous croyons fermement toutes les vérités que Dieu a révélées, non pour en avoir perçu par la lumière naturelle de la raison, la vérité intrinsèque, mais sur l'autorité de Dieu même qui révèle et qui ne peut ni se tromper ni nous tromper (voir Const. de Fide, c.3). Nous allons déterminer, d'après cette définition, la nature, l'objet, le motif et les qualités de la foi. 

Nature de la Foi. - La foi est une « vertu surnaturelle ». Elle est : 

a) une vertu, c'est-à-dire une disposition de l'âme qui nous porte à faire des actes de foi; 

b) surnaturelle. La foi est surnaturelle : 

1. par son principe; elle suppose, en effet, le concours de la grâce et nous est infuse dans l'âme par le Baptême; 

2. par son objet, qui comprend toutes les vérités révélées;

3. par son motif, qui est l'autorité de Dieu. 

Considérée comme vertu théologale, et telle que nous venons de la défi­nir, la foi s'appelle foi habituelle. Quand elle se traduit par un acte, soit explicite, soit implicite (Vocabulaire), elle s'appelle foi actuelle. Objet2 de la Foi. Foi divine et Foi catholique. - Par la foi nous croyons toutes les vérités que Dieu a révélées. L'objet de la foi, c'est donc toute la Révélation divine. Bien que l'objet de la foi comprenne toute la Révélation, il y a lieu cependant d'établir une distinction entre l'ensemble des vérités qui ont été révélées par Dieu et les vérités particulières que l'Église nous enseigne en son nom. a) La FOI DIVINE est celle qui a pour objet l'ensemble des vérités révélées par Dieu. Pour qu'une vérité soit de foi divine, il suffit donc que nous soyons certains de sa révélation. Ainsi, un théologien sagace peut acquérir la certitude qu'une vérité est contenue dans la Révélation divine, quoique l'Église ne l'ait pas proposée à notre croyance et que d'autres théologiens soient libres de la nier sans être taxés d'hérésie. : par exemple, l'Assomption de la Sainte Vierge. b) La FOI CATHOLIQUE est celle qui a pour objet les vérités révé­lées par Dieu et enseignées par l'Église, auxquelles on donne le nom de dogmes, vérités ou articles de foi. Pour qu'une vérité soit de foi catholique, la proposition de l'Église est une condition nécessaire. La foi catholique comprend donc tous les dogmes proposés à notre croyance par l'autorité infaillible de l'Église, c'est-à-dire toutes les vérités définies solennellement par les papes et les conciles géné­raux, et toutes les vérités enseignées comme révélées par le magistère ordinaire de l'Église. Les théologiens distinguent en outre la foi ecclésiastique. Celle-ci a pour objet les jugements de l'Église portant sur des vérités qui, sans appartenir à la Révélation, sont connexes aux vérités révélées et soumises par consé­quent au magistère ecclésiastique : tels sont les faits dogmatiques et les conclusions théologiques (voir Nos 16 et 133, 1er fascicule). Conclusions. - De ce qui précède, il est permis de tirer les conclusions suivantes : - 1. L'objet de la foi divine a un domaine plus vaste que l'objet de la foi catholique. La foi catholique est toujours foi divine, mais toute vérité de foi divine n'est pas, par le fait, vérité de foi catholique. Ainsi l'Assomption de la Sainte Vierge peut être considérée dans l'Église comme de foi divine ; elle n'est pas de foi catholique, puisqu'elle n'a pas été définie comme article de foi. - 2. La foi catholique est sujette à un certain développement. L'Église ne propose les vérités révélées à notre croyance qu'au fur et à mesure qu'elle le juge opportun. Ce développement de la foi catholique a été appelé improprement « l'évolution du dogme ». Nous avons déjà dit dans quel sens cette expression devait être entendue pour ne pas être fausse (voir N° 18, le1 fascicule). Motif3 de la Foi. - Par la foi, nous croyons les vérités révélées « non pour en avoir perçu par la lumière de la raison la vérité intrinsèque, mais sur l'autorité de Dieu même qui nous les révèle et qui ne peut ni se tromper ni nous tromper». Le motif qui nous fait admettre une chose comme vraie, peut être triple. - a) Ou bien la chose est évidente : tout le monde reconnaît, par exemple, que « la partie est plus petite que le tout ». - b) Ou bien la chose peut être vérifiée par l'expérience ou démontrée par le raisonnement : tel est le cas de toutes les lois physiques et des théorèmes de géométrie. - c) Enfin nous pouvons connaître une chose par le témoignage d'autrui. Il serait tout à fait ridicule et déraisonnable de n'admettre comme vrai que ce qui est évident et ce qui peut être constaté expérimentalement ou logiquement démontré. S'il en était ainsi, il faudrait supprimer l'histoire : car comment établir l'existence de César, de saint Louis, de Jeanne d'Arc, de Napo­léon, etc., par d'autres preuves que le témoignage ? Le motif de la foi, ce n'est ni l'évidence ni la vérification possible des vérités qui nous sont enseignées, c'est le témoignage ou, comme dit Ie Concile du Vatican, l'autorité de Dieu. Tout acte de foi peut donc se for­muler ainsi : je le crois parce que Dieu l'a révélé et que Dieu est la vérité souveraine, incapable de se tromper et de nous tromper. L'acte de foi suppose par conséquent comme établi le fait même de la révélation. Il est évident qu'on ne peut croire à une personne que si on est certain aupara­vant que cette personne a parlé.

Qualités de la foi. - Par la foi nous croyons fermement toutes les vérités que Dieu a révélées. La foi doit donc être : - a) ferme. La certi­tude qu'engendre la foi dans notre esprit exclut l'hésitation et le doute : elle dépasse toute autre certitude produite par les témoignages humains, vu qu'elle s'appuie sur la parole de Dieu, qui mérite une créance absolue ; - b) entière: nous devons croire toutes les vérités révélées que l'Église propose à notre croyance sans en excepter une seule ; - c) éclairée: il faut croire ce qu'il faut et comme il faut; - d) vivante ou agissante. «De même que le corps sans âme est mort, ainsi la foi sans les oeuvres est morte n’est-il dit dans l'Epître de saint Jacques (II, 26). La foi doit donc influer sur tous les actes de notre vie et diriger toute notre conduite : seuls ceux qui ont de fortes convictions, le véritable esprit de foi, c'est-à­-dire qui conforment leurs actes à leurs croyances, sont capables de grandes choses. 


282. - II. Analyse de l'acte de foi. Dispositions requises pour acquérir la foi. Analyse de l'acte de foi. - La foi suppose en nous un triple concours ; le concours de l'intelligence, de la volonté et de la grâce. A. CONCOURS DE L'INTELLIGENCE. - L'acte de foi étant un assentiment de l'esprit à une vérité révélée par Dieu, il s'ensuit qu'il est, avant tout, un acte de l'intelligence. Or le rôle de l'esprit par rapport à l'acte de foi peut être considéré à un double moment : avant l'acte de foi et dans l'acte de foi. - a) Avant l'acte de foi. Le motif de la foi étant l'autorité du témoignage divin, il faut donc, pour croire, s'assurer d'abord que Dieu a parlé. Par conséquent, le premier travail de l'intelligence consiste à étudier les preuves qui démontrent le fait de la révélation, autrement dit, les motifs de croire, ou motifs de crédibilité, qui nous déterminent à croire à l'existence de la révélation. Il appartient à l'Apologétique de faire ce travail préliminaire et de mettre en lumière, à l'aide de la raison seule, les motifs de crédibilité, dont les prin­cipaux sont : les miracles et les prophéties, « signes très certains de la Révélation divine » et l'Église catholique qui « par son admirable propagation, sa sainteté émi­nente... est elle-même un grand et perpétuel motif de crédibilité » (conc, du Vatican, const de Fide, c. 3). - b) Dans l'acte de foi, l'esprit, déterminé par les motifs de croire à admettre que Dieu a parlé aux hommes et que sa parole nous est transmise par l'Église, adhère à l'objet de la foi, à cause de la véracité divine (motif de la foi) : il croit donc les vérités révélées, non parce qu'elles lui apparaissent évidentes en elles-­mêmes, mais parce que, ayant acquis la certitude que Dieu les a révélées, il juge qu'elles sont dignes d'être crues. On le voit, il ne faut pas confondre les motifs de croire avec le motif de la foi: les premiers sont antérieurs à l'acte de foi, le second lui est concomitant. B. CONCOURS DE LA VOLONTÉ. - L'acte de foi est libre. De foi, conc. du Vatican, sess. III, chap. III, can. 5. Même quand l'intelligence a acquis la certitude que le fait de la révélation doit être raisonnablement admis, l'acte de foi exige le concours de la volonté, pour deux raisons: - a) parce que l'homme peut résister à la grâce qui le sollicite ; et - b) parce que, d'une part, les motifs de crédibilité, quoique suffisant à engendrer la certitude, peuvent laisser subsister le doute dans une âme mal disposée, et parce que, d'autre part, l'objet de la foi est enveloppé de mystère. Pour que l'esprit s'incline, il faut vouloir et aimer la vérité, quelle que soit l'obscurité de son contenu, et quelque opposition qu'il y ait entre le bien qu'elle prescrit et les inclinations du mur. La volonté est donc requise pour déterminer l'intelligence à l'acte de foi, et nous pou­vons conclure, avec saint AUGUSTIN, que « l'homme ne peut croire sans le vouloir » ou, avec PASCAL, que « la volonté est un des principaux organes de la créance ». C. CONCOURS DE LA GRÂCE. - La foi, - vertu ou acte, - est surnaturelle, c'est-à-dire exige le concours de la grâce. De foi, conc. du Vatican. La grâce est nécessaire pour une triple raison : - a) pour illuminer et diriger notre esprit, afin qu'il écarte les erreurs et les préjugés qui pourraient l'empêcher de recon­naître le fait de la Révélation et d'adhérer aux vérités qu'elle contient, car, comme il a été dit plus haut, la foi exige notre assentiment à des vérités qui, loin d'être évidentes, dépassent notre intelligence ; - b) pour purifier et fortifier la volonté. Il faut que la grâce incline le cœur à accepter des vérités qui répugnent à ses passions. L'acte de foi, en effet, n'est pas seulement théorique : la vérité religieuse comporte non seulement une doctrine, mais une morale, c'est-à-dire une somme de devoirs qui coûtent des sacrifices à la nature humaine. - e) La grâce est encore nécessaire parce que la foi nous transporte sur le terrain du surnaturel et que sans la grâce il n'y aurait pas adaptation entre l'être qui connaît et l'objet de sa connaissance. « Entre la vérité première et notre esprit il n'y a pas de proportion. Ce sont deux mondes qu'un abîme sépare, qui resteront fatalement, éternellement étrangers l'un à l'autre, à moins qu'une puissance infinie n'établisse un pont qui leur permettra de se rejoin­dre. La foi est une énergie surnaturelle, elle ne peut donc trouver son principe dans la nature, or, au delà et au-dessus de la nature, il n'y a que Dieu et c'est à lui qu'elle devra son existence. » (P. JANVIER, Car. 1912. 1er Conf. « La foi »). Dispositions préliminaires. - La foi est un don précieux, vu que le salut se fait «par la grâce au moyen de la foi ». (Eph., II, 8). Il importe donc au plus haut point de savoir comment nous pouvons l'ob­tenir. Les dispositions requises sont : - a) l'humilité. La raison doit recon­naître qu'elle est impuissante à tout comprendre et à tout expliquer. Malheureusement les hommes préfèrent trop souvent, comme dit saint AUGUSTIN, leur vérité à la vérité ;- b) la mortification des passions. La volonté vient difficilement à la foi si elle n'est pas accompagnée d'un cœur pur ; - c) la prière. La foi est avant tout l’œuvre de la grâce. Or la grâce, quoique don gratuit de Dieu, s'obtient par la prière. Quand ces trois conditions essentielles ont été remplies, la raison est en état d'étudier les motifs de crédibilité qui établissent le fait de la révé­lation4. 283. - III. Les rapports de la foi et de la raison. Les erreurs. - Comme nous l'avons vu par l'analyse de l'acte de foi, il y a entre la foi et la raison des rapports étroits. Avant de les établir d'une manière plus précise, selon la doctrine catholique, il convient de signaler les erreurs principales qui ont été commises sur ce point. A. Les fidéistes (HUET, BAUTAIN), les traditionalistes (DE BONALD, J. DE MAISTRE) voulant démontrer la nécessité de la révélation, ont cru se faire les apologistes de la foi en rabaissant le pouvoir de la raison et en prétendant que cette dernière est inca­pable d'arriver seule à la connaissance des vérités morales et religieuses. B. Les rationalistes, allant à l'autre extrême, ne reconnaissent de vrai que ce qui peut être démontré tel par la raison. Rejetant a priori le miracle et tout ce que les Livres Saints contiennent de merveilleux, ils concluent à l'impossibilité et à la non­ existence de la révélation, jugeant par ailleurs qu'elle est inutile et que la raison se suffit à elle-même, sans que nous ayons besoin de recourir à une autre source de con­naissance. C. Les modernistes (LOISY, LE Roy, etc.) professent que la foi est née du sentiment religieux dont l'homme éprouve comme le besoin. La révélation est, à leur point de vue, une intervention de Dieu dans le cœur humain : c'est Dieu qui agit en nous, qui nous parle, qui satisfait ainsi notre besoin et notre sens religieux ; mais il faut noter que cette intervention est tout immanente, c'est-à-dire qu'elle s'opère au fond de nous-mêmes et qu'il n'est pas possible de déterminer jusqu'à quel point la vérité reli­gieuse, qui se trouve ainsi éveillée dan notre conscience, correspond à une réalité objective. Au surplus, la foi et la science, acquise par le raisonnement et l'expérience, ont, d'après les modernistes, des objets totalement différents. Aucun conflit ne saurait donc s'élever entre elles, mais à condition que la foi soit assujettie à la science, qu'elle en subisse le contrôle, que son évolution soit subordonnée à l'évolution intel­lectuelle et scientifique, et que la foi ne contredise jamais la conception générale que la science se fait de l'univers. Ainsi, d'une part, « liberté totale de la science devant la foi ; de l'autre, asservissement de la foi à la science » (Voir Saint Pie X, Encyclique Pascendi). La doctrine catholique. – A. Contre les fidéistes et les traditionalistes, la doc­trine catholique affirme que la foi, loin de remplacer la raison, la suppose. Avant l'acte de foi, la raison, dit le Concile du Vatican, « démontre les fondements de la foi », c'est-à-dire l'existence de Dieu, ses attributs (entre autres, sa véracité), la possibilité et l'existence de la Révélation. Après l'acte de foi, elle explore les vérités révélées et les défend contre ceux qui les combattent. B. Contre les rationalistes, la doctrine catholique établit :- a) que la raison n'est pas la seule source de la connaissance humaine et que la foi nous élève à un ordre de science autre que celui de la raison, et plus élevé ; - b) que, tendant toutes deux au vrai par des voies différentes, elles ne sont pas opposées l'une à l'autre. La foi n'est nullement l'ennemie de la science, et s'il y a parfois entre elles contradiction appa­rente, elle provient, soit de la faute de certains théologiens qui vont trop loin et pré­tendent qu'une conclusion est de foi quand elle ne l'est pas, soit de la faute des scientifiques qui présentent des hypothèses contraires à la Sainte Écriture comme des données certaines de la science. Par ailleurs, si la foi propose à notre esprit des vérités que la raison ne saurait comprendre, elle n'enseigne jamais des choses absurdes et en contradiction avec elle. C. Contre les modernistes, la doctrine catholique professe que la foi n'est pas un produit de l'expérience individuelle et que Dieu nous a donné des signes extérieurs (miracles et prophéties) qui nous permettent de reconnaître le fait de la révélation. Elle fait remarquer en outre que la thèse moderniste aboutit aux plus graves consé­quences. En faisant de la foi le résultat de l'expérience individuelle, les modernistes - a) ouvrent la voie à l'athéisme puisque ceux qui n'éprouvent pas le besoin et le sentiment religieux ne sauraient être condamnés de ce que Dieu ne se fait pas sentir en eux, et - b) mettent toutes les religions au même niveau, vu que toutes les religions nous fournissent des expériences de ce genre. Quant aux rapports entre la foi et la science, nous venons de dire, à propos des rationalistes, comment il fallait les comprendre. 284. - IV. Nécessité de la Foi. Les vérités qu'il faut croire. Nécessité de la foi. - La foi est un moyen nécessaire au salut. Art. de foi, défini par le concile de Trente. qui dit, sess. VI, ch, VIII, que la foi est « le fondement et la racine de la justification ». Cependant il y a lieu de distinguer entre la vertu et l'acte de foi. A. LA VERTU DE FOI est nécessaire de nécessité de moyen. En effet, personne ne peut se sauver sana la grâce de la justification. Or la grâce implique l'infusion des vertus de foi, d'espérance et de charité. B. L'ACTE DE FOI est de nécessité à la fois de moyen et de précepte pour les adultes. Tandis que la foi habituelle ou vertu de foi, infuse avec la grâce de la justification reçue au Baptême, suffit aux enfants et à ceux qui n'ont jamais ou l'usage de la raison, l'acte de foi est nécessaire pour les adultes qui ont l'usage de la raison : cela ressort de nombreux textes de la Sainte Écriture, dont voici les principaux : « celui qui ne croit pas, dit Notre-Seigneur, sera condamné. » (Marc, XVI, 16). « Crois au Seigneur Jésus et tu seras sauvé. » (Act., XVI, 31.) « L'homme est justifié non par les oeuvres de la Loi, mais par la foi dans le Christ Jésus. » (Gal., II, 16.) « Sans la foi, il est impossible de plaire à Dieu. »(Héb., XI, 6.) La néces­sité de l'acte de foi une fois établie, il s'agit de déterminer les vérités qu'il faut croire. Vérités qu'il faut croire. - Pour croire explicitement une vérité, il faut savoir qu elle fait partie des vérités révélées. Comme cette connais­sance varie avec le degré d'instruction, il s'ensuit que l'obligation de la foi explicite diffère quant aux personnes et quant aux vérités à croire. a) Pour l'infidèle, le minimum requis est qu'il ait la foi explicite en un Dieu rémunérateur; il faut, dit Saint PAUL, « qu'il croie que Dieu existe et qu'il est le rémunérateur de ceux qui le cherchent » (Héb., XI, 6). - b) Quant au fidèle, outre la foi explicite en un Dieu rémunérateur et la foi implicite à toutes les vérités révélées par Dieu et enseignées par l'Église, il doit croire aux trois mystères de la Sainte Trinité, de l'Incarnation et de la Rédemption : c'est là le minimum requis, donc absolument nécessaire au salut. Outre ce minimum, tout chrétien, placé dans les conditions ordinaires de la vie, est tenu, de nécessité de précepte, à connaître, au moins quant à la substance; - 1) le Symbole des Apôtres, - 2) les principaux préceptes du Décalogue, - 3) l'Oraison Dominicale. - 4) les sacrements nécessaires à tous : le Baptême, la Pénitence et l'Eucharistie. 285. - V. Les devoirs qui découlent de la Foi. A. Il y a précepte divin de faire des actes de foi intérieurs : - a) à l'âge de raison, - b) dans les tentations contre les vérités religieuses ou après les péchés contre la foi, - e) quand nous recevons quelque sacrement, - d) quelquefois dans l'année, et surtout dans le péril de mort. Faire un acte de foi intérieur ne veut pas dire qu'il soit nécessaire de réciter une formule spéciale : la récitation du Credo, de l'Oraison domi­nicale ; d'une prière quelconque constituent autant d'actes de foi. B. Il y a obligation aussi de faire parfois des actes de foi extérieurs. Cette obligation découle des paroles de Notre-Seigneur: « Celui qui m'aura confessé devant les hommes, moi aussi je le confesserai devant mon Père qui est dans les cieux ; et celui qui m'aura renié devant les hommes, moi aussi je le renierai devant mon Père qui est dans les cieux. »(Mat., X, 32, 33.) Le précepte est donc à la fois affirmatif et négatif. a) En tant qu'affirmatif, le précepte nous oblige à professer publiquement notre foi : 1) quand la chose nous est prescrite par un comman­dement, comme l'assistance à la messe et l'accomplissement du devoir pascal ; 2) quand le silence et l'abstention équivaudraient au reniement. b) En tant que négatif, il nous défend de renier notre foi, même devant le péril de mort. Toutefois, ce n'est pas abjurer sa foi que de se cacher ou de fuir la persécution, à moins que la fuite ne soit regardée comme une apostasie et ne cause, de ce fait, un grave scandale. Il est défendu de prendre part aux rites d'un culte dissident, par exem­ple, de recevoir la bénédiction nuptiale d'un ministre protestant. L'assis­tance aux cérémonies d'une religion dissidente, - aux funérailles, aux mariages ou à tout autre office, - n'est permise que pour des raisons de convenances sociales, ou dans le cas où l'assistance est purement matérielle, sans participation aucune et sans danger de scandale. A plus forte raison ne doit-on pas assister à un enterrement civil de caractère antireligieux, exception faite pour les employés des pompes funèbres et les proches parents qui ne peuvent s'en abstenir. 286. - VI. Les pêchés contre la Foi. Leur gravité. Péchés. - On peut pécher contre la foi : par omission et par action. A) On pèche par OMISSION: - a) par indifférentisme, quand on ne prend pas la peine d'étudier les vérités qu'il faut savoir, quand on estime que toutes les religions sont également bonnes, ou mieux, également fausses, et que dès lors, il est indifférent de pratiquer plutôt l'une que l'autre, ou - b) par respect humain, quand on craint de montrer sa foi. « Celui qui rougit de moi, dit Notre-Seigneur, et qui m'aura renié devant les hommes, moi aussi je le renierai devant mon Père qui est dans les cieux. » (Mat., X, 33 ; Luc, IX, 26). B. On pèche par ACTION: - a) par hérésie, quand on professe une doctrine qu'on sait hérétique. Si l'hérétique est inconscient de son erreur, sa faute n'est que matérielle. Les protestants, les juifs, les mahométans, les païens qui pratiquent sincèrement leur religion, sont hérétiques sans le savoir, - hérétiques matériellement, mais non formellement, - et peuvent appartenir à l'âme de l'Église (Fasc. I, No130); - b) par apos­tasie, qui est la négation totale de la foi chrétienne reçue au Baptême. L'apostat diffère de l'hérétique on ce qu'il rejette tout, tandis que l'hé­rétique ne nie qu'un ou plusieurs articles de foi. Les libres penseurs, les athées, les positivistes, les matérialistes, les rationalistes, qui ont renié la foi de leur Baptême, doivent être rangés parmi les apostats. Parmi les adversaires les plus dangereux de la Religion, il convient de signaler les francs-maçons qui se proposent pour but de détruire la foi catholique. Pour atteindre cette fin, ils opposent la philanthropie à la charité, se disent les défenseurs des ouvriers quand ils n'en sont que les exploiteurs, et ils veulent remplacer toutes les écoles chrétiennes par des écoles neutres qui se désintéressent de la religion ou la combattent. On pèche encore contre la foi :- c) quand on doute volontairement. Les difficultés qui se présentent à l'esprit dans la recherche de la vérité ne doivent pas être confondues avec le doute volontaire ; - d) quand on s'expose par de mauvaises fréquentations et la lecture de livres impies à perdre ou à affaiblir sa foi ; - e) à plus forte raison, quand on étale ses doutes dans des livres, des revues, des journaux, ou des conférences publiques. Gravité des péchés contre la foi. - Les péchés contre la foi sont graves de leur nature ; mais il va de soi que leur gravité dépend de celle de la matière. On doit considérer comme matières graves non seu­lement l'apostasie qui rejette la foi chrétienne soit par des paroles for­melles soit par des actes équivalents et l'hérésie qui nie un ou plusieurs dogmes, mais même le fait de soutenir une opinion censurée5 par l'Église comme proche de l'hérésie ou suspecte d'hérésie, ou erronée ou sim­plement téméraire. Conclusion pratique. 1 Remercier Dieu de nous avoir fait don du grand bienfait de la foi. 2 Fortifier la foi en nous par la prière, l'étude de la religion, la lecture de la Sainte Écriture. 3 Ne jamais lire les livres qui la combattent. 4 Manifester notre foi par la pratique des bonnes oeuvres, par l'aumône et les oeuvres de miséricorde, la proclamer devant nos ennemis et la pro­pager chez ceux qui ne l'ont pas. LECTURES. - 1 La foi d'Abraham. (Genèse, XXII). 2 La foi du Centenier (Mat., VIII), de la Cananéenne. (Mat., XV). 3 L'aveugle guéri par Notre-Seigneur proclame sa foi malgré la colère des prêtres juifs. (Jean, IX, 1-39). 4 Volney, célèbre incrédule, se trouvant un jour à bord d'un navire pendant une violente tempête, se mit à prier. - Grand étonnement des passagers. - A la fin, l'un d'entre eux l'aborda et se permit de lui exprimer sa surprise : « Mon ami répondit l'impie, on est incrédule dans son cabinet de travail, mais pas dans un naufrage. » 1 Le mot nature veut dire ici l'ordre auquel la vertu appartient. Les vertus sont en effet d'ordre naturel ou surnaturel. (V. N° 274).
2 L'objet c'est ce dont une vertu s'occupe. Ainsi la Foi s'occupe des vérités révé­lées ; l'Espérance, de la béatitude du ciel ; et la Charité, de Dieu et du prochain.
3 Le motif (du latin « moveo » mouvoir) est la raison qui agit sur nos facultés et nous pousse soit à croire (Foi), soit à espérer (Espérance), soit à aimer (Charité).
4 La vertu de foi, infuse dans l'âme au Baptême, rend capable de produire des actes de foi. Cependant il ne faudrait pas conclure de là que l'enfant produira spontanément des actes de foi aussitôt qu'il aura l'âge de raison. Il faut au contraire que les vérités qu'il doit croire lui soient proposées et que les motifs de crédibilité soient mis à sa portée, qu'ils viennent éclairer son esprit et déterminent sa volonté. Mais, - et c'est ici ce qui établit la différence entre le baptisé et celui qui ne l'est pas, - tandis que l'acte de foi est simplement l'effet de la grâce actuelle pour celui qui n'a pas encore reçu la grâce de la justification, il provient, pour le baptisé, non seulement de la grâce actuelle, mais encore de la grâce habituelle qui a été déposée dans son âme par le sacrement de Baptême.
5 Censures doctrinales. - On appelle censure doctrinale, un jugement porté par l'Église sur une doctrine plus ou moins opposée à une vérité définie ou regardée comme certaine. Une proposition est dite : - 1. Hérétique, quand elle s'oppose à un dogme, c'est-à-dire à une vérité définie : dire, par exemple, que le pape n'est pas infaillible ;­ 2. proche de l'hérésie, quand elle s'oppose à une doctrine proche de la foi, c'est-à-dire à une vérité que tous les théologiens tiennent pour révélée, sans qu'elle soit encore défi­nie : exemple, l'Immaculée Conception avant la définition de Pie IX, en 1854 ;- 3. sus­pecte d'hérésie, quand elle est équivoque et peut être entendue dans le sens catholique et dans le sens hérétique, ce dernier sens toutefois étant plus courant : dire, par exemple, que « la foi justifie », expression généralement entendue dans le sens protestant ; 4. erronée, quand elle s'oppose à une vérité certaine, quoique non définie : dire, par exemple, que Pie XI n'est pas le pape légitime ; - 5. téméraire, quand elle s'oppose à la doctrine communément reçue : dire, par exemple, que la Sainte Vierge n'a pas été la seule femme qui ait été exempte du péché originel.

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