18 Aug
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De la théorie dialectique de Karl Marx sortiront plusieurs écoles et plusieurs méthodes : trotskyste, léniniste, stalinienne, maoïste, fabienne, etc. 

Le socialisme fabien lui-même, né en Angleterre en 1884 et en principe non-violent, a un but parfaitement identique à celui des autres socialismes : la Révolution, qu’elle se fasse dans le sang ou en douceur. Pourquoi en douceur ? Parce qu’un certain nombre de révolutions violentes ont échoué. Ainsi la Révolution faillit avorter en Russie et ne fut sauvée que grâce à l’appui financier judéo-américain. Elle échoua en Hongrie où, en 1919, Bela Kun ne put maintenir un régime communiste que pendant 133 jours. Elle échoua en Allemagne : la Ligue spartakiste, fondée en 1916 par Karl Liebknecht et Rosa Luxemburg organisa une insurrection à Berlin en 1919, qui fut durement réprimée. Elle échoua en Italie, où partis et syndicats communistes furent mis en déroute par l’ex-socialiste Mussolini. 

Vers quelles alternatives les marxistes se tournèrent-ils alors ? Devant ces échecs, ils chercheront à mettre en place une révolution par « infiltration », par « subversion » ou par « pourrissement ». Déjà Joseph de Maistre l’avait prévu : Jusqu’à présent, les nations ont été tuées par la conquête, c’est-à-dire par voie de pénétration ; mais il se présente ici une grande question : une nation peut-elle mourir sur son propre sol, sans transplantation, ni pénétration, uniquement par voie de putréfaction, en laissant parvenir la corruption jusqu’au point central, et jusqu’aux principes originaux et constitutifs qui font ce qu’elle est ? (Cité par Arnaud DE LASSUS, La Genèse de la Révolution culturelle, l’École de Francfort, Action Familiale et Scolaire, Paris, juillet 2001, p. 4.) 

Cette technique sera aussi prônée par les sectes, comme la Haute Vente, dont l’un des membres, Vindice écrivait : « Faites des cœurs vicieux et vous n’aurez plus de catholiques ». Comment fut mise au point la méthode de cette Révolution culturelle ? Une réunion fut organisée fin 1922 à l’initiative de Lénine (1870-1924), à l’Institut Marx-Engels de Moscou. Elle précisa le concept de « Révolution culturelle ». Y participaient notamment Willi Münzenberg (1889-1940) et le juif Georg Lukacs (1885-1971). Ralph de Toledano (1916-2007) écrit : Une stratégie qui pourrait entraîner une telle désintégration, une telle corruption, une telle érosion de l’Ouest, autrement dit la Révolution culturelle, pourrait seule créer les conditions préalables de la révolution communiste. [...] L’obstacle, c’est la Civilisation occidentale elle-même et la culture qu’elle engendre. [...] La Civilisation occidentale a beaucoup de places fortes qui constituent autant d’obstacles : la morale qui découle de la religion, la famille, l’attention au passé comme guide pour l’avenir, la maîtrise des instincts primaires de l’homme, et une organisation sociale et politique qui garantit la liberté sans inviter à la licence. Et, de tous les obstacles, les deux plus grands sont Dieu immanent et la famille. 

Quelle technique utiliser ? 1ère idée-clef : agir sur et par les intellectuels. 2e idée-clef : exploiter l’instinct sexuel, grâce aux théories de Freud. Willy Munzenberg déclare : « Nous devons organiser les intellectuels et les utiliser pour pourrir l’Occident. Quand ils auront corrompu toutes ses valeurs, alors seulement nous pourrons imposer la dictature du prolétariat ». Et Ralph de Toledano d’ajouter : Münzenberg et Lucaks savaient que les sociétés et les civilisations ne progressent pas par des mouvements de masse. La révolution bolchevique ne s’était pas produite à cause des manifestations de masse, mais par suite de la désintégration du Tsarisme, de la transformation de la classe dirigeante : celle-ci s’était laissé corrompre, avait perdu confiance en elle-même, n’avait plus la volonté de garder le pouvoir. Le journal de Lénine l’Iskra, qui avait été l’instrument de la démolition du régime impérial, avait une diffusion de 3000 exemplaires, tous destinés à des intellectuels. [...] Le début de l’avilissement de la conception des instincts sexuels de l’homme avait été amorcé par Freud. [...] Le sexe, le domaine le plus explosif de la psyché humaine, devait être déchaîné. [...] Un amalgame de néo-freudisme et de néo- marxisme devait détruire les défenses du fragile système immunitaire de la Civilisation occidentale. 

Avec quelle organisation ? A Francfort, centre principal de la finance juive en Allemagne (Rothschild, Shiff, Speyer, Stern, etc.) est fondé en 1923 un « Institut pour le Marxisme », qui prit vite une étiquette plus neutre : « Institut pour la recherche sociale ». Il est communément appelé l’École de Francfort. Ses idées directrices furent empruntées à Georg Lukacs, et l’arrivée d’Herbert Marcuse (1898-1979) lui fit adopter une conception dialectique plutôt que mécanique du Marxisme, c’est-à-dire plus proche des idées de Trotsky que du monolithisme stalinien. Mais, en 1933, Hitler arrive au pouvoir et l’institut quitte l’Allemagne : Ses membres avaient joué un rôle prépondérant dans la décadence culturelle qui favorisait l’émergence des Nazis ; et, après un bref séjour en Suisse, elle s’installa aux États-Unis. Grâce à l’Université de Columbia, à l’Université de Princeton, grâce à la London School of Economics et à la Fabian Society britannique, grâce encore à l’expert en subversion pédagogique John Dewey, aux fondations de la famille Rockefeller [Steiner de son vrai nom, paraît-il] et à d’autres, des figures marquantes de l’École de Francfort reçurent des postes clefs au sein des universités américaines. 

L’Université de Columbia devint « la patrie américaine » officielle de l’École de Francfort.

Quels champs d’activité choisit-elle ? Ils furent multiples. Parlons pour commencer du domaine musical. A l’Université de Princeton, un membre de l’École, Paul Lazarfeld, mena le Projet d’Études sur la Radio, financé par les fondations Rockefeller et l’armée américaine. Theodor Adorno, un des chefs de file de l’École de Francfort, obtint la chaire du département d’Études Musicales sous la direction de Lazarfeld, où il écrivit, pendant les années 30 et 40, sur l’intérêt que présentait la diffusion massive de musique atonale et d’autres formes de musiques pour détruire la société. Adorno préconisa l’utilisation de formes musicales dégénérées pour développer des maladies mentales, y compris la nécrophilie, à grande échelle. Il écrivit d’autre part qu’il était possible d’abattre les États-Unis en utilisant la radio et la télévision pour développer une culture de pessimisme, de désespoir et de haine de soi. 

Autre domaine d'action : la lutte contre les « préjugés ». Au début des années 40, l’American Jewish Committee engagea Horkheimer et Adorno, ainsi qu’une majorité de réfugiés de l’École de Francfort : pendant dix ans, ils devaient diriger des groupes d’Études sur les Préjugés, qui élaborèrent cinq ouvrages clefs, qui traînaient dans la boue la moralité de l’Amérique d’après-guerre : parce qu’ils croyaient encore en Dieu, vénéraient la patrie et la famille, les Américains étaient soi-disant mûrs pour un régime autoritaire fasciste. Pour eux croire en Dieu était fasciste. C’est la genèse du « politiquement correct » : pas de préjugés, pas de discrimination. 

Un autre champ propice à l'action diabolique de ces pervers: la révolution culturelle par le film et la télévision. Des figures marquantes de l’École de Francfort, parmi lesquelles Adorno, Max Horkheimer, étaient parties pour Hollywood rejoindre Aldous Huxley, Christopher Isherwood, Igor Stravisly et Alexander Korda : ensemble ils ouvrirent la voie à « l’industrie de la culture de masse » utilisée comme véhicule d’une subversion culturelle à grande échelle, ils firent progresser le projet de « Pessimisme culturel ». Ce n’est pas une coïncidence si Korda était un ancien membre du Ministère de la Culture et de l’Éducation hongrois, ayant servi sous le gouvernement bolchevique de Bela Kun, et ayant été placé directement sous les ordres de Lukacs, fondateur de l’École de Francfort et espion haut gradé du Komintern. Les Anglais, Huxley et Isherwood, étaient des vétérans de la guerre psychologique lancée par le mouvement fabien. Dès 1950, Adorno écrivaitqu’une fois que la majorité des Américains passeraient leur temps de loisir devant l’écran de télévision ou de cinéma, le processus de destruction de la « société capitaliste bourgeoise » serait achevé. Quant à Aldous Huxley, il appelait ce processus de lavage de cerveau, amélioré par l’usage des drogues psychédéliques, une « sorte de camp de concentration sans larmes », la « révolution finale »

L’action sur l’école, et la manipulation des masses

 L’Université de Chicago, foyer de l’École de Francfort et de la subversion deweyenne, contribua à une étude retentissante sur la manière de transformer l’enseignement. Quelques années plus tard, Lord Bertrand Russel écrivit  : « D’après moi, le sujet qui revêtira le plus d’importance en politique à l’avenir, c’est la psychologie des foules… Les psychologues du futur disposeront d’un grand nombre de classes d’enfants scolarisés sur lesquels ils essaieront différentes méthodes pour produire la conviction inébranlable que la neige est noire. Une fois la technique mise au point, tout gouvernement qui a en charge l’éducation des enfants pendant plus d’une génération sera assuré de pouvoir diriger ses sujets en toute sécurité, sans l’appui de l’armée, ni de la police. 

Quels développements a connu ce type de manipulation psychologique ?  Edward Bernays, neveu de Freud et inspirateur de Goebbels, et son livre Propaganda, comment manipuler l’opinion en démocratie, dont la première édition date de 1928, expose avec clarté ce phénomène. L’École de Francfort ne pouvait pas ne pas y contribuer. Par l’intermédiaire de son protégé, Abraham Maslow, elle joua un rôle important pour mettre au point, dès 1943, les méthodes de conditionnement psychologique appelées en France « dynamique de groupe » et aux États-Unis « sensitivity training » ou « T groups ». Cela devait aller plus loin avec la « cybernétique ». C’est en 1942, lors d’une conférence organisée par la Macy Foundation qu’a été lancé le groupe de travail à l’origine de cette nouvelle « science », qui consiste à considérer que l’homme peut être programmé comme une machine et que l’intelligence artificielle peut dépasser l’intelligence humaine. Ce fut l’origine du Projet homme-machine (« Man-Machine Project ») du Cybernetics Group. Une dizaine de conférences furent organisées par la même fondation. Max Horkheimer, directeur de l’École de Francfort, collabora avec le Cybernetics Group. En 1948, il participa à Paris à la fondation de la Fédération mondiale de la santé mentale (« World Federation for Mental Health » ou WFMH), l’un des projets les plus néfastes du Cybernetics Group. Kurt Lewin, compagnon de route de l’École de Francfort, joua un rôle important dans ce même groupe. Il avait fondé au MIT (Massachusetts Institute of Technology, institut de recherche et université américaine), le centre de recherche de la dynamique de groupe, puis créé les National Training Laboratories, actifs dans ce même domaine. Avec Karl Korsh, autre membre de l’École de Francfort, il avait mis sur pied une fondation pour développer l’intelligence artificielle. 

Sur quelle croyance était fondée cette quête insatiable ? Sur la négation de Dieu et la croyance que l’homme réussirait à faire mieux que Lui avec des machines intelligentes. Voici ce qu’écrit Jeffrey Steinberg : Ce que Lukacs et ses protégés de l’École de Francfort méprisaient dans la Chrétienté occidentale, c’était sa foi en la sainteté de l’âme individuelle, l’idée que tout être humain est créé par Dieu comme son image vivante, et que tout individu possède une étincelle divine de créativité pouvant servir à améliorer le sort de toute l’humanité. Lukacs et ses acolytes de l’École de Francfort comprirent trop bien qu’aucune révolution ne pourrait connaître un succès durable tant que le principe de l’« Imago Viva Dei » (l’homme image vivante de Dieu) n’avait été détruit et remplacé par une notion plus animale et pessimiste. [...] Ils soutenaient qu’il n’y avait rien de divin en l’homme et que bientôt des machines conçues par l’homme seraient des « machines à penser » supérieure à l’intelligence humaine.

Leur action s’étendit-elle ailleurs ? En 1959, l’École se réinstalla partiellement à Francfort avec Adorno et Horkheimer, où ils mirent sur pied un nouvel « Institut pour la recherche sociale ». L’Institut poursuivit ses activités jusqu’à la mort d’Adorno en 1969. Une partie de l’équipe, dont Marcuse, restait aux États-Unis. 

L’essentiel du travail de l’École de Francfort se répartit donc sur une période de 46 ans : de 1923 à 1969. A cette époque le mouvement est bien lancé et des hommes plus jeunes le prendront en charge, toujours avec les deux idées clefs de la « Révolution tranquille » menée par des intellectuels et du « pansexualisme ». 

Que faut-il comprendre par Pansexualisme ? C’est l’explication par la libido de tous les phénomènes humains. Freud n’a fait que systématiser une pensée dont l’origine remonte à la Cabale. Le Pansexualisme trouva son application dans les actions suivantes méthodiquement poursuivies : abattre l’autorité du père ; nier le rôle spécifique du père et de la mère ; supprimer les différences dans l’éducation des garçons et des filles ; supprimer les formes de « supériorité » masculine : non seulement égalité des droits civiques et électoraux, mais aussi la présence des femmes dans l’armée et la police, et les contraintes légales ou administratives pour obtenir une parité du nombre d’hommes et de femmes dans les gouvernements et les parlements, comme dans les conseils d’administration ; considérer les femmes et les enfants comme des classes opprimées, et les hommes comme une classe d’oppresseurs : d’où un bouleversement des relations homme-femme, une sorte de lutte des classes interne à la famille elle-même, et le féminisme radical, avec l’IVG par exemple. Quel a été le résultat de ces manœuvres en faveur de la Révolution culturelle ? Ce fut par exemple la « Révolution tranquille » au Québec dans les années 60, qui abattit en peu de temps la Foi et la morale catholiques traditionnelles, dans les familles francophones notamment. Ce fut encore « mai 68 » en France, sous le signe hédoniste et contestataire du fameux Marcuse, l’un des représentants les plus en vue de l’École de Francfort. Ce fut aussi, il faut bien le reconnaître, la révolution libérale et moderniste de Vatican II (1962-1965) et des réformes postconciliaires, transformation qui explique le peu de résistance de l’épiscopat, du clergé et des fidèles à cette Révolution culturelle, alors que l’Église « s’ouvrait » justement au « monde moderne ». Nous avons encore l’exemple du Catholicisme polonais, qui a vaillamment résisté pendant 50 ans au pouvoir communiste, mais, qui, après sa victoire, s’est rapidement effondré sous l’influence de la « Révolution culturelle » venue de l’Ouest. 

Comment réagir à un mystère d’iniquité si puissamment installé ? L'ascèse, qui consiste à supprimer tout ce qui peut être contaminé par la contre-culture, tout comme les chrétiens des premiers siècles s’abstenaient d’aller aux bains et au cirque pour échapper à la corruption de leur époque. En 1917, alors qu’allait commencer la Révolution d’Octobre, Notre Dame avait annoncé que le Russie répandrait ses erreurs. Cette révolution n’a pas été faite qu’à l’Est dans un bain de sang, mais aussi à l’Ouest dans une marre de boue.

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