18 Sep
18Sep

« Excellence, Sa Majesté l’Empereur vient de me faire savoir que « selon des informations qu’il a reçues hier, le Grand-Orient vient de décider en premier lieu de déposer tous les souverains à commencer par lui, l’empereur, puis de détruire l’Eglise catholique, d’emprisonner le Pape, etc., et pour finir, d’établir sur les ruines de l’ancienne société bourgeoise une république mondiale, sous le contrôle du grand capital américain. » (…) Que Dieu nous protège ainsi que sa Sainte Eglise dans cette terrible tourmente ! (…) » 

Lettre du Cardinal Félix Von Hartman à Mgr Eugenio Pacelli, futur Pie XII, alors Nonce Apostolique en Allemagne, le 8 novembre 1918. Source : recherches effectuées par le Dr Hesemann aux archives secrètes du Vatican, cote A.S.V., Arch. Nunz. Monaco d.B. 342. fasc. 13, p.95-96. 


« Vous saurez ce que c’est qu’une certaine paix -non pas même celle qu’entrevoyait Lénine, agonisant sur son lit de sangle, au fond de sa hideuse mansarde du Kremlin, un œil ouvert l’autre clos- mais celle qu’imagine, en ce moment peut-être, en croquant ses cacahuètes au sucre, quelque petit cireur de botte yankee, un marmot à tête de rat, demi-saxon, demi-juif, avec on ne sait quoi de l’ancêtre nègre au fond de sa moëlle enragée, le futur roi de l’acier, du caoutchouc, du pétrole, le trusteur de trusts, le futur maître d’une planète standardisée, ce dieu que l’univers attend, le dieu d’un univers sans Dieu. » Bernanos cité par le Père Calmel op, Théologie de l’histoire 


« Les schismes et les hérésies ont souvent commencé par une rupture avec la romanité, rupture avec la liturgie romaine, avec le latin, avec la théologie des pères et des théologiens latins et romains. (…) Cet acharnement contre la romanité est un signe infaillible de rupture avec la foi catholique. (…) Les universités romaines sont devenues des chaires de pestilence. » 

Mgr Lefebvre, Itinéraire spirituel, 1991



« Je crois que le culte divin, tel que le règlent la liturgie, le cérémonial, le rituel et les préceptes de l’Eglise Romaine, subira prochainement, dans un concile œcuménique, une transformation (…) qui le mettra en harmonie avec l’état nouveau de la conscience et de la civilisation chrétienne. » 

Ex-chanoine Roca, prêtre apostat, La fin de l’ancien monde, 1886



« L’alliance de Jésus-Christ et de son Eglise est éternelle, il sera toujours avec elle comme Dieu de vérité et de sainteté, il l’a établie sur Pierre et ses successeurs comme un roc inébranlable. Les marques distinctives de véritable épouse de Jésus-Christ subsisteront toujours en elle. Le sacrifice de l’autel s’offrira toujours et les aigles, les vrais fidèles, se rassembleront autour du Corps de l’Homme-Dieu. La Chaire de Pierre restera toujours leur point de ralliement. » Père de Clorivière sj, Vues sur la révolution, 1794


« En 1949, le pape Pie XII évoquait avec tristesse l’existence des ‘quelque 2 000 faux prêtres infiltrés dans l’Église’»  

Danièle et Pierre DE VILLEMAREST, Le KGB au coeur du Vatican, op. cit., pp. 258-259, voir aussi le bulletin Introïbo n° 4, 1974, p.7, cité par le Bulletin St Jean Eudes, prieuré de Gravrus, Calvados n° 56, de juin juillet 2000


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« La reconnaissance des droits royaux du Christ et le retour des individus et de la société à la loi de sa vérité et de son amour sont la seule voie de salut. » 

Pie XII, Encyclique Summi Pontificatus, 1939

« L'objet contre lequel l'adversaire dirige aujourd'hui son assaut, qu'il soit ouvert ou subtil, n'est plus, comme d'ordinaire dans le passé, tel ou tel point particulier de doctrine ou de discipline, mais bien l'ensemble de la foi et de la morale chrétienne jusqu'à leurs conséquences finales. En d’autres termes, c’est un assaut total ; d'un oui complet ou d'un non complet. Dans cet état de choses, le vrai catholique doit rester d’autant plus ferme et ferme sur le terrain de sa foi et la démontrer par des faits. Dans le feu de la lutte, un christianisme purement extérieur et purement formel fond comme la cire au soleil. » 

Pie XII, 20 avril 1946 


« Un libéralisme suranné voulut créer l'unité sans l'Église et contre l'Église au moyen de la culture laïque et d'un humanisme sécularisé. Çà et là, comme un fruit de son action dissolvante, en même temps que comme son ennemi, lui succéda le totalitarisme. En somme, quel fut, après un peu plus d'un siècle, le résultat de tous ces efforts exercés sans et souvent même contre l'Église ? La tombe de la saine liberté humaine ; les organisations forcées ; un monde qui, pour les brutalités et la barbarie, pour les destructions et les ruines, mais surtout pour la désunion funeste et pour le manque de sécurité, n'avait pas connu son pareil. » 

Pie XII , allocution aux cardinaux du 24 décembre 1945


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Bilan du pontificat de Pie XII 


  • Le grand génie universel : parle à tous, les médecins, scientifiques, agriculteurs, hommes de lettres, diplomates, industriels, sage-femmes, les époux, les nobles…par des discours fréquents, des allocutions variées.

  • Quatre encycliques d’importance, écho de la Tradition, actes du magistère ordinaire du Souverain Pontife avec des enclisions infaillibles : 

    • Mystici Corporis Christi sur l’Eglise corps mystique du Christ ;

    • Divino Afflante Spiritu sur les études bibliques ;

    • Mediator Dei sur la liturgie ;

    • Humani Generis sur plusieurs erreurs, subjectivisme, relents du modernisme.

  • Définit le dogme de l’Assomption en 1950

  • Engage des démarches pour éviter la seconde guerre mondiale

  • Crée des secours aux victimes et sauve des milliers de juifs

  • Développe l’universalisation de la sainte Eglise par des évêques autochtones, et un collège cardinalice représentant davantage la diversité des nations

  • Lève la condamnation de l’Action française dès son avènement et affirme que ce n’est que justice de lever cette sanction

  • Affirme que la conflagration mondiale est un châtiment de Dieu en violation de sa Justice

  • Mais très philosémite (Mary BALL-MARTINEZ, op. cit., p. 41-42. « En 1937, à l’arrivée dans le port de New-York du paquebot Conte di Savoia sur lequel il se trouvait, le cardinal Pacelli demanda au commandant d’arborer un drapeau improvisé portant l’étoile à six branches du futur État d’Israël. En l’honneur, dit-il, des six cents juifs allemands qui étaient à bord. »), il a promu à de très hauts postes les traîtres comme Béa et laissé s’étendre dans l’Église le cancer de l’anarchie dogmatique et liturgique.

  • Le haut clergé d’après-guerre, nommé par Pie XII conseillé par le juif Bea et les nonces comme Roncalli, était formé de prélats sillonnistes dont la nomination en remplacement des prélats catholiques avait été "exigée" par les puissances victorieuses en 1945.




     Secrétaire d’Etat sous Pie XI, le cardinal Eugenio Pacelli fut élu Pape le 2 mars 1939. Il déploya, en près de vingt ans de règne, une activité intense, avec quarante et une encycliques à son actif et un très grand nombre de documents, allocutions, discours. 


Sa famille 

     La famille Pacelli était originaire d’Onano, près de Viterbe. Marcantonio Pacelli, naquit en 1804 de l’union de Gaetano Pacelli et de Maria Antonia Caterini. Sur les instances d’un cousin, le cardinal Prospero Caterini, issu d’un précédent mariage entre ces deux familles, il vint avec son frère aîné Giuseppe faire des études de droit canon à Rome en 1819. Giuseppe, devenu ecclésiastique, entrait à la Congrégation de la Propagande, tandis que Marcantonio devenait avocat à la Rote en 1834, avant de devenir Sous-secrétaire d’État au Ministère de l’Intérieur, et que leur frère Ernesto, qui faisait partie de la Banque Rothschild, était chargé de faciliter un important emprunt pour les États Pontificaux sous le règne de Grégoire XVI. 

Marcantonio devint lui-même l’homme de confiance et le conseiller juridique de Grégoire XVI, puis de Pie IX, dont il organisa la fuite à Gaète. Il fut créé marquis d’Aquapendente. En 1861, il est l’un des fondateurs de l’Osservatore romano, créé pour la défense de la Chrétienté. 

Son fils, Francesco Pacelli, docteur en droit canon et juriste du Saint-Siège, fut l’un des négociateurs des accords du Latran en 1929, sous la direction du cardinal Gasparri. 

Quant à son autre fils Filippo Pacelli, avocat consistorial après avoir été avocat à la Rote, il est le père d’Eugenio Pacelli, qui deviendra le pape Pie XII. 

Karl Rothschild – en fait, Kalmann Mayer Rothschild, par la suite titré baron Carl von Rothschild – de Naples, carbonaro, membre très influent de la Haute Vente, sous le pseudonyme de Piccolo Tigre, joua un rôle majeur dans la tentative d’asservissement financier du Saint-Siège. 

Nathalie Renoton-Beine, dans La Colombe et les tranchées, les tentatives de paix de Benoît XV pendant la Grande Guerre, indique que la famille Pacelli resta liée aux milieux bancaires, et qu’ainsi, alors qu’à l’automne 1916, il avait été décidé d’envoyer Mgr Eugenio Pacelli comme nonce en Bavière, « la crise de la Banque de Rome, dans laquelle un membre de la famille Pacelli était impliqué, vint contrecarrer les projets du Saint-Siège ». 

Ce n’est qu’en avril 1917 que Mgr Pacelli rejoindra Munich. 


Jusqu’au sacerdoce

     Eugenio Maria Giuseppe Pacelli, qui allait devenir le pape Pie XII, est né à Rome le 2 mars 1876, fils de Virginia Graziosi et de Filippo Pacelli. Il est issu d'une famille bien au fait des rouages juridiques de la Curie romaine, puisque son père était doyen des avocats du Consistoire et que son frère, Francesco, était jurisconsulte du Saint-Siège et membre de la commission vaticane chargée de préparer la rédaction des pactes du Latran.


Étudiant à l'université grégorienne et à l'athénée pontifical du séminaire romain Apollinare, il vécut, pour des raisons de santé, avec sa famille et non dans les collèges. Diplômé avec mention en théologie et utroque iure, il est ordonné prêtre le 2 avril 1899. Il est immédiatement recruté comme rédacteur par la Secrétairerie d'État du Saint-Siège et affecté à la Congrégation pour les affaires ecclésiastiques extraordinaires, dont il devient sous-secrétaire en 1911 et secrétaire en 1914, et où il se fait connaître comme collaborateur du cardinal Pietro Gasparri dans la préparation du Code de droit canonique, promulgué en 1917 par le pape Benoît XV. 


Jusqu’au Pontificat suprême 

     D’abord protégé du cardinal Gasparri et secrétaire particulier du cardinal Rampolla, Eugenio Pacelli devient nonce en Bavière, puis en Allemagne. Créé cardinal le 16 décembre 1929 par Pie XI et rappelé à Rome, il est nommé secrétaire d'État le 7 février 1930 pour succéder au cardinal Gasparri. 

Sur l'ordre du Pape, qui appréciait entre autres la remarquable connaissance de plusieurs langues de son collaborateur, le cardinal Pacelli participa en tant que légat papal aux congrès eucharistiques de Buenos Aires (1934) et de Budapest (1938), aux célébrations de Lourdes (1935) et de Lisieux (1937) et à diverses missions spéciales, parmi lesquelles il convient de mentionner celle de 1936 aux États-Unis, où il s'entretint avec le président Roosevelt. Sa profonde connaissance de la langue allemande l'a engagé dans la réalisation du Concordat du Saint-Siège avec l'Allemagne hitlérienne (1933), même s'il craignait au départ que l'accord n'aboutisse pas. Il a toutefois contribué à protéger le monde catholique dans le Reich nazi. 

Suite à la mort de Pie XI, le 10 février 1939, le 1er mars suivant, le Conclave s'ouvrit, qui élit le lendemain le nouveau Pape : Pie XII. Rapidement, il leva la condamnation qui pesait sur les lecteurs de l’Action française, signe que cette dernière était politique. 


La seconde guerre mondiale 

     La guerre éclata peu après son élection à la chaire de Pierre. A plus de dix reprises, il fit des appels publics pour la paix, et engagea des démarches auprès des chefs d’Etat. Il créa un Bureau d’informations pour établir un lien entre les prisonniers et leur famille, et une Commission pour les secours, afin de subvenir aux besoins des réfugiés et sinistrés, par de l’argent et des rations alimentaires. Des centaines de milliers de juifs d’Europe centrale furent sauvés grâce aux interventions diplomatiques du Saint Siège. A Rome même et au Vatican, de nombreux juifs vinrent se réfugier. 

En juillet 1943, les alliés bombardèrent Rome. Pie XII se porta sur place pour apporter aide matérielle et réconfort aux sinistrés, aux blessés. La ville de Rome reconnaissante décerna au Pape, après-guerre, le titre de « Défenseur de la Cité ». 

La fin de la guerre amena l'expansion du communisme dans la moitié de l'Europe, et plus tard en Chine. Dans les pays baltes, dans les pays de l'Est et dans la Chine communiste, l'Église fut persécutée : des dizaines de cardinaux et d'évêques furent emprisonnés, des milliers de prêtres, de religieux et de religieuses furent arrêtés, parfois torturés et exécutés, de nom­breuses églises et des couvents furent confisqués ou fermés, les écoles et collèges catholiques furent interdits. Le pape, par plusieurs encycliques et des déclarations solennelles, s'éleva contre cette persécution, dénonça le totalitarisme athée qui les ordonnait et défendit « les droits sacrés de la religion ». Comme les idées communistes se répandaient aussi dans les démocraties, y compris chez certains catholiques, Pie XII, par un décret de la Congrégation du Saint-Office, le 30 juin 1949, renouvela la condamnation du communisme, interdit aux catholiques d'adhérer à un parti défenseur de cette idéologie et excommunia ceux qui la répandaient.


Rappelle les vérités, en définit, et condamne des erreurs (néomodernisme, fausses philosophies, erreurs sur la Présence Réelle eucharistique…) 

     Dans l'Église elle-même, des erreurs doctrinales graves étaient professées par certains théologiens. Par l'encyclique Humani generis (1950), le pape combattit les « opinions fausses qui menacent de ruiner les fondements de la doctrine catholique » : le relativisme dans l'exposition des dogmes et l'immanentisme, donc un retour au modernisme empoisonné, l'idéalisme et l'existentialisme en philoso­phie ; l'irénisme dans les rapports avec les non-catholiques, donc le futur œcuménisme libéral conciliaire ; le polygénisme en anthropologie ; une fausse conception de la Présence réelle de Notre Seigneur Jésus-Christ. Plusieurs théologiens infectés de ces erreurs, néo-modernistes, furent sanctionnés mais non excommuniés comme saint Pie X l’eut fait, et des ouvrages mis à l'Index, dont Henri de Lubac, par permission divine pour nos fautes futur expert au concile Vatican II avant d’être nommé cardinal par Jean-Paul II. 

     Au déferlement des erreurs doctrinales, politiques et sociales, Pie XII opposa, inlassablement, la doctrine de l’Église. Aucun pape avant lui n'avait autant publié d'ency­cliques, de constitutions, d'exhortations, de motu proprio, de lettres publiques ni prononcé autant d'allocutions. Devant les groupes les plus divers (diplomates, médecins, artistes, ouvriers, jeunes mariés, enfants, etc.), il rappela au cours d’audiences innombrables la conception catholique de la paix fondée sur le Christ, la doctrine sociale de l'Église, la gran­deur du mariage chrétien, les devoirs de la famille. Le droit naturel, qui vient de Dieu, est le fondement de la paix et de la prospérité des sociétés. 


Cependant des accointances, des faits peuvent lui être reprochés 

     A l’occasion de son séjour en Allemagne Mgr Pacelli s’était lié d’amitié avec le père Augustin Bea, provincial des jésuites, et avait obtenu de Pie XI qu’il soit nommé à la tête de l’Institut Biblique Pontifical (le Biblicum). Allemand, rempli d’ardeur pro-juive, le cardinal Bea devait jouer un rôle important dans le travestissement des relations de l’Église avec les juifs lors du concile. Il sera alors soutenu et financé par la franc-maçonnerie juive des Bénai Bérith comme le prouve l’article de Look du 25 janvier 1966. Il devint le confesseur de Pie XII. 

Un des collaborateurs les plus proches de Pie XII était l’abbé Montini, futur Paul VI, et il le resta 23 ans, avant d’être nommé archevêque de Milan, à la suite de l’affaire du Russicum où sa trahison apparut, envers les missionnaires envoyés derrière le rideau de fer

La Compagnie de Jésus ayant interdit le père Teilhard de Chardin de publication dans le domaine religieux, c’est Pie XII qui intervint pour obtenir la levée de cette sanction, permettant à celui-ci de donner une série de conférences dans le Paris occupé des années de guerre. 

C’est Pie XII, qui, par le statut d’Institut séculier qu’il créait pour lui en 1947, permit à l’Opus Dei, de se développer internationalement, alors qu’il diffusait depuis sa fondation en 1928 les idées qui devaient triompher à Vatican II, telles que l’Œcuménisme, la Liberté religieuse et même un rôle du laïcat volontairement mis sur pied d’égalité avec le sacerdoce. 

C’est également Pie XII, qui en cette même année nomma l’abbé Annibale Bugnini à la tête de la Commission liturgique qu’il créait. Mgr Bugnini devait être initié à la franc-maçonnerie le 23 avril 1963, d’après la liste de l’Osservatore politico. Pour faire passer la réforme liturgique, Mgr Bugnini mettra sur pied des congrès liturgiques internationaux notamment à Maria Laach en Allemagne, à Lugano en Suisse, à Louvain en Belgique et enfin à Assise. Pie XII adressa un message de félicitations à l’issue de ce dernier congrès : « Le mouvement liturgique est apparu comme le signe d’un don providentiel de Dieu pour notre temps, comme le passage du Saint-Esprit sur l’Église, afin de montrer aux fidèles le mystère de la foi et les richesses de la grâce qui dérivent d’une active participation à la liturgie ». Cette participation active si dévoyée par les modernistes.

Par la suite eut lieu au Canada un symposium intitulé La Grande Action de l’Église chrétienne organisé par la Conférence liturgique nord-américaine et un comité présidé par le futur cardinal Wright. Les prières au bas de l’autel furent remplacées par « Bienvenue à notre président… » chanté à l’unisson. Le sermon expliquait que « l’Eucharistie était un repas, preuves formelles et indiscutables », l’existence d’une communauté plutôt qu’un sacrifice, et la cérémonie se termina par la bénédiction pontificale adressée par Pie XII depuis Rome. 

C’est enfin Pie XII qui enverra Mgr Roncalli comme nonce à Paris. Il le fera même cardinal. En 1946, ce dernier fera nommer le baron Yves Marsaudon, franc-maçon « 33e degré » bien connu – il en était parfaitement conscient– comme ministre plénipotentiaire de l’Ordre de Malte à Paris. 

Pendant la guerre, Assise, la cité de saint François, devint le centre principal de l’impression des faux certificats de baptême pour les juifs, Pie XII y installant le complexe connu sous le nom de ‘La Citadelle’, sorte de ‘réservoir à idées’ pour de nouveaux projets d’Église : ce même centre qui, plus tard organisera la scandaleuse Journée de la Paix du pape Jean-Paul II. Pendant toute la durée de la deuxième guerre mondiale, par permission papale, des services religieux de la Synagogue purent avoir lieu dans la crypte de la basilique de saint François. Ce fut là que pour l’essentiel sera conçue la ‘Nouvelle Messe’ par Mgr Bugnini. 

Il cesse de condamner le communisme ouvertement après l’alliance des Etats-Unis avec l’URSS. Pourtant, plus tard, dans une lettre poignante adressée à son vieil ami et hôte à New-York, Myron C. Taylor (Myron C. Taylor (1874-1959) était « un milliardaire épiscopalien et franc-maçon actif », membre de la loge L’Humanité n° 406, Lyons, New York, depuis octobre 1897. Il fut le premier ambassadeur personnel des États-Unis au Vatican. Mary BALL-MARTINEZ, op. cit., p. 34, précise que Myron C. TAYLOR était 33e degré dans la Franc-Maçonnerie.) – l’envoyé de Roosevelt, puis de Truman, auprès du Saint-Siège – Pie XII écrit : « A la requête du président Roosevelt, le Vatican a cessé toute mention du régime communiste. Mais ce silence, qui pèse lourdement sur notre conscience, est mal compris par les responsables soviétiques, qui continuent leurs persécutions contre les Églises et les fidèles. Puisse Dieu permettre que le monde libre ne regrette pas un jour mon silence. » Déjà lorsqu’il était cardinal, Pacelli accepta, à la demande de Roosevelt, de réduire au silence le Père Charles Coughlin, célèbre prédicateur à la radio américaine, grand ennemi des banquiers internationaux, qui recommandait la paix avec l’Allemagne, dévoilait les intentions guerrières de Roosevelt non moins que les intentions mauvaises de la judéo-maçonnerie sur le gouvernement des Etats-Unis, l’économie et les spectacles. Ce prêtre était ami avec le Père Denis Fahey, l’apôtre irlandais de la Royauté sociale de Notre Seigneur Jésus-Christ. 

Mais Pie XII approuvait-il le Mouvement liturgique ? Dans son autobiographie, que Mgr Bugnini publia bien après le Concile, on peut lire : « Nous bénéficions de la pleine confiance de Pie XII, qui était informé de nos travaux par Mgr Montini et plus encore par le R.P. Bea, son confesseur. Grâce à ces intermédiaires, nous pûmes arriver à des résultats remarquables, même pendant le temps où la maladie du pape empêchait toute autre personne de l’approcher. » Marcel Clément indique de son côté que Pie XII non seulement rendit possible le deuxième concile du Vatican, mais il en prépara les voies. Il affirme avoir été personnellement à même d’observer, en suivant le concile jour après jour comme envoyé, que bien des idées et aspirations qui virent le jour sous la coupole de Saint-Pierre avaient de fait été anticipées sous son pontificat. Mais cela ne signifie pas qu’il en fut l’auteur. Il fut le premier à faciliter la discipline du jeûne eucharistique. Il modifia la liturgie tridentine et le rituel de Pâques. Il autorisa en outre les lectures en langue vernaculaire. Il fut le premier à accorder aux mass media l’importance que le Concile leur donnera. Beaucoup d’expérimentations ou d’autorisations pastorales, liturgiques, linguistiques (nouvelle traduction latine, usage du vernaculaire), voire exégétiques, eurent en effet lieu sous le pontificat de Pie XII. 

Pourtant, pour les conservateurs, la ferme orthodoxie du Pasteur Angélique aurait rendu impossible son approbation des documents douteux du Concile, cependant que les progressistes repousseraient avec horreur l’idée de créditer un pontife aussi rigide de tels changements cependant largement amorcés sous son règne. 

Tout cela constituait-il vraiment une préparation au concile ? Mgr Paul Molinari, S.J., postulateur de la cause de béatification de Pie XII, parlant sur Radio Vatican, qualifia d’ignorants ceux qui pensaient que l’Église avait fait un virage à la mort de Pie XII : « Il n’y a pas eu de rupture ». Il ajoutait même : « Pendant des années, Sa Sainteté travailla sur les études préparatoires au concile. Il n’en suspendit les travaux que lorsqu’il se convainquit que les catholiques n’étaient pas suffisamment préparés pour soutenir le choc d’un Concile. » Cependant ces travaux étaient tout à fait traditionnels et furent balayés par les modernistes au concile justement.

 Pour quel motif Pie XII prit-il réellement cette décision ? Peur d’un chaos incontrôlable ? Crainte d’une Révolution dans l’Église ? Ou, comme le laisse entendre Mgr Molinari, crainte que les catholiques ne soient pas prêts à admettre certaines nouveautés ? Certainement que Pie XII s’était rendu compte, comme Pie XI avant lui, que le concile serait manœuvré par les pires ennemis de l’Eglise, le faisant renoncer à son projet. Par ailleurs ne sous-estimons pas la mauvaise foi plus ou moins latente, ou les fantasmes, de ceux qui veulent à tout prix légitimer la révolution dans l’Eglise en y raccrochant Pie XII. 

Après avoir très activement préparé un futur concile, avec son collaborateur Mgr Montini notamment, il y renonça en effet. Paul VI reprendra ce projet, le chemin lui en ayant été aplani, comme prévu, par le pape Jean, qui se savait un « pape de transition ». Notons bien que la doctrine sous-jacente au deuxième concile du Vatican s’éloigne de la pensée, traditionnelle, du Pape Pie XII, et des schémas préparés par les commissions préparatoires. 


Il est évident qu’il a existé, une impressionnante continuité de parrainages – voire de politique, à quelques différences significatives près, dues pour l’essentiel aux circonstances – entre les Secrétaires d’État, qui se sont succédés : les cardinaux Rampolla, Gasparri, Pacelli et Montini, ainsi qu’avec les cardinaux Della Chiesa et Roncalli, qui leur étaient très liés. Ces quatre derniers deviendront papes. Le jeune Pacelli avait appris le métier au sein de l’équipe Rampolla, avec Della Chiesa, Gasparri, Radini-Tedeschi et son protégé Roncalli. Et, comme nous l’avons dit, l’abbé Montini, autre protégé du cardinal Gasparri, devait rester pendant 23 ans le très proche collaborateur de Pie XII, avant comme après son accession au trône pontifical.


Sa doctrine 

     Pie XII fut un grand pape marial. En 1942, en pleine guerre, il consacra le genre humain au Cœur immaculé de Marie. Un autre acte éclatant fut, le 1er novembre 1950, la définition solennelle du dogme de l'Assomption. En présence de 622 évêques et d'une grande foule massée place Saint-Pierre, Pie XII proclama comme vérité de foi que la Vierge Marie, à l'achèvement de sa vie terrestre, fut élevée corps et âme dans la gloire du ciel. 

En 1952, en réponse à une des demandes de la Sainte Vierge à Fatima, le pape consacra « tous les peuples de la Russie » au Cœur Immaculé de Marie, mais il y manquait l’union simultanée des évêques consacrant aussi. 

Il publia aussi une encyclique sur « La royauté de Marie » (1954). La Vierge Marie est Reine parce qu’elle est la Mère de Dieu,immaculée parce qu’elle a été « étroitement associée au Christ » dans l'accomplissement de la Rédemption et qu’elle est la Médiatrice de toutes grâces

Deux autres encycliques furent consacrées, en 1953 au centenaire de la définition du dogme de l'immaculée Conception, et en 1957 au centenaire des apparitions de la Sainte Vierge à Lourdes. 

     Empli de sollicitude pour l’Église, Pie XII s'attacha à en illustrer toute la grandeur dans l'encyclique Mystici Corporis Christi (1943). L'Église est le Corps Mystique du Christ, et Celui-ci en est « le Fondateur, la Tête, le Soutien, le Sauveur ». D'autres encycliques furent consacrées à la sainte liturgie par laquelle l’Église continue à honorer Dieu (1947), à la vie sacerdotale et au prêtre « autre Christ » (1950), et au culte du Sacré-Cœur dont la principale raison est l'amour du Rédempteur pour le genre humain (1956). 

Enfin en 1954, il canonisa Pie X, dont les vertus personnelles avaient illuminé le grand pontificat. Pie XII poursuivit l'universalisation de l’Église engagée par ses prédécesseurs. 


En 1939 il consacra le premier évêque africain et le premier évêque malgache. Il publia deux encycliques sur les missions, appelant notamment les diocèses de vieille chrétienté à envoyer des prêtres dans les pays récemment évangélisés pour aider les 25 000 prêtres (missionnaires ou autochtones) déjà présents. La curie, elle aussi, s'internationalisa. Lors des deux consistoires qu'il tint durant son pontificat, Pie XII créa 56 cardinaux (parmi lesquels, pour la première fois, un chinois). Il fut un grand maître de la vérité, la sainte Eglise peut le pleurer mais surtout doit s’inspirer de son enseignement, le dernier fidèle à la Tradition avant la grande éclipse de l’Eglise.


« L’absence de l’Eternel est le vice essentiel de la société moderne. » 

Radiomessage de Noël 1942



Lettre de Pie XII au P. Garrigou-Lagrange A l’occasion du 80anniversaire du P. Garrigou-Lagrange, Pie XII lui avait écrit le 31 janvier 1957 une lettre en latin dont voici la traduction :


     Le précepte de l’Apôtre nous presse d’être facile et prompt à la joie et aux larmes avec ceux à qui Nous unit la bienveillance de la charité. Une raison plus forte Nous engage à offrir félicitations et consolations avec ceux qui, par leurs talents et leur science, illustrent le nom catholique et jouissent auprès de Nous d’une faveur méritée. Au nombre de ceux-là, Cher Fils, vous vous rangez à plus d’un titre. Vous allez bientôt célébrer, avec vos frères partageant votre joie, votre 80anniversaire. Nous ne voulons pas le laisser passer sans vous présenter avec Nos louanges, Nos vœux. 

     Nous savons fort bien avec quelle insigne piété vous remplissez vos devoirs religieux, quel renom vous vous êtes acquis au service de la philosophie thomiste et de la théologie sacrée, cette théologie que vous avez enseignée pendant cinquante ans et que depuis quarante-huit ans vous professez dans cet asile romain de doctrines sacrées qui a nom l’Angelicum. 

     Et Nous avons eu souvent la preuve du talent et du zèle avec lesquels vous avez, par la parole et l’écrit, défendu et sauvegardé l’intégrité du dogme chrétien. Il ne nous échappe pas non plus que, dans les Sacrées Congrégations de la Curie romaine, vous avez par un labeur silencieux mais de grand prix, apporté un zèle constant et la lumière de votre sagesse ; que vous vous dépensez généreusement dans l’administration du sacrement de pénitence et dans la prédication de sermons et d’exercices spirituels. 

     En louant ces bonnes œuvres, que vous continuerez encore, Nous supplions Dieu dans la prière de combler de consolations saintes votre âge avancé, de donner à votre âme et à votre corps de nouvelles forces pour accomplir de nouvelles œuvres remarquables. Ainsi la moisson de vos mérites deviendra- telle plus ample et plus riche. C’est dans de tels désirs paternels que Nous vous accordons avec amour, à vous cher Fils, et à votre entourage fraternel en fête, la bénédiction apostolique.  


Source : revue Itinéraires n°86.



Noël 1950 : 

     « Le rôle de l’Etat est d’unir les sociétés inférieures (familles, métiers…) en un tout organique (…). Son influence est bienfaisante ou malfaisante selon les principes qui le dirigent. » 



Discours aux élèves des séminaires de Rome, 24 juin 1939 : 

     « Ces choses que nous avons dites s'appliquent à la fois à la vérité divinement révélée et à ses prémisses rationnelles ; à savoir, pour illustrer ou défendre les principes de la philosophie chrétienne. Ce relativisme, que notre prédécesseur d’immortelle mémoire, Pie XI, assimilant au modernisme dogmatique et « réprouvant grandement» le « modernisme moral, juridique et social » (Encycl. Ubi arcano in : « Acta Apostolicae Sedis », XIV, 1922, p. 696) comme il l'a appelé, en tant qu’il ne reconnaît pas comme règles du vrai et du faux, du bien et du mal, les lois immuables du juste et du droit, mais prétend établir les normes dans ce qui est utile, mais qui varie indéfiniment, aux individus, à l’ordre civil, à l’Etat et aux classes. 

A ce modernisme, vous, poitrine intrépide, comme il sied aux hérauts de l'Évangile, devez-vous opposer les vérités les plus parfaites et les plus absolues, qui sont nées de Dieu, d'où subsistent nécessairement les devoirs et les droits premiers des individus, des sociétés domestiques et des États, et sans lesquels la dignité et le bonheur de la société civile ne peuvent exister. 

Ce que vous accomplirez naturellement admirablement, si des vérités de ce genre occupent tellement votre esprit, que vous soyez prêt à éviter aucun travail et à ne refuser aucun inconvénient, pour elles, comme pour les mystères de la sainte foi. Vous devez également en prendre soin, afin de présenter la vérité de manière à ce qu’elle soit bien comprise et goûtée, en utilisant toujours un langage clair et jamais ambigu, et en évitant les changements inutiles et nuisibles qui infectent facilement la substance de la vérité. Cela a toujours été la coutume de l'Église catholique. À ceux-ci correspond également celui de Saint-Paul, qui sc. « Jésus-Christ... n'était pas et n'est pas, mais il était en lui » (II Cor. 1, 19). » 



Discours à l’Académie pontificale des sciences, 3 décembre 1939 : 

     « De même que nous ne créons pas la nature, nous ne créons pas davantage la vérité : nos doutes, nos opinions, nos négligences, nos négations ne la changent pas. Nous ne sommes pas la mesure de la vérité du monde, ni de nous-même, ni de la haute fin à laquelle nous sommes destinés. » 



Allocution au patriarcat et à la noblesse de Rome, 11 janvier 1943 : 

     « L'avant-garde de cette évolution a été ce que l'on appelle la Réforme protestante, dont les événements et les guerres ont permis à une grande partie de la noblesse européenne de se détacher de l'Église catholique et de s'approprier ses biens. Mais l'incroyance s'est propagée avant la Révolution française. 

Les historiens notent que l'athéisme, même sous le lustre du déisme, s'était alors rapidement répandu dans la haute société, en France et ailleurs : la croyance en un Dieu créateur et rédempteur était devenue, dans ce monde voué à tous les plaisirs des sens, une chose presque ridicule et déshonorante pour les esprits cultivés, avides de nouveauté et de progrès. 

Dans la plupart des « salons » des grandes dames les plus raffinées, où l'on discutait des problèmes les plus ardus de la religion, de la philosophie et de la politique, les hommes de lettres et les philosophes, partisans de doctrines subversives, étaient considérés comme l'ornement le plus beau et le plus recherché de ces lieux mondains. L'impiété était à la mode dans la haute noblesse, et les écrivains les plus en vogue auraient été moins audacieux dans leurs attaques contre la religion s'ils n'avaient pas bénéficié des applaudissements et de l'encouragement de la société la plus élégante. Ce n'est pas que la noblesse et les philosophes aient tous visé directement à la déchristianisation des masses. Au contraire, la religion aurait dû rester pour les gens simples un moyen de gouvernement entre les mains de l'État. 

Mais ils se sont sentis et estimés supérieurs à la foi et à ses préceptes moraux : une politique qui s'est vite révélée fatale et à courte vue, même pour ceux qui l'ont considérée sous un aspect purement psychologique. 

Avec une logique rigoureuse, puissante pour le bien, terrible pour le mal, les hommes savent tirer les conséquences pratiques de leurs observations et de leurs jugements, qu'ils soient fondés ou erronés. Prenez en main l'histoire de la civilisation des deux derniers siècles : elle révèle et démontre quels dommages ont été causés à la foi et aux coutumes des peuples par le mauvais exemple qui descend d'en haut, la frivolité religieuse des classes supérieures, la lutte ouverte des intellectuels contre la vérité révélée. »

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