Comment les clercs ont découronnée Notre Seigneur Jésus-Christ.
Pie XI encourageait les laïcs catholiques à délaisser l’action temporelle pour se consacrer à l’action purement spirituelle. Il laissait donc libre le terrain du combat temporel, où les progressistes vont se hâter de prendre la place vacante, mais en sens inverse : sous prétexte d’Action catholique, ils soumettent l’Action spirituelle à un but politique (qui est ce que Maurras a fort justement appelé « la démocratie religieuse », la sacralisation de la démocratie, ou religion des droits de l’homme).
Pie XI créait, par sa politique (et non par sa doctrine énoncée par ses encycliques et autres discours publics, bien que ses idées sur l’apostolat des laïcs fussent erronées visiblement, car agere sequitur esse) des circonstances qui seront favorables à l’avance du progressisme.
Cette politique de repli allait dans le même sens que le Ralliement de Léon XIII. A la même époque et pour les mêmes raisons, l’Action française se voyait condamnée et les Cristeros étaient, bien involontairement mais très réellement, conduits à la boucherie. Il faut d’ailleurs souligner le fait que, si les progressistes se hâtèrent « de prendre la place vacante », comme dit Benoît Carret, c’est – et il y insiste – que le Pape lui-même leur facilita la tâche :
« si Pie XI n’avait pas commis l’irréparable erreur de condamner l’Action française (ce qui a permis au clergé gauchissant et progressiste de s’emparer de l’Église de France – et des mouvements d’Action catholique), nous n’en serions pas arrivés là».
Ce changement d’orientation a d’abord apporté une grande confusion dans les esprits, la même expression « Action catholique » ne voulant plus dire la même chose. Pie XI redéfinissant l’Action catholique comme « la participation et collaboration du laïcat avec la hiérarchie apostolique » dans les oeuvres d’évangélisation, il était évident que cette collaboration des laïcs était entièrement soumise à la direction et au contrôle du clergé. Cela a eu pour conséquences deux formes de Cléricalisme différentes, voire opposées.
Certains prêtres voyant que la totalité de l’Action des catholiques leur était confiée se lancèrent alors, avec ou sans eux, dans la contestation sociale, voire même dans la politique.
D’autres, comprenant que ce n’était pas le rôle du prêtre de faire de la politique, mais voulant néanmoins garder le contrôle de toute l’Action des catholiques, qui leur était désormais soumise, croyaient-ils, incitèrent les laïcs à se concentrer uniquement sur l’apostolat, comme le pape Pie XI le demandait, et à délaisser le terrain politique, l’abandonnant ainsi aux ennemis de l’Église. Ces deux formes de Cléricalisme furent sans doute la principale cause du « découronnement » du Christ-Roi par les clercs, dont parle Mgr Lefebvre.