Dans le bref de béatification (3 juin 1951), Pie XII énumère les principaux traits dignes de retenir l’attention et l’admiration des foules :
1° Le souci de la sainteté du clergé, clef pour rénover toutes choses dans le Christ, selon sa sublime devise.
Saint Pie X veut un clergé qui se distingue par sa piété, son obéissance et sa science.
2°La rénovation des études ecclésiastiques.
Saint Pie X exhorte les philosophes chrétiens à défendre la vérité sous la bannière de saint Thomas d’Aquin. Il fonde à Rome l’Institut Biblique Pontifical, encourage les sciences théologiques, une exégèse inspirée et une prédication soignée de la part du clergé.
3° La préoccupation du salut éternel des âmes.
Si saint Pie X voulut un clergé saint, c’était en vue de l’instruction des fidèles à qui il donna un catéchisme, destiné aux adultes comme aux enfants. Envers ces derniers, il restera à tout jamais le pape de l’Eucharistie, favorisant la communion précoce, mais aussi – et pour tous – la communion fréquente et même quotidienne si possible.
4°La défense de la foi intègre et pure.
Les fausses doctrines qui renouvelaient l’ensemble des erreurs furent démasquées sous le nom de modernisme, et sagement réprimées (). En ces circonstances, comme dans son combat contre les lois anticléricales et la séparation laïque des Etats, saint saint Pie X fut, aux dires du Pasteur angélique, un « maître infaillible de la foi », le « vengeur intrépide de la religion » et le « gardien de la liberté de l’Eglise ».
5°L’amour de la liturgie.
Initiateur d’un authentique mouvement liturgique, saint Pie X rénove la musique sacrée, mais aussi le Bréviaire, le calendrier des fêtes de manière à orienter « résolument l’Eglise vers une vie liturgique toute imprégnée de piété traditionnelle, de grâce sacramentelle et de beauté inspirée ». Tels sont les principaux traits de la sainteté de Pie X, sainteté d’un gouvernement tout pénétré des grandeurs et des richesses surnaturelles qui sont le trésor de l’Eglise.
Pie XII évoque également l’œuvre réformatrice accomplie dans la Curie romaine, dans les écoles et les paroisses, le formidable travail de rassemblement en un seul corps, adapté aux conditions de la société, des lois de l’Eglise jusqu’alors dispersées (Code de droit canonique, promulgué en 1917).
Sans oublier l’attention donnée aux missions évangélisatrices et même les appels à l’union en direction des schismatiques. Cette sainteté pontificale, Pie XII la canonisait dans un but bien précis : afin de « disposer les esprits à affronter nos propres luttes et pour assurer nos victoires et celles des générations à venir ». Proclamé « saint et guide des hommes d’aujourd’hui », « apôtre de la vie intérieure », saint Pie X est donné comme un « exemple providentiel pour le monde moderne dans lequel la société terrestre, devenue toujours plus une sorte d’énigme à elle-même, cherche avec anxiété une solution pour se redonner une âme ! Qu’il regarde donc comme un modèle l’Eglise réunie autour de ses autels ».
Car ce pape « suscitait partout un immense mouvement de retour aux splendeurs de la liturgie et de la musique sacrées, et bannissait la laideur hors du temple saint de Dieu ».
Bilan de son pontificat
Veille à l’instruction du peuple chrétien par un CATECHISME simple et complet. Lors de la révolution des années 1970 dans l’Eglise, révolution appuyée hélas par nombre d’autorités, qui publieront ou laisseront publier l’horrible catéchisme hollandais hérétique, la revue Itinéraires publiera de nouveau ce bon catéchisme.
CONDAMNE LE MODERNISME et reste vigilant pour le combattre dans l’Eglise, en témoigne la Sapinière ou Sodalitium pianum de Mgr Benigni qu’il encourage.
Organise les débuts de la COMMISSION BIBLIQUE, couverte par le magistère ordinaire pontifical.
Prépare le CODE DE DROIT CANON DE 1917, magnifique synthèse juridique de l’Eglise, qui fait un devoir aux séminaristes de s’abreuver auprès de saint Thomas d’Aquin, docteur commun.
CONDAMNE LE LAÏCISME des francs-maçons au pouvoir en France.
Appuie la restauration du CHANT SACRE, sur les principes du chant grégorien, dans la lignée de Dom Guéranger.
Veille à la FORMATION DES SEMINARISTES et au ministère sacerdotal.
Réforme le BREVIAIRE pour remettre en honneur la récitation hebdomadaire des 150 psaumes par le clergé.
Développe le culte eucharistique par la COMMUNION fréquente qu’il recommande, la communion des enfants qu’il prescrit, et les congrès eucharistiques qu’il multiplie.
Quelques Actes de saint Pie X
Encyclique E supremi apostolatus (4 octobre 1903) : son programme ? Tout restaurer dans le Christ.
Motu proprio Tra le sollecitudini (22 novembre 1903) sur la musique sacrée.
Encyclique Ad diem illud laetissimum (2 février 1904) pour les 50 ans de la proclamation du dogme de l’Immaculée Conception.
Décret Sacra Tridentina (20 décembre 1905) encourageant la communion fréquente et quotidienne.
Encyclique Vehementer (11 février 1906) condamnant la loi de séparation de l’Eglise et de l’Etat en France.
Encyclique Pascendi (8 septembre 1907) face à la subversion des modernistes.
Décret Quam singulari (8 août 1910) donnant plus de possibilités aux enfants pour communier.
Condamnation du Sillon (25 août 1910), sorte de prélude aux lubies conciliaires sur l’Eglise présente au monde sans le convertir.
Serment antimoderniste obligatoire pour tout candidat au sacerdoce (1er septembre 1910).
Bulle Divino afflatu (1er novembre 1911) sur la réforme du bréviare.
Extrait du discours de canonisation de saint Pie X par Pie XII
Pie X se révèle aussi champion convaincu de l’Église et Saint providentiel de nos temps dans la seconde entreprise qui distingue son œuvre et ressembla, par ses épisodes parfois dramatiques, à la lutte engagée par un géant pour la défense d’un trésor inestimable : l’unité intérieure de l’Église dans son fondement intime : la foi.
Déjà depuis son enfance, la Providence divine avait préparé son élu dans son humble famille, édifiée sur l’autorité, les bonnes mœurs et sur la foi elle-même vécue scrupuleusement. Sans doute tout autre Pontife, en vertu de la grâce d’état, aurait combattu et rejeté les assauts destinés à frapper l’Église à la base. Il faut cependant reconnaître que la lucidité et la fermeté avec lesquelles Pie X conduisit la lutte victorieuse contre les erreurs du modernisme, attestent à quel degré héroïque la vertu de foi brûlait dans son cœur de saint. Uniquement soucieux de garder intact l’héritage de Dieu au troupeau qui lui était confié, le grand Pontife ne connut de faiblesse en face de quiconque, quelle que fût sa dignité ou son autorité, pas d’hésitations devant des doctrines séduisantes mais fausses, dans l’Église et au dehors, ni aucune crainte de s’attirer des offenses personnelles et de voir méconnaître injustement la pureté de ses intentions. Il eut la conscience claire de lutter pour la cause la plus sainte de Dieu et des âmes. A la lettre, se vérifièrent en lui les paroles du Seigneur à l’Apôtre Pierre : « J’ai prié pour toi, afin que ta foi ne défaille point, et toi… confirme tes frères »(St Luc 22,32).
La promesse et l’ordre du Christ suscitèrent encore une fois, dans la fermeté indéfectible d’un de ses Vicaires, la trempe indomptable d’un athlète. Il est juste que l’Église, en lui décernant à cette heure la gloire suprême à l’endroit même où depuis des siècles brille sans se ternir celle de Pierre et en confondant ainsi l’un et l’autre dans une seule apothéose, chante à Pie X sa reconnaissance et invoque en même temps son intercession pour se voir épargner de nouvelles luttes du même genre.
Mais ce dont il s’agissait précisément alors, c’est-à-dire la conservation de l’union intime de la foi et de la science, est un bien si grand pour toute l’humanité que cette seconde grande œuvre du Pontife est, elle aussi, d’une importance telle qu’elle dépasse largement les frontières du monde catholique.Lorsque, comme le modernisme, on sépare, en les opposant, la foi et la science dans leur source et leur objet, on provoque entres ces deux domaines vitaux, une scission tellement funeste que « la mort l’est à peine plus ». On l’a vu en pratique : au tournant du siècle, on a vu l’homme divisé au fond de lui-même, et gardant cependant encore l’illusion de conserver son unité dans une apparence fragile d’harmonie et de bonheur basés sur un progrès purement humain, se briser pour ainsi dire sous le poids d’une réalité bien différente.
Le regard vigilant de Pie X vit s’approcher cette catastrophe spirituelle du monde moderne, cette déception spécialement amère dans les milieux cultivés. Il comprit qu’une foi apparente de ce genre, c’est-à-dire une foi qui au lieu de se fonder sur Dieu révélateur s’enracine dans un terrain purement humain, se dissoudrait pour beaucoup dans l’athéisme ; il perçut également le destin fatal d’une science qui, à l’encontre de la nature et par une limitation volontaire, s’interdisait de marcher vers le Vrai et le Bien absolus et ne laissait ainsi à l’homme sans Dieu, devant l’invincible obscurité où gisait pour lui tout l’être, que l’attitude de l’angoisse ou de l’arrogance.Le Saint opposa à un tel mal le seul moyen de salut possible et réel : la vérité catholique, biblique, de la foi acceptée comme « un hommage raisonnable » (Rom 12,1) rendu à Dieu et à sa révélation. Coordonnant ainsi foi et science, la première en tant qu’extension surnaturelle et parfois confirmation de la seconde, et la seconde comme voie d’accès à la première, il rendit au chrétien l’unité et la paix de l’esprit, conditions imprescriptibles de la vie.Si beaucoup aujourd’hui se tournent à nouveau vers cette vérité, poussés vers elle en quelque sorte par l’impression de vide et l’angoisse de leur abandon, et s’ils ont ainsi le bonheur de pouvoir la trouver fermement possédée par l’Église, ils doivent en être reconnaissants à l’action clairvoyante de Pie X.
C’est à lui en effet que revient le mérite d’avoir préservé la vérité de l’erreur, soit chez ceux qui jouissent de toute sa lumière, c’est-à-dire les croyants, soit chez ceux qui la cherchent sincèrement. Pour les autres, sa fermeté envers l’erreur peut encore demeurer un scandale ; en réalité, c’est un service d’une extrême charité, rendu par un Saint, en tant que Chef de l’Église, à toute l’humanité.
« Le kantisme, c’est l’hérésie moderne »
Saint Pie X au chanoine Gaudeau, 9 mars 1907
A propos de Kant, voici ce qu’écrivait le Dictionnaire de la Franc-maçonnerie (Eugène Lennhoff et Oskar Posner, Almathea Verlag, Vienne-Munich, 1932) :
« Bien que Kant n’appartînt pas à l’alliance (maçonnique), les idées de Kant ne sont nulle part autant chez elles que dans les loges allemandes. Sa philosophie peut être dite le fondement le plus profond de la pensée maçonnique. Ce serait à croire qu’elle fut conçue pour servir de base doctrinale de la Franc-maçonnerie. »