27 Aug
27Aug

    « Le concile pourrait être manœuvré par les pires ennemis de l’Eglise, qui s’apprêtent déjà, comme des indices certains le montrent, à faire la révolution dans l’Eglise, un nouveau 1789, objet de leurs rêves et de leurs espérances ». 

Le 23 mai 1923, le cardinal Billot mettait en garde le Pape Pie XI, qui avait interrogé plusieurs cardinaux sur l’opportunité de convoquer un concile. 

G. CAPRILE, Le Concile Vatican II, éd. La Civilta catholica




« Les ennemis se cachent dans le cœur même de l’Eglise ; le danger est presque aux entrailles de l’Eglise ; ils s’emparent des chaires dans les séminaires et universités et en font des chaires de pestilence. » 

Saint Pie X, encyclique Pascendi, 1907



« Une immolation se prépare, qui expiera solennellement. La Papauté succombera, elle mourra sous le couteau sacré que forgeront les Pères du dernier Concile. » 

Ex-chanoine Roca, prêtre apostat, Glorieux centenaire, 1889, p. 426-429




« L’Eglise d’aujourd’hui n’est la véritable Eglise que dans la mesure où elle continue et fait corps avec l’Eglise de toujours. La norme de la foi catholique, c’est la Tradition. » Mgr Lefebvre, réflexion suite à la Suspens a divinis



 « Il ne faut pas s’imaginer qu’il y ait eu un bouleversement général. Vatican II n’a pas innové sur l’ensemble des vérités contenues dans le Credo et définies par les conciles précédents. Le problème ne réside pas dans la quantité, mais dans la qualité (…). La rupture, avant de porter sur des matières déterminées, a porté sur l'inspiration de fond. On avait décrété un certain type d'ostracisme, mais pas envers l'une ou l'autre des vérités révélées et proposées comme telles par l'Église. Ce nouvel ostracisme s'attaquait à une certaine façon de présenter ces vérités. 

     Il attaquait donc une méthodologie théologique, celle de la SCOLASTIQUE, que l'on ne tolérait plus. Avec un acharnement particulier contre le THOMISME, considéré par beaucoup comme dépassé et désormais très éloigné de la sensibilité et des problématiques de l'homme moderne. 

     On n'avait pas perçu, ou pas voulu croire, que rejeter saint Thomas d'Aquin et sa méthode allait entraîner un effondrement doctrinal. L’ostracisme avait débuté en se faisant subtil, pénétrant, enveloppant. Il ne mettait à la porte personne, ni aucune thèse théologique, et encore moins certains dogmes. Ce qu’il évinçait, c’est la mentalité qui en son temps avait défini et promulgué ces dogmes (…). 

     Je me demande si vraiment tous les Pères conciliaires se rendaient compte qu’ils étaient objectivement en train de s’arracher à cette mentalité pluriséculaire qui jusqu’alors avait exprimé la motivation de fond de la vie, de la prière, de l’enseignement et du gouvernement de l’Église. Somme toute, ils proposaient à nouveau la mentalité MODERNISTE, celle contre laquelle saint Pie X avait pourtant pris une position très nette en exprimant son intention de instaurare omnia in Christo, tout restaurer dans le Christ (Éph 1, 10). » 

Mgr Brunero Gherardini



PREMIÈRE SESSION  11 OCTOBRE – 8 DÉCEMBRE 1962


« Placer sur le trône de Pierre des papes imprégnés d’idées libérales et admirateurs de la « nouvelle théologie » [cf discours de Pie XII aux Jésuites en septembre 1946 et article du Père Garrigou-Lagrange : La nouvelle théologie, où va-t-elle ?] : voilà le coup de maître, le cheval de Troie pour introduire la révolution dans la Cité de Dieu. Une trouvaille géniale, après laquelle le clergé, les bonnes religieuses, les simples fidèles allaient obéir sans broncher et sans même s’apercevoir qu’ils entraient dans le grand engrenage révolutionnaire. Et ainsi aujourd’hui, abreuvée de publication modernistes, intoxiquée par des sermons, des catéchèses et des réunions d’aggiornamento d’inspiration socialo-communiste, protestantisée par la « nouvelle messe » de Paul VI, la majorité du clergé, des religieux et des fidèles est en train de glisser sans s’en apercevoir sur la pente du nouveau modernisme, et beaucoup d’entre eux, comme cela était déjà arrivé au XVIe siècle avec la pseudo-réforme protestante, ont déjà changé de foi, ayant abouti à une nouvelle religion soi-disant catholique, aussi brumeuse dans la doctrine que laxiste sur la morale. » 

Don Andrea Mancinella, 1962 : révolution dans l’Eglise, éd. Du Courrier de Rome

11 octobre

Le Pape critique sans le dire ses prédécesseurs au sujet du rapport de l’Église avec le monde, devenu apostat de la foi catholique  

     Discours d’ouverture du concile par le Pape Jean XXIII, qui fustige les « prophètes de malheur » et appelle l’Eglise à « se tourner vers les temps présents ». Pourtant, le 10 février 1952, le Pape Pie XII avait déclaré « le monde d’aujourd’hui court vers sa propre ruine (…) c’est un monde tout entier qu’il faut refaire depuis ses fondations », et le 14 juillet 1958 : « Aujourd’hui, l’ennemi de Dieu a saisi tous les leviers du pouvoir, et nous avons le devoir de nous lever contre la corruption et les corrupteurs. »



12 octobre 

     Jean XXIII nomme 14 nouveaux experts en plus des 201 déjà nommés. Il reçoit à la chapelle Sixtine les membres des missions extraordinaires envoyés par des gouvernements et des organismes internationaux pour les représenter au Concile.


      Rahner expose à Mgr Volk sa stratégie pour « remplacer par un nouveau schéma les schémas actuels de la commission théologique ».



13 octobre

Saint Edouard roi et confesseur 

     « Notre première victoire » Un cousin trahit…sur les lieux mêmes des études sacerdotales de son cousin Premier coup d’Etat dans la sainte Eglise : mainmise par les libéraux sur les membres des commissions du concile en rejetant les listes d’experts des commissions préparatoires. Leur première victoire, 45 ans jour pour jour après la dernière apparition de Notre Dame à Fatima. 


     Coup d’Etat du cardinal Liénart qui réussit à faire repousser les membres des commissions préparatoires au concile présentés par la Curie afin de constituer les commissions du concile, pour y mettre les créatures des libéraux-modernistes. Il prit le micro sans y être autorisé pour exhorter les pères à ce que le Pape demande aux conférences épiscopales de constituer leur propre liste de membres pour les commissions, au lieu de choisir les membres des commissions préparatoires. Le cardinal Frings se leva et appuya cette demande. La nuit précédente, au séminaire français, Mgr Garrone et Mgr Ancel avaient préparé et remis le texte du coup d’Etat au cardinal Joseph-Charles Lefebvre, cousin de Mgre Marcel Lefebvre, pour le donner au cardinal Liénart. Cela fut accepté par le Pape.


     Ce cardinal avait été initié à Cambrai en 1912 à la franc-maçonnerie (revue Tradition-Information n°7, p.21). En 1914 il était « Visiteur » soit 18° Rose-Croix, en 1924 « Chevalier Kadosh » soit 30°, grade de la vengeance dédié au combat contre le Catholicisme. Sur un tableau allégorique représentant le 30°, découvert pendant le régime du Maréchal Pétain, trois crânes sont représentés, deux humiliés et poignardés, le Pape et le Roi, le troisième couronné les domine, celui de Jacques de Molay du Temple. Il faisait partie de la future Licra, en compagnie du moderniste condamné Sangnier et du prêtre franc-maçon Viollet. Le Marquis de la Franquerie rencontrera à Lourdes un ancien franc-maçon, Achille Billiet, guéri miraculeusement, le 19 juillet 1932, d’une plaie suppurante depuis quatorze ans au pied gauche, guérison reconnue le 18 juillet 1933 par le Bureau des Constatations. Cet ancien franc-maçon lui raconta que du temps où il fréquentait une loge luciférienne à Cambrai, il y avait rencontré le Cardinal Liénart (source : Le réseau Rampolla et l’éclipse de l’Eglise catholique, Henri Barbier, ESR, 2020, p.159). 

     Léon XIII disait « le Christianisme et la franc-maçonnerie sont essentiellement inconciliables, si bien que, s’agréger à l’une, c’est divorcer de l’autre. » (Encyclique Humanum genus, 1884). Le Père Maximilien Kolbe disait : « De nos temps, le chef des ennemis de l’Eglise et du salut des âmes, c’est la franc-maçonnerie. Le principal, le plus grand et le plus puissant des ennemis de l’Eglise, c’est la Maçonnerie. » La maçonnerie, à l’œuvre derrière la révolution de 1789 comme le montrent l’abbé Barruel et Monseigneur de Ségur. Or Vatican II, c’est 1789 dans l’Eglise, d’après le bien en vue cardinal Suenens, voilà pourquoi ce jour marque le début de la 3e guerre mondiale, dixit Monseigneur Lefebvre. Au sortir de l’assemblée, un évêque hollandais s’écria à un ami prêtre : « Notre première victoire ».



15 octobre

Un nouveau schéma en préparation 

     Le Cardinal Suenens demande au père Philips (1899-1972) de rédiger un nouveau schéma De Ecclesia, il le fera avec Rahner, Congar, Ratzinger, et d’autres.



16 octobre

Sainte Hedwige veuve 

Deuxième victoire : l’élection de nouveau experts, acquis aux idées modernes-modernistes pour beaucoup

     L’aile libérale-progressiste obtient 49 % des sièges dans les dix commissions, dont 50 % dans la commission doctrinale, la plus importante, et 56% dans la liturgique, la plus sensible pour les fidèles car nous allons être directement soumis aux folies libérales et modernistes sans saveur et sans fruit pour nos âmes. 

     Le concile des théologiens néo-modernistes va alors commencer, tous ces théologiens condamnés par Pie XII qui reviennent en force à la faveur de ce coup d’Etat libéral, à la faveur de ce Pape imbu des idées modernes, libérales. Les de Lubac, Chenu, Congar, Rahner, Küng, et leurs compagnons de route vont se donner à cœur joie d’introduire leur ferment moderniste dans les textes du concile pour préparer leur révolution. 

     Leur stratégie : la dissimulation, fidèles aux modernistes du début du siècle comme les dénonçait saint Pie X dans Pascendi : « Telle page de leur ouvrage pourrait être signée par un catholique : tournez la page, vous croyez lire un rationaliste ». Schillebeeckx, dans l’hebdomadaire religieux d’Amsterdam De Bazuin le 23 janvier 1965, expert moderniste, récusait la technique de la dissimulation qu’un autre expert libéral avait avoué mener.



19 octobre

Saint Pierre d’Alcantara confesseur 

     Deuxième coup d’Etat et troisième victoire : réduire à néant l’œuvre de plusieurs années de préparation au concile par les commissions préparatoires en rejetant les schémas préparés Le père Schillebeecks réussit à faire rejeter les quatre premiers schémas dogmatiques préparés par les commissions préconciliaires, de doctrine traditionnelle. La porte était ouverte à des schémas assez flous pour permettre à toute sorte de nouveautés voire d’hérésies d’être déduites des textes à venir. Le père Raph M. WILTGEN, dans Le Rhin se jette dans le Tibre, p.22-24 et p.46-51, explique bien le rejet du schéma sur les sources de la Révélation.


     Deuxième congrégation générale. Les Pères conciliaires procèdent à l’élection des membres des commissions. Le premier schéma discuté sera celui sur la liturgie. Jean XXIII reçoit les membres du Conseil de présidence. 

     Une conspiration d’évêques et experts libéraux s’était formée le même jour chez Mgr Volk, de Mayence, pour rejeter ces schémas traditionnels, via delle Mura Aurelie, à la Mater Dei. Il y avait chez lui ce jour-là les évêques Bengsk (Berlin-Est), Garrone, Guerry, Ancel, Weber, Elchinger, Paul Schmitt (Metz), et les modernistes Rahner, Grillmeier, Küng, Schillebeeckx, Philips, Congar, Labourdette, de Lubac, Daniélou, Chenu, Rondet, Semmebroth. Congar note dans son Journal : « Objet : discuter et arrêter une tactique relativement aux schémas théologiques. » 

Le but était de démanteler les schémas théologiques. La discussion dura plus de trois heures et fut animée. 

L’importance de cette réunion est soulignée par les journaux des pères Chenu, Congar et de Lubac.



     Quatrième victoire, en repoussant l’idée d’un concile affirmant des dogmes ou des vérités de façon nette et précise : utiliser un langage ambigu, loin de la scolastique en usage dans l’enseignement des séminaires. 



Le combat pour la Tradition passera par un groupe d’évêques décidés à défendre la sainte Eglise 

     Lettre de Mgr Marcel LEFEBVRE au cardinal William GODFREY, (Archives du Séminaire d’Écône (ASE), E02-05, 001). Un premier groupe de combat s’est formé autour de Mgr Marcel Lefebvre dès les premiers jours du concile.

 Il s’est ensuite constitué de façon progressive au cours de la première session. Il s’agissait d’un regroupement anonyme de Pères conciliaires d’orientation traditionnelle, réunis spontanément pour lutter contre la direction que prenait le Concile.

 Il n’était donc question que d’un groupe d’évêques, des religieux déroutées par la tournure des événements, sans stratégie en raison de l’évolution imprévue et imprévisible du Concile, et mis sur la défensive, sans être en mesure pour le moment d’articuler une défense cohérente.



20 octobre

Saint Jean de Kenty confesseur

Premier message au monde et premiers errements 

     Communication des noms des membres élus de sept des dix commissions conciliaires. Pour chacune d’entre elles, il s’agit des 16 candidats ayant obtenu le plus grand nombre de voix ; pour qu’il en soit ainsi, Jean XXIII a accordé une dérogation à l’article 39 du règlement qui prévoyait une élection à la majorité absolue. Sur les 900 candidats des évêques progressistes, 79 furent élus.


     Publication d’un message des Pères conciliaires à l’humanité. Il aurait fallu, selon Monseigneur Lefebvre lors de sa première intervention publique au concile, davantage insister sur les biens surnaturels plutôt que sur la justice sociale et la paix, buts terrestres, humains, alors que l’Eglise donne l’accès à Dieu et à ses mystères surnaturels, divins, célestes. Louis XVI aura à cœur de professer sa foi dans les mystères surnaturels auxquels la sainte Eglise donne accès peu avant de mourir assassiné par les révolutionnaires. Le cardinal Haenan, archevêque de Liverpool, critique ce message car aucun mot sur les chrétiens persécutés par les communistes, torturés ou assassinés par millions depuis des décennies, ni sur les pères absents car déportés par les dictatures sanglantes à l’étoile satanique rouge. Les 15 évêques uniates ne s’associent pas à ce message.


Journal de Mgr Fenton 

     « A mon avis, l’Eglise sera durement frappée par le concile. L’opposition entre libéraux et fidèles catholiques sera mise à jour. »


22 octobre – 13 novembre 

Travaux sur le schéma sur la liturgie


     Le texte de la commission préparatoire est accepté comme base des discussions, il était déjà infecté de modernisme par les tenants du mouvement liturgique désaxé de la vraie spiritualité de la Croix. Schillebeckx, très progressiste, le loue : « un véritable chef-d’œuvre ».


22 octobre 

     Communication des noms des membres élus de trois commissions conciliaires dont le dépouillement du scrutin n’était pas achevé pour la congrégation générale du 20 octobre. 

     Une note sur les fonctions du Secrétariat pour l’unité des chrétiens est lue aux Pères conciliaires ; le Secrétariat est assimilé aux autres commissions conciliaires. 

     Intervention de Mgr Montini en faveur de l’abandon du latin dans la sainte Messe hormis les parties sacramentelles et sacerdotales.


23 octobre 

Grande conférence de presse de Mgr Van Bekkum (1910-1998, prêtre en 1935), évêque de Ruteng en Indonésie, Hollandais de naissance, formé à l’école du « mouvement liturgique ». 

     Il prône que les langues africaines et asiatiques puissent remplacer le latin dans la Messe, pour soi-disant revitaliser la liturgie et l’enrichir. Le battage médiatique, ce 4e pouvoir qui oriente les esprits des personnes si facilement, en particulier la télévision qui a été le principal instrument d’immoralité au XXe siècle, se fait aussitôt pour répandre les idées « révolutionnaires » de Mgr Van Bekkum.


24 octobre

Le cardinal Bacci, Mgr Parente et Mgr Staffa défendent la liturgie devant les pères. Mgr Borromeo, évêque de Pesaro, note « l’aigreur de presque tous les cardinaux étrangers contre la liturgie du rite romain et sa langue ».


     Intervention du cardinal McIntyre (1886-1979, prêtre en 1921, archevêque de Los Angeles), blason épiscopal ci-dessous : 


     « L’attaque contre le latin dans la Sainte Liturgie est, de manière indirecte mais réelle, une attaque contre la stabilité des dogmes sacrés, parce que la liturgie est en lien nécessaire avec les dogmes (…). Nous tous présents dans ce saint concile avons à l’esprit des exemples de changements fondamentaux intervenus dans la signification des mots des langues vulgaires actuellement vivantes. Il s’en suit que si la Sainte Liturgie était célébrée en langue vernaculaire, l’immutabilité de la doctrine serait en danger. Si les langues vernaculaires sont introduites, nous prévoyons d’innombrables interprétations des dogmes sacrés. Pour que soit exprimée la vérité éternelle de la doctrine, que les dogmes sacrés soient conservés sans changement de signification ni de forme ! (…) Des changements profonds dans la liturgie introduisent des changements profonds dans les dogmes. »




     Le père Benedikt Reetz 1897-1964), Supérieur Général de la congrégation bénédictine de Beuron, intervient également : « (…) il n’est pas nécessaire que les fidèles comprennent tout – nous-même prêtres ne comprenons pas tout !- mais il suffit qu’ils comprennent le sens global et non chaque détail particulier. La participation active des fidèles consiste moins dans le chant et la prière, que dans l’attention aux choses qui sont faites à l’autel. Saint Thomas parle déjà de ceux qui ne comprennent pas ce qui est chanté à l’église et a ces très belles paroles (II-II 91/2 ad 5) : Même si parfois ils ne comprennent pas ce qui est chanté, cependant ils comprennent pourquoi on le chante, à savoir pour la louange de Dieu ; et cela suffit à exciter la dévotion. »



26 octobre 

     Première réunion du groupe de « l’Eglise des pauvres » au collège belge à l’initiative du prêtre-ouvrier Paul Gauthier (1914-2002) qui après le concile quittera le sacerdoce pour se marier. Le cardinal Gerlier, archevêque de Lyon, préside cette réunion qui réunit onze autres évêques dont le cardinal Lercaro, archevêque de Bologne, accompagné de l’abbé Dossetti son théologien privé, qui connait bien Mgr Montini.


     

     Au séminaire français, le père Congar présente sa vision progressiste sur la Tradition. 28 octobre Article de l’Espresso : Vers la nouvelle théologie. Les pères conciliaires favorables au renouveau l’emportent. 

Les cardinaux Liénart et Frings sont portés au nues.



29 octobre

Concélébration, communion sous les deux espèces et mouvement anti-liturgique 

Belle défense de la tradition liturgique par Mgr Peruzzo :


    «   Je suis le dernier [à parler], mais je suis âgé, le plus âgé parmi vous, et peut-être n’ai-je pas tout compris ; pardonnez-moi donc si quelques précisions devaient vous déplaire. J’ai écouté beaucoup de remarques et de propositions contre la Sainte Tradition qui doit être gardée concernant l'usage de la langue latine dans la Sainte Liturgie, et plusieurs propos ont été pour moi un sujet d’angoisse et de crainte, ce que je vous exposerai brièvement, parlant d’une façon non pas théologique, mais historique. Je n'aime pas le mouvement anti-liturgique en raison de ses origines. 

Il est toujours d’une grande importance de prêter attention aux origines des familles, des institutions, des réalités, des doctrines : qui en est le père, qui la mère, qui le meneur. Si la source (l'origine) au début fut saine, l’eau sera facilement saine au cours du temps. Si la source est impure, il est difficile que l’eau se purifie. 

M’appuyant sur ces principes, j’ai devant mes yeux l’origine du mouvement anti¬liturgique : qui en sont les pères, qui les meneurs. Ce mouvement est né à la fin du XVe siècle et au début du XVIe. Les premiers anti-liturgiques furent les humanistes, véritables païens en Italie, meilleurs en France et dans les pays du Nord, sous la conduite d’Érasme, mais tous hésitants dans la foi. Ils ont été suivis à grands pas par beaucoup de nos frères qui se sont ensuite séparés de l’Eglise catholique. D'eux sont nés les jansénistes, en Italie les partisans du synode de Pistoie, et enfin les modernistes : voilà la compagnie dont beaucoup ont pris leur manière de parler. 

En revanche, parmi les promoteurs de ce mouvement, je ne trouve aucun saint évêque. Ceux-ci, de saint Charles Borromée à saint Antoine- Marie Claret, de saint François de Sales à saint Alphonse, anciens et nouveaux, ont tous adhéré à la Tradition latine

Ce fait doit nous rendre prudents devant les nouveautés. On abandonne facilement la route ancienne et sûre ; mais vers quel gouffre ces nouveaux sentiers pourraient-ils nous conduire ! Érasme écrivait dans sa préface à l'évangile de saint Matthieu : “Voilà qui apparaît inconvenant et ridicule, que des gens simples et de petites femmes, comme des perroquets, marmonnent les psaumes et les prières dominicale dont ils ne comprennent pas le sens". Cette proposition qui semble simple et juste, fut condamnée par l'Université de Paris comme impie, erronée et susceptible de causer de nouvelles erreurs ; lisez Duplessy. Ce jugement nous semble exagéré, mais il fut prophétique. 

Tous ceux qui ont réclamé ne serait-ce qu'une réduction de la place de la langue latine dans la liturgie, ont toujours donné la même raison, aujourd’hui comme hier : le but est de mieux instruire le peuple et de l'exciter à une foi et à une charité plus grandes. Dans la Confessio Augustana (Augsbourg), on ne demanda rien d’autre que du chant populaire en langue courante pendant la célébration de la Messe. Mais que se passa-t-il ? 

L'introduction de la langue vulgaire pendant la Messe, en général, fut le premier acte de séparation d’avec notre Sainte Mère l’Église. Cette grave affirmation n’est pas de moi, mais de dom Guéranger, qui est le vrai père du renouveau liturgique. Voici ses propres mots : “Pour une raison inconnue que nous ne parvenons pas à nous expliquer, lorsque l’on sécarte de la langue liturgique, même avec une dispense du Souverain Pontife, on aboutit presque toujours à faire schisme et à rompre complètement avec l’Église catholique’’. Ce qu’il affirme, il le prouve, comme vous pouvez le lire au livre III de ses Institutions liturgiques. 

Ces mots, ces faits doivent nous rendre extrêmement prudents dans une question d’une telle importance. J’exposerai brièvement une troisième raison : la fidélité que les évêques doivent avoir plus que tous envers le Souverain Pontife : c’est évident. Depuis presque cinq siècles, les Souverains Pontifes ont employé avec fermeté prières, sollicitations et menaces pour défendre la langue latine dans la Sainte liturgie. À l’époque contemporaine, de Léon XIII jusqu ’au Souverain Pontife régnant, d'une seule voix, ils ont recommandé, par différentes Lettres Apostoliques, la nécessité de la langue latine dans la sainte liturgie. Chers frères, ces dispositions ne sont-elles qu’un conseil ou donnent-elles un ordre ? Les discussions contraires sont libres ; mais il me paraît convenable de les faire à mi-voix et dans l’obéissance au Souverain Pontife. Tous demandent que les chrétiens aujourd’hui deviennent meilleurs. Travaillons tous dans ce but ; car l’histoire nous enseigne que la sanctification des âmes peut être unie à la liturgie, mais ce que notre sainteté exige principalement c'est la force de notre foi, l’héroïsme de l’apostolat, l’esprit de prière et de pénitence, et même cette grande dévotion extérieure qui conduit le peuple à Dieu. Pardonnez mon audace et priez pour moi aussi ! »


     Les cardinaux Alfrink et Béa affirment que la communion sous les deux espèces était une pratique biblique, mais la cardinal Ruffini rappelle que les décrets des conciles de Constance et de Trente s’y opposent.


     Mgr Van Cauwelart (1906-1989), bénédiction belge ordonné en 1931, évêque d’Inongo au Zaïre, se prononce pour la concélébration au nom de 262 évêques. Mais ce n'est pas le nombre qui fait la vérité de toutes façons, ni l'autorité, Dieu seul est la vérité : même une enfant de cinq ans peut et doit s'opposer à son évêque si celui-ci lui dit "Non, Dieu n'est pas Trinité. -Mais mon cathéchisme me dit le contraire, je crois mon catéchisme." Mgr Dante s’oppose à ces deux nouveautés.


30 octobre

Un cardinal humilié 

     Le cardinal Ottaviani intervient pour protester contre les modifications radicales que certains voulaient faire subir à la liturgie sacrée. Il dépassa les dix minutes allouées, le micro lui fut coupé sur ordre du cardinal Alfrink. Humilié, il dut se rasseoir. Des applaudissements nombreux venant de secteurs de l’aile gauche, marqués de la lettre G, s’ensuivirent, montrant de quel côté penchaient certains pères du concile. 

     Voici son intervention : « L’Ordo Missae est établi depuis des siècles ; la Messe est le cœur de tout le culte liturgique ; c’est une matière suprêmement sainte, bien connue de chacun des fidèles, lesqules, notamment grâce au travail pastoral liturgique, en connaissent bien chaque partie ; et il se peut qu’un trop grand changement ne produise de l’étonnement, voire du scandale. Il s’agit d’une matière éminemment sainte qui ne peut être modifiée à son gré par chaque génération ; d’une matière sainte au suprême degré, dont on doit traiter avec respect et révérence, et à laquelle on ne doit toucher qu’avec précaution. Nous viennent maintenant à l’esprit les paroles adressées par Dieu à Moïse alors qu’il approchait du buisson ardent : Enlève ta chaussure, car le sol que tu foules est une terre sacrée. Soyons donc très circonspect en proposant des réformes de la Messe. »



Armes épiscopales du cardinal Ottaviani


5 novembre

La messe conciliaire approche 

     Mgr Duschak (1903-1997, Allemand, de la Société du Verbe Divin, ordonné en 1930, évêque d’Abidda), prône une « messe œcuménique » basée sur la Cène, afin de créer « une formule de la messe adaptée à la mentalité de l’homme moderne ». Il souhaite une messe célébrée à haute voix, en langue vulgaire et à l’envers face aux fidèles.



7 novembre

La sainte Eglise dans la cacophonie 

     Mgr D’Souza demande pour les conférences épiscopales le droit « d’adapter la liturgie des sacrements » par les langues vulgaires en particulier, faisant automatiquement perdre à la Curie ses prérogatives de contrôle et vérification des rites. 

Le père Wiltgen (Le Rhin se jette dans le Tibre, p.42) note que le parti progressiste « voulait que les conférences épiscopales fussent autorisées à prendre certaines importantes décisions en matière d’usages liturgiques ». 

Le cardinal Léger propose de liquider le bréviaire, en le réduisant pour les prêtres à Laudes, Vêpres et les lectures.



9 novembre

Défense du bréviaire 

Le cardinal Wyszynski (1901-1981), cardinal archevêque de Varsovie et Gniezno, primat de Pologne, et le cardinal William Godfey (1889-1963, prêtre en 1916), archevêque de Westminster prennent fermement la défense du bréviaire. 


     Voici l’intervention du cardinal Wyszynski :


     « Le bréviaire romain [...] constitue un lien d’union très fort de l'Église en prière, de tout le Corps Mystique du Christ, du Souverain Pasteur, des évêques, des prêtres et des fidèles. Il a souvent été une source de consolation pour tous ceux qui ont souffert la persécution dans les prisons et dans les camps qu’on appelle couramment “de concentration ”. 

Ce que ces hommes savent dire sur la douceur de la récitation du Bréviaire Romain est exprimé, au moins en partie, par l’acte héroïque de ce Saint Martyr, apôtre de la Moravie, de la Bohême et de la Hongrie, qui, en chaînes, empêché de tourner les pages du bréviaire de ses mains tachées de sang, les tourna à l'aide de sa langue. 

Je voudrais presque passer sous silence les objections de ceux qui disent ne pas avoir le temps suffisant pour la récitation du Saint-Office. Cet argument me semble faible et injurieux au plus haut degré pour les prêtres pieux et bons. Avec quelle force, quelle piété et de quelle façon étonnante les apôtres ont rejeté de telles instigations, comprenant que la prière est un don immense. 

Nous ne devons pas penser autrement, nous qui sommes à la tête de l'Eglise de notre époque. Nous sommes d’avis qu’il est plutôt besoin d’une prière le plus possible assidue, constante et profonde. 

Nombreux sont dans le Bréviaire Romain les textes qui proviennent des époques les plus reculées, comme les oraisons, qui ne peuvent absolument pas être traduites en vernaculaire, sans risquer qu’elles ne perdent leur sens théologique, exprimé d’une façon synthétique, sanctionnée par tant de siècles. Il suffit de penser aux nombreuses versions du Missel Romain en langue moderne, qui abondent en défauts et erreurs. S’il était traduit en langue moderne, le Bréviaire Romain cesserait d'être un encouragement pour les élèves des séminaires à apprendre la langue latine, dont l'étude tient tant à cœur au Souverain Pontife. 

Tous ces changements détourneraient trop nos esprits et nos cœurs du Missel Romain, de la Vulgate, des écrits des Pères. Les prêtres de rite latin, enfin, perdraient la capacité d’utiliser la langue latine, lien très puissant d’unité. Cette langue nous rend les plus grands services, à nous qui sommes réunis dans ce Concile ».





     Voici celle du cardinal William Godfey :




     « J’en ai fait l'expérience dans une très grande paroisse pendant deux ans, et j'ai suivi les paroisses de deux grands diocèses pendant de nombreuses années. Jamais, jamais, je n'ai entendu des prêtres dire qu'ils n 'avaient pas le temps de réciter l'Office divin. 

Je reconnais, certes, qu'il peut exister une difficulté dans certaines régions ; mais il serait moins sage, si je ne me trompe, d’édicter des règles universelles pour tout le clergé dans ce concile du Vatican. On dit parfois qu’on risque de tomber dans ce qu’on appelle “l'hérésie des bonnes actions ", c ’est-à-dire de placer l'activité pastorale au-dessus de la prière, comme si la prière était chose subordonnée à l'activité pastorale. 

A mon humble avis, c'est un vrai danger. L'Office divin a déjà été suffisamment abrégé. Nous arrivons à trouver du temps pour des affaires diverses de plus petite importance. Ne devons-nous pas conserver l’Ofjice divin comme nourriture essentielle et soutien de notre labeur, bâton pastoral tant de notre jeunesse que de notre vieillesse ? Je vous prie, vénérables Pères, de ne pas abandonner facilement les traditions précieuses. 

N’ayons pas l'air, vénérables frères, de souffrir du "complexe de la nouveauté ”, de sorte qu ’on ne ferait rien dans ce Concile si tout n'était pas sujet à nouveauté ».




Le secrétariat pour « l’unité des chrétiens » se réunit à l’Hotel Columbus pour élaborer sa stratégie d’action. Il se réunira au même endroit le 16 novembre.



13 novembre

Saint Joseph honoré 

     Le cardinal Cicognani annonce que le Pape, à la demande de nombreux pères, a décidé d’introduire le nom de saint Joseph dans la prière eucharistique, immédiatement après le nom de la Très Sainte Vierge Marie. La décision ne plut pas aux liturgistes et aux acteurs du dialogue œcuménique.



Du 14 au 17 novembre : vote sur les chapitres discutés.



14 – 21 novembre 

Travaux sur le schéma sur les sources de la Révélation



     A consulter : étude du Père Emmanuel-Marie o.p., Le Sel de la terre n°55, p.16-38 ; Cardinal Billot s.j. Tradition et modernisme, traduction et réédition, Courrier de Rome, Versailles, 2007. 

     Pour la doctrine catholique traditionnelle, la sainte Tradition est la source première de la Révélation, fondant les saintes Ecritures dont le canon nous est donné par notre mère la sainte Eglise romaine. Cette Tradition est constitutive de notre foi. Pour les modernistes, la Tradition est uniquement interprétative de la révélation qui est uniquement dans les saintes Ecritures. L’absurdité de cette position est révélée par l’histoire : avant d’écrire, les apôtres et évangélistes ont enseigné par oral. Donc la révélation divine a d’abord été enseignée de vive voix, avant d’être consignée par écrit. 



14 novembre

Le vrai langage de notre Mère la sainte Eglise

     Le Cardinal Ottaviani s’exprime sur ce que doit être le langage du concile, à l’école de la sainte Eglise dans ses définitions et conciles antérieurs : « sed notandum est Concilium loqui concinnate, lucide, breviter. » Saint Thomas dans le prologue à sa Somme théologique affirme que le langage de la théologie doit s’exprimer « breviter et dilucide ». Avec force, netteté. 

     Puis il expose le schéma sur les sources de la Révélation. 

     Aussitôt, le feu nourri de ses adversaires se déchaîne. Les cardinaux Frings, puis Liénart (« trop scolastique »), Léger (« en contradiction avec l’esprit de Jean XXIII »), et Bea (« manquant de caractère pastoral ») l’attaquent avec verve. 

     Les cardinaux Ruffini et Siri prennent sa défense en rappelant l’importance constitutive de la Tradition dans la foi catholique. Ce dernier affirme la nécessité de confirmer l’enseignement de saint Pie X, puisque les erreurs du modernisme empoisonnent la sainte Eglise.

     Le père Schauf rapporte une réunion des progressistes allemands de ce jour en ces termes : « une conspiration et une réunion politique plus qu’une discussion théologique ». (Ruggieri, Le premier conflit doctrinal, p.304). 


     Le même jour, Mgr Lefebvre accepte de faire partie du futur Coetus, qui se réunit Corso Italia, à la procure des Pères du Saint Esprit.



     Le schéma sur la liturgie fut approuvé « de principe » par 2 162 placet, 46 non placet et 7 bulletins nuls.



15 novembre

Ils sont de retour 

     Le Times titre : « Les modernistes en action au concile Vatican II ».



18 novembre

Ils font du concile leur chose, ces progressistes 

     Nouvelle réunion chez Mgr Volk. Il est convenu de rejeter tout LANGAGE CLAIR mais d’adopter un schéma AMBIGU par méthode discursive « et l’on exclut la méthode des propositions simples, serrées, finalisées par l’affirmation des vérités ou par la condamnation des erreurs » comme le note le cardinal Siri (Il post-concilium, p.178).



19 novembre

Dénonciation publique 

     Congar est invité à parler au collège Capranica, où Mgr Calabria l’accuse publiquement de modernisme.


Une belle défense de l’inerrance biblique par Mgr de Proença Sigaud qui affirma que les très graves erreurs condamnées par Pie XII, dans l’encyclique Humani generis, existaient toujours et que leur venin contaminait encore l’Église. Mais son discours fut prononcé dans une ambiance de chuchotements et de confusion, si bien que l’attention de beaucoup de pères fit défaut. Voici ses paroles :


     « Ceci, mes Pères conciliaires, il ne nous est pas permis de l’ignorer ou de le nier, sauf à manquer gravement à notre devoir [...]. Il s’agit d’une question de vie ou de mort de l’Église, voire de la chrétienté elle-même. Ces erreurs se répandent toujours dans l’Èglise ; outre les erreurs dans les domaines social et moral, se répandent particulièrement les erreurs à propos de la Sainte Écriture et de la Tradition, c ’est-à-dire des deux sources de la Révélation.

     De fait, dans le domaine biblique, il s’agit, pour de nombreux catholiques, de nier pratiquement la valeur historique de presque toute la Sainte Écriture. On nie la valeur historique de tout le Pentateuque qui, à ce qu ’on dit, n 'aurait pas du tout Moïse pour auteur. La création de l’homme, le péché au paradis terrestre, la vocation d’Abraham, le déluge, sont réduits au niveau de fables et de légendes. 

Les histoires du peuple hébreu dans le désert, des patriarches, de Moïse, des Juges, sont considérées comme de pures épopées, du genre littéraire qu ’on appelle “chanson de geste ”, et doivent être mises sur le même plan que d’autres du même genre, par ex. les Nibelungen, la Chanson de Roland ou le Cid. David est une figure du même genre, presque une sorte de Siegfried. Les histoires de Judith, d’Esther, de Ruth, de Tobie sont réduites, avec un sourire de commisération, au genre des petites histoires pieuses et imaginaires, sans tenir aucun compte du magistère de l’Èglise, des saints Pères et de la Tradition. L'histoire du prophète Jonas est renvoyée d’un grand geste parmi les fables. On ne reconnaît rien d’historique chez les prophètes. Dans cet immense naufrage ne surnagent peut-être, comme récits historiques, que les chroniques de Salomon et Néhémie. 

S’il s’agit du Nouveau Testament, il ne reste presque plus rien d’historique. Les chapitres de saint Luc sur la vision de Zacharie, sur l’Annonciation, sur la Visitation, sur la Nativité du Christ, sont considérés comme des parties poétiques issues de la piété et de l’imagination. L’ange Gabriel n 'aurait jamais été physiquement présent dans la maison de Marie à Nazareth. Il s'agirait de pieux récits. Ce que saint Matthieu raconte sur la conception du Christ et sur les Mages ne mérite pas un sort meilleur. Les Mages ne sont jamais venus d’Orient à Bethléem et n 'ont jamais trouvé l’Enfant avec Marie sa mère. La scène tout à fait fondamentale pour la foi catholique de la confession de saint Pierre à Césarée de Philippe a été créée de toutes pièces pour justifier la primauté de Pierre. La résurrection du Christ, dit-on, doit être considérée à la façon des apothéoses hellénistiques. 

     Ces thèses ne sont pas enseignées seulement par des chercheurs non catholiques. Elles sont prêchées à nos religieuses dans les conférences et les congrès. Elles sont transmises à nos séminaristes comme la véritable exégèse. Elles sont présentées aux fidèles dans les revues catholiques. Elles nous sont présentées, à nous les évêques, dans cette auguste ville de Rome elle-même, comme les derniers fruits de la véritable herméneutique. Telle est la réalité qu 'il ne nous est pas permis d’ignorer. Elle démontre l'urgente nécessité d’un acte magistériel du Concile qui mette fin à une si grande et si néfaste confusion de la doctrine et des âmes »



20 novembre 

Le fattacio 

But des progressistes : évacuer le schéma sur les sources de la Révélation préparé par la commission préparatoire au concile. 

     Un vote est établi sur l’opportunité d’interrompre les discussions sur le schéma. Les progressistes mettent en place une stratégie pour évacuer le schéma traditionnel, en posant la question « Faut-il interrompre la discussion ? ». 

Ceux qui sont favorables devraient voter « non placet » pour continuer la discussion, et les autres « placet » pour retirer le schéma et le faire oublier. 

Mais beaucoup votèrent placet sans se douter du mécanisme… 

Mgr Borromeo, dans son Journal du jour, appelle cette stratégie le « fattacio », le crime : « Je pense que ceux qui liront ces nouvelles dans quelques années auront du mal à croire que, lors d’un concile œcuménique, ces expédients ont été utilisés par une faction tenace et déterminée à imposer son point de vue par tous les moyens ». 


1368 Pères conciliaires votent en faveur de l’interruption ; 822 votent contre, 19 bulletins étaient nuls. Selon le règlement du Concile, il fallait la majorité des deux-tiers pour que l’étude soit interrompue. Celle-ci n’étant pas atteinte, les Pères doivent poursuivre la discussion. 


21 novembre 

     On fait savoir aux Pères conciliaires que Jean XXIII, violant le règlement du concile, après s’être assuré du soutien des progressistes, a décidé d’ajourner le débat et de confier la révision du schéma sur les sources de la Révélation à une Commission mixte composée de la Commission doctrinale et du Secrétariat pour l’unité des chrétiens. Cette décision eut un grand effet psychologique : le Pape lui-même repoussait un schéma préparé par les commissions romaines.

Mgr Edleby, dans son Journal, note : « A la Salvaor Mundi tous sont dans la joie car il faut dire que dans cette hôtellerie nous sommes tous des progressistes d’avant-garde (…) ». Le soir même, l’éditeur hollandais Paul Brand propose à Rahner la fondation d’une revue progressiste, ce sera Concilium.


3 – 27 novembre 

Travaux sur le schéma sur les moyens de communication sociale



23 novembre

Trois schémas 

     Ouverture de la XXVe congrégation générale. Trois schémas sont distribués : 

  1. Sur l’Eglise avec une annexe sur la Très Sainte Vierge Marie.

  2. Un avec un chapitre sur l’œcuménisme.

  3. Un sur l’œcuménisme catholique.

     Les progressistes demandent de fondre les trois schémas en un seul afin de modifier celui sur l’œcuménisme, préparé par la Commission théologique, avec lequel ils étaient en complet désaccord.



24 novembre

Le vrai langage de notre Mère la sainte Eglise 

     Dix-neuf cardinaux dont les cardinaux Siri, Antoniuitti, Bacci, Marella, Ottaviani, Ruffini, Taglia, demandent dans une lettre au Pape de « garantir la Foi catholique contre les erreurs et les déviations répandues un peu partout ».


25 novembre 

     Alberigo, proche de Dossetti, remet à de Lubac un mémoire des mesures à prendre pour limiter le pouvoir des présidents de commission et instituer un organisme de coordination entre les sessions. Ce projet est ensuite présenté par Döpfner au Pape.



26 – 30 novembre 

     Travaux sur le schéma sur l’unité de l’Église, préparé par la Commission pour les Eglises orientales. 

Le secrétaire général prend la décision de fondre en un seul les trois schémas préparés sur la question.


27 novembre

Deuxième intervention de Monseigneur Lefebvre

     Monseigneur Lefebvre propose des schémas par thème, avec un volet doctrinal, à destinationdes évêques, prêtres, professeurs de séminaire, théologiens, précis, sur le modèle des canonsdu concile de Trente et de Vatican I, et un volet pastoral, avec un langage moins précis, un but plus immédiatement spirituel, à destination davantage de l’ensemble des fidèles. Proposition rejetée par les libéraux et progressistes, qui aiment vivre dans un climat d’ambiguïté.

     A la Domus Mariae, réunion des évêques italiens. Le cardinal Siri à Mgr Borromeo : « Il y a trois, tout au plus quatre personnes qui font le bon et le mauvais temps au concile, avec l’aide d’une clientèle et d’une organisation que malheureusement nous n’avons pas. » 


30 novembre 

Conférence du Cardinal Ruffini à la Domus Mariae sur les deux sources de la Révélation, et le rôle prééminent de la Tradition



1er - 7 décembre 

Travaux sur le schéma sur l’Église


1er décembre

     Le cardinal Ottaviani présente le schéma remanié. 

Le cardinal Liénart répond et refuse d’identifier le Corps Mystique de Notre Seigneur Jésus-Christ avec la sainte Eglise catholique. Mgr De Smedt offre une logorrhée sentimentaliste pleine de mots creux (« juridisme, triomphalisme »). Les cardinaux Döpfner, Frings, Suenens, Bea et Montini critiquent également le schéma. 

     Vote sur l’opportunité de fondre le schéma sur l’unité de l’Église, préparé par la Commission pour les Églises orientales, avec le schéma sur l’œcuménisme, préparé par le Secrétariat pour l’unité des chrétiens, et le chapitre XI du schéma sur l’Église. 2 068 Pères votèrent en faveur de cette proposition et 36 contre. Il y eut 8 bulletins nuls. 


3 décembre 

Journal de Mgr Borromeo : 

     « Nous sommes en plein modernisme. Non pas le modernisme naïf, ouvert, agressif et batailleur de l’époque de (saint) Pie X, non. Le modernisme d’aujourd’hui est plus subtil, plus camouflé, plus pénétrant et plus hypocrite. Il ne veut pas soulever une autre tempête, il veut que l’Eglise tout entière se retrouve moderniste sans s’en rendre compte.(…) Le modernisme d’aujourd’hui sauve le Christianisme tout entier, ses dogmes et son organisation, mais il le VIDE ENTIEREMENT ET LE RENVERSE. Ce n’est plus une religion qui vient de Dieu, mais une religion qui vient directement de l’homme et indirectement du divin qui est dans l’homme. » 


4 décembre 

     Le cardinal Suenens présente un projet alternatif, dont les principes viennent de l’université de Louvain, contaminée depuis vingt-cinq ans par des philosophies déviantes, phénoménologistes, de Husserl et Heiddeger en particulier. Cela depuis que Suenens lui-même en avait été le recteur de 1940 à 1945. A la même époque presque, Mgr Lefebvre dirigeait le séminaire de Mortain, où il faisait découvrir avec bonheur la richesse de saint Thomas d’Aquin, ancré dans la philosophia perennis à l’école d’Aristote, à ses élèves.

     Jean XXIII confie au cardinal Suenens le soin d’élaborer un nouveau schéma sur les rapports entre l’Eglise et le monde, celui qui deviendra Gaudium et spes. Lors de la deuxième session, la rédaction sera enlevée aux cardinaux Ottaviani et Cento pour être confiée à un groupe progressiste, dont Mgr Guano fera partie. 


5 décembre 

     Institution d’une Commission de coordination pour organiser et diriger les travaux conciliaires pendant l’intersession. Elle est composée de six membres (les cardinaux Liénart, Döpfner, Suenens, trois beaux partisans de l’aile libérale et progressiste, et Confalonieri, Spellman et Urbani) et d’un président (le cardinal Cicognani). Un fascicule contenant les sujets qui qui ont été et seront traités à Vatican II est remis aux Pères conciliaires : le nombre de schémas a été réduit à 20 (les commissions préparatoires avaient rédigé 73 schémas). 


6 décembre 

     Le règlement pour l’intersession édicté la veille par Jean XXIII est communiqué aux Pères conciliaires. 


7 décembre 

          Dernière congrégation générale de la session. Jean XXIII se rend dans l’aula. Il prononce une allocution dans laquelle il revient sur le thème de « Nouvelle Pentecôte ». Pourtant la plénitude des temps est arrivée par l’incarnation du Fils de Dieu et sa Passion rédemptrice, de Pentecôte il n’y en a qu’une.


Déjà, en 1892, un abbé démocrate, donc libéral et favorable à l'hérésie du peuple souverain, l’abbé Félix Klein, prophétisait une « nouvelle Pentecôte » sur l’Église de France, avec des accents millénaristes annonciateurs d’un aggiornamento latent qu’il appelle de ses vœux :

"tout semble annoncer, pour le siècle qui déjà se lève, la réconciliation entre l’Église et le monde moderne, entre la démocratie et la papauté."

Abbé Félix Klein, Nouvelles tendances en religion et littérature, Librairie Victor Lecoffre, Paris, 1892, p. 77 et 110, cité par Roberto de Mattéi, Le Ralliement, p. 184.

C'était le fruit du mauvais ralliement à la république, de fait maçonnique et contre Dieu Notre Seigneur, imposé frauduleusement par Léon XIII aux catholiques de France.


8 décembre 

     Clôture solennelle de la première session.


Armes épiscopales de Mgr de Castro Mayer

Vatican II a été une « véritable invasion de la pensée mondaine dans l’Eglise » Paul VI, 24 avril 1973

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