Causes et origines de la crise de l’Église
Le protestantisme : négation du surnaturel
Le siècle des “Lumières”
Les fausses libertés
La condamnation du “Sillon”
Les Papes du XIXe siècle face au libéralisme
Il y aurait beaucoup de choses à dire sur tous ces sujets dont je vous ai déjà parlé, mais je voudrais que vous sachiez bien que ce ne sont pas des opinions personnelles que je vous donne et c’est pourquoi je tiens à vous faire part de documents, de documents des papes et non pas d’une impression, d’un sentiment personnel qu’on attribuerait facilement à une formation première, ou disons parce que eh bien j’ai été au Séminaire Français au temps du père Le Floch qui a laissé un nom de traditionalisme très marqué, et donc bien sûr il a été influencé par ce qu’on lui a dit dans son séminaire ! Mais je remercie tous les jours le Bon Dieu de m’avoir donné comme supérieur de séminaire le père Le Floch et quand on l’a accusé de faire de la politique, cela a été bien à tort. Rarement, ou peut-être même jamais le père Le Floch ne nous a parlé de la crise de l’Action Française qui sévissait au moment où nous étions au séminaire et qui remuait tant l’opinion publique.
Mais ce dont il nous a constamment parlé, c’était précisément du danger, du danger du modernisme, du danger du sillonisme, du danger du libéralisme et c’est se basant sur les encycliques des papes que le père Le Floch arrivait à nous convaincre du danger de toutes ces erreurs et je voudrais… si je le fais maintenant, c’est pour vous communiquer cette conviction que nous devons prendre garde à toutes ces erreurs qui sont difficiles à déceler.
Pourquoi ? Parce qu’elles se présentent toujours sous des termes équivoques, toujours sous des termes ambigus. Alors il est difficile, si l’on n’étudie pas le problème, de se rendre compte des dangers que comportent, que portent ces mots en eux, ces idées qui peuvent être bien interprétées mais qui sont prises à dessein et qui sont choisies à dessein par les ennemis de l’Eglise précisément pour, sous un aspect de bonté, sous un aspect qui peut être bien pris, faire passer leurs idées subversives et leurs idées de révolution.
Je voudrais vous lire quelques passages de la lettre ou plutôt de l’allocution qu’a prononcée le pape Pie VI au Consistoire le 17 juin 1793 après l’assassinat de Louis XVI. Il rappelle en quelques mots comment il y a un lien entre la décapitation de Louis XVI et le mouvement subversif qui s’était préparé depuis longtemps et dont Léon XIII que je vous citais en parlait lui aussi dans ses encycliques. « Depuis longtemps déjà les Calvinistes avaient commencé à conjurer en France la ruine de la religion catholique. Mais pour y parvenir il fallait préparer les esprits et abreuver les peuples de ces principes impies que les novateurs n’ont cessé de répandre dans les livres qui ne respiraient que perfidie et sédition. C’est dans cette vue qu’ils se liguèrent avec des philosophes pervers. L’assemblée générale du clergé de France de 1745 avait découvert et dénoncé les abominables complots de tous ces artisans d’impiété et nous-mêmes, dès le commencement de notre pontificat, prévoyant les exécrables manœuvres d’un parti aussi perfide nous annonçâmes le péril imminent qui menaçait l’Europe dans notre lettre encyclique adressée à tous les évêques de l’Eglise catholique auxquels nous parlions en ces termes. “Arrachez le mal au milieu de vous, c’est-à-dire éloignez de la vue de vos troupeaux avec une grande force et une continuelle vigilance tous ces livres empestés” — En ce temps-là, les papes n’avaient pas peur d’employer les mots qu’il fallait — Si l’on eut écouté nos représentations et nos avis, nous n’aurions pas à gémir maintenant des progrès de cette vaste conspiration tramée contre les rois et contre les empires. Ces hommes dépravés, remarquant bientôt qu’ils avançaient rapidement dans leur projet reconnurent que le moment d’accomplir leur dessein était enfin arrivé — alors je passe quelques paragraphes — […] Aussi a-t-on publié dans la vie de l’impie Voltaire que le genre humain lui devait une éternelle action de grâces comme au premier auteur de la Révolution française. C’est lui, dit-on, qui en excitant le peuple à sentir et à employer ses forces a fait tomber la première barrière du despotisme : le pouvoir religieux et sacerdotal. Si l’on n’eût pas brisé ce joug on n’aurait jamais brisé, ajoute-t-on, celui des tyrans ; l’un et l’autre étaient si étroitement unis que le premier une fois secoué, le second devait l’être bientôt après. En célébrant comme le triomphe de Voltaire la chute de l’autel et du trône, on exalte la renommée et la gloire de tous les écrivains impies qui apparaissent comme autant de généraux d’une armée victorieuse. Après avoir ainsi entraîné, par toutes sortes d’artifices, une très grande portion du peuple dans leur parti pour mieux l’attirer par leurs œuvres, par leurs promesses, ou plutôt pour en faire leur jouet dans toutes les provinces de la France, les factieux se sont servi du mot spécieux de liberté, ils en ont arboré les trophées, ils ont invité la multitude à se réunir sous ses drapeaux qu’ils ont déployé de tous côtés. C’est bien là véritablement cette liberté philosophique qui tend à corrompre les esprits, dépraver les mœurs, renverser toutes les lois et toutes les institutions. De là vient que l’assemblée du clergé de France témoigna tant d’horreur pour une pareille liberté quand elle commençait à se glisser dans l’esprit du peuple par les maximes les plus fallacieuses. Ces avocats tant vantés du genre humain ont ajouté au mot faux et trompeur de liberté un autre mot qui ne l’est pas moins, celui de l’égalité. Comme si entre des hommes réunis en société, pourvus de facultés intellectuelles si différentes et ayant des goûts si opposés et une activité si déréglée, si dépendante de la convoitise individuelle, il ne devait y avoir personne qui réunit la force et l’autorité nécessaire pour contraindre, réprimer, ramener au devoir ceux qui s’en écartent afin que la société, bouleversée par tant de passions diverses et désordonnées, ne soit pas précipitée dans l’anarchie et ne tombe pas entièrement en dissolution. C’est de ce laboratoire qu’est sortie cette constitution sacrilège que nous avons réfutée dans notre réponse du 10 mars 1791 à l’exposition des principes qui nous avaient été soumis par trente évêques. C’est ici le lieu d’appliquer les paroles de saint Cyprien : d’où vient que les chrétiens sont jugés par les hérétiques, les hommes sains par les malades, ceux qui sont intacts par ceux qui ont reçu des blessures, ceux qui sont debout par ceux qui sont tombés, les juges par les coupables, les prêtres par les sacrilèges ? » C’est peut-être bien ce que l’on pourrait dire un peu maintenant, les bons prêtres sont jugés par les sacrilèges, nous y sommes ! — Que reste-t-il donc à faire de plus que de soumettre l’Eglise au capitole ? » C’est une prophétie à ce moment-là, une prophétie, parce que c’est en 1870, quand le gouvernement italien a pris possession des états pontificaux et que le capitole est devenu le symbole, avec ce fameux monument de Victor-Emmanuel qui domine la place de Venise placée sur le capitole, contre l’Eglise n’est-ce pas, pour montrer, manifester la toute puissance de l’Etat civil contre l’Eglise en prenant les Etats pontificaux. Et l’Eglise ne s’est jamais relevée de cette blessure qui lui a été faite. C’est très bien, le pape Pie XI a fini par accepter évidemment la situation de fait qui lui était imposée en acceptant de faire un concordat avec l’Italie et avec Mussolini. Sans doute c’était peut-être mieux, il a jugé que c’était mieux de faire cela, mais il est bien certain que jamais le pape n’a recouvré véritablement le pouvoir et l’autorité qu’il avait tandis qu’il avait sa liberté dans ses Etats pontificaux. Ainsi les papes, vous le voyez bien trouvent dans ces principes des philosophes du 18e siècle et dans la révolution française les principes corrupteurs de la société. Et ça a été le premier objectif de ces impies, on peut dire inspirés par Satan, inspirés par le démon, inspiré par les sectes maçonniques — tout cela a été préparé dans les sectes maçonniques n’est-ce pas — parce qu’il fallait détruire la société civile telle qu’elle était parce que la société civile soutenait l’Eglise, elle était donc le rempart de la foi, il fallait donc détruire ce rempart de la foi. Une fois détruit ce rempart de la foi, on arriverait facilement à s’introduire à l’intérieur de l’Eglise. Tant qu’il y avait ce rempart politique qui entourait l’Eglise, qui la protégeait, qui la soutenait dans sa foi et qui soutenait les fidèles dans leur foi car on a beau dire, on dira ce qu’on voudra, les institutions politiques ont été créées par Dieu pour défendre la foi des fidèles, pour défendre la vérité. La société civile est une créature de Dieu, c’est une société naturelle donc créée par Dieu comme la famille. La famille est une société naturelle créée par Dieu, les parents se doivent de donner la vérité à leurs enfants, de donner le baptême avec la grâce à leurs enfants ; les Etats se doivent de donner aux citoyens aussi de protéger leur foi et de la développer et de la maintenir. Du jour où toutes ces institutions croulent, où l’institution de la famille n’est plus ce qu’elle doit être pour protéger la foi des enfants, le jour où l’Etat n’est plus non plus ce protecteur de la foi mais bien plus, emploie tous les moyens qu’il a pour être le corrupteur de la foi : les écoles, les institutions, les moyens de la presse, tous les moyens de pression, toute la machine administrative est contre la foi il est évident que pour le peuple les gens qui n’ont pas une culture suffisante pour se défendre, ces gens-là deviendront athée, on le voit bien, l’athéisme a fait des progrès considérables depuis que les Etats ne sont plus catholiques, ce n’est pas étonnant ! Mais ils le savaient très bien, ceux qui faisaient cela savaient très bien qu’en détruisant le rempart de la foi qu’était l’Etat catholique ils arriveraient ainsi plus facilement à pénétrer à l’intérieur des familles ; avec les familles, on détruira la famille ensuite par le divorce, par des lois qui sont contraires aux lois de Dieu n’est-ce pas et on détruira l’esprit chrétien par les écoles publiques, en les laïcisant, en enlevant tout ce qui est de Dieu dans les écoles et en instruisant tous les enfants dans les écoles publiques qui seront des écoles athées et alors tout doucement ils arriveront à leur but. Et du jour où ils seront arrivés à cela les familles qui auront encore une apparence de christianisme… une apparence de christianisme, seront celles d’où sortiront les futurs séminaristes, ces futurs séminaristes pénétrés de laïcisme, pénétrés de modernisme garderont ces idées modernistes en eux, ces idées fausses en eux, la fausse philosophie de ces philosophes du 18e siècle ; et ils arriveront donc à être des prêtres imbus des principes faux, imbus de modernisme, imbus de libéralisme, imbus de sillonisme. C’est comme cela qu’on a vu tant de prêtres s’engager dans ce mouvement du Sillon qui n’était ni plus ni moins qu’une nouvelle étape, une nouvelle phase de cet essai que faisaient beaucoup de catholiques depuis la Révolution de réconciliation entre les principes de la Révolution et l’Eglise catholique. Il fallait à tout prix qu’on arrive à concilier l’Eglise, à réconcilier l’Eglise avec les principes de ces philosophes, avec les principes faux, protestants, d’origine protestante, d’origine maçonnique. Mais ils n’avaient de cesse qu’ils arrivent à ce but et ils y sont plus ou moins arrivés malheureusement par des hommes comme Lamennais par exemple et l’Avenir. Il faudrait faire toute une étude sur Lamennais pour voir combien… Pour Lamennais c’était l’idéal : arriver à réconcilier l’Eglise avec les principes de Liberté, d’égalité et de Fraternité. Et il a consacré sa vie à cela, essayant de réconcilier l’Eglise avec la Révolution alors que les papes ont toujours toujours condamné, condamné, condamné… Prenez par exemple encore une fois, le grand doctrinaire, le pape qui a vraiment donné la doctrine de l’Eglise à ce sujet, c’est le pape Léon XIII dans son encyclique Immortale Dei : « Il fut un temps où la philosophie de l’Evangile gouvernait les Etats. À cette époque, l’influence de la sagesse chrétienne et sa divine vertu pénétraient les lois, les institutions, les mœurs des peuples, tous les rangs et tous les rapports de la société civile. Alors la religion instituée par Jésus-Christ, solidement établie dans le degré de dignité qui lui est dû, était partout florissante, grâce à la faveur des princes et à la protection légitime des magistrats. Alors le sacerdoce et l’empire étaient liés entre eux par une heureuse concorde et l’amical échange de bons offices. Organisée de la sorte, la société civile donna des fruits supérieurs à toute attente, dont la mémoire subsiste et subsistera, consignée qu’elle est dans d’innombrables documents que nul artifice des adversaires ne pourra corrompre ou obscurcir. Si l’Europe chrétienne a dompté les nations barbares et les a fait passer de la férocité à la mansuétude, de la superstition à la vérité, si elle a repoussé victorieusement les invasions musulmanes, si elle a gardé la suprématie de la civilisation, et si, en tout ce qui fait honneur à l’humanité, elle s’est constamment et partout montrée guide et maîtresse ; si elle a gratifié les peuples de la vraie liberté sous ces diverses formes ; si elle a très sagement fondé une foule d’œuvres pour le soulagement des misères, il est hors de doute qu’elle en est grandement redevable à la religion, sous l’inspiration et avec l’aide de laquelle elle a entrepris et accompli de si grandes choses. Tous ces biens dureraient encore, — dureraient encore — si l’accord des deux puissances avait persévéré, et il y avait lieu d’en espérer de plus grands encore, si l’autorité, si l’enseignement, si les avis de l’Eglise avaient rencontré une docilité plus fidèle et plus constante. Car il faudrait tenir comme loi imprescriptible ce qu’Yves de Chartres écrivit au pape Pascal II : “Quand l’empire et le sacerdoce vivent en bonne harmonie, le monde est bien gouverné, l’Eglise est florissante et féconde. Mais quand la discorde se met entre eux, non seulement les petites choses ne grandissent pas, mais les grandes elles-mêmes dépérissent misérablement”. Mais ce pernicieux et déplorable goût de nouveautés que vit naître le 16e siècle, après avoir d’abord bouleversé la religion chrétienne, bientôt par une pente naturelle passa à la philosophie, et de la philosophie à tous les degrés de la société civile. C’est à cette source qu’il faut faire remonter ces principes modernes de liberté effrénée rêvés et promulgués parmi les grandes perturbations du siècle dernier, comme les principes et les fondements d’un droit nouveau, inconnu jusqu’alors, et sur plus d’un point en désaccord non seulement avec le droit chrétien, mais avec le droit naturel. Voici le premier de tous ces principes : tous les hommes, dès lors qu’ils sont de même race et de même nature, sont semblables, et, par le fait, égaux entre eux dans la pratique de la vie ; chacun relève si bien de lui seul, qu’il n’est d’aucune façon soumis à l’autorité d’autrui : il peut en toute liberté penser sur toute chose ce qu’il veut, faire ce qu’il lui plaît ; personne n’a le droit de commander aux autres. — voilà l’un des premiers principes — […] Par conséquent, chacun sera libre de se faire juge de toute question religieuse, chacun sera libre d’embrasser la religion qu’il préfère ou de n’en suivre aucune si aucune ne lui agrée. De là, découlent nécessairement la liberté sans frein de toute conscience, la liberté absolue d’adorer ou de ne pas adorer Dieu, la licence sans bornes et de penser et de publier ses pensées. » Voyez donc comme tout cela est logique, comme les papes ont vu clair dans toutes ces choses, ils l’ont dit avec fermeté depuis donc Pie VI du temps de la Révolution jusqu’à Léon XIII à la fin du dernier siècle. Et puis on peut reprendre… Reprenez toutes les déclarations de saint Pie X au moment du Sillon c’est la même chose, toujours la même chose : ils ont condamné, condamné, condamné. Alors nous devons nous imprégner de cette doctrine des papes pour que nous aussi nous comprenions la nocivité de ces principes parce que, vous savez, on en est comme pétri, pétri, infesté parce que toutes nos institutions sont infestées de cet esprit de liberté : la liberté de la religion, la liberté de la conscience, la liberté de pensée, la liberté de la presse, la liberté de l’enseignement. Toutes ces libertés qui sont de fausses libertés, qui sont la liberté de la vérité et de l’erreur, du bien et du mal, et par conséquent la liberté du divorce, la liberté de la contraception, la liberté de faire la Révolution, la liberté de la grève, la liberté… et voilà, nous sommes en plein dans la révolution, en plein dans le désordre, nous vivons actuellement les conséquences de ces principes et nous arrivons au bout, nous arrivons au bout de ses conséquences parce que nous nous sommes mis dans une telle anarchie, une telle anarchie que des états forts et tyranniques comme la Russie sont prêts à nous manger parce qu’ils sentent très bien que ces sociétés qui n’ont plus de principes, qui n’ont plus rien pour les soutenir, n’ont plus d’organisation, n’ont plus de force parce qu’on a détruit l’autorité, complètement détruit l’autorité. Et c’est cela qui est grave n’est-ce pas, et cela a été voulu par les sociétés maçonniques. Il faut lire… Je n’aurai pas le temps aujourd’hui, mais de vous lire ces documents, ces documents absolument écrasants n’est-ce pas, qui ont été connus par les papes d’ailleurs : les papiers de la Haute Vente tombés entre les mains du pape Léon XII embrassent une période qui va de 1820 à 1846 ; ils ont été publiés selon la demande de Grégoire XVI et puis de Pie IX par Crétineau-Joly dans son ouvrage, l’Eglise romaine et la Révolution. Par le bref d’approbation du 25 février 1861 qu’il adressa à l’auteur, Pie IX a pour ainsi dire consacré l’authenticité des documents cités dans cet ouvrage, mais il n’avait pas permis de publier avec les noms véritables des membres de la Haute Vente. Ce sont des documents effarants, absolument effarants, on n’ose presque pas les lire ; mais si ce sont des documents qui ont été quand même approuvés, que le pape a approuvé qu’on les publie pour que les gens sachent et voient la conjuration qui se fait contre l’Eglise, mais on ne veut pas le croire, ils n’ont pas voulu le croire ! Tous ces libéraux et beaucoup d’évêques comme Dupanloup et comme tant d’autres avec lui ont toujours dit : mais non, il n’y a pas de danger il faut s’entendre avec la Révolution en acceptant ses principes, c’en est fini maintenant, il faut que tout le monde s’embrasse maintenant, il n’y a pas de mauvaises gens, tout le monde est bon, etc. Et pendant ce temps-là, on était en train de se livrer pieds et poings liés à ces gens qui, eux, savent très bien ce qu’ils font, et c’est leur but de nous corrompre comme cela et de faire croire qu’ils ne sont pas mauvais : « la franc-maçonnerie n’est pas une mauvaise chose, c’est une philanthropie, ce sont des gens qui croient en Dieu, ce sont des gens qui veulent le bien de l’humanité, qui veulent enfin une religion universelle que tout le monde croie en Dieu » — au grand architecte ! — C’est absolument effrayant ! Vous avez lu d’ailleurs** il y a certains d’entre vous qui l’ont déjà lu : « C’est au cœur et à la tête de l’Eglise que vise ce gouvernement occulte. Ce que nous devons demander avant tout, disent les instructions secrètes, ce que nous devons chercher et attendre comme les juifs attendent le Messie, c’est un pape selon nos besoins ». Ce sont les papes, les papes eux-mêmes qui ont fait publier ces choses-là, donc ce n’est pas… je ne fais que lire. « Le pape, quel qu’il soit, ne viendra jamais aux sociétés secrètes », c’est le document qui le dit, « c’est aux sociétés secrètes à faire le premier pas vers l’Eglise afin de les vaincre tous les deux. Le travail que nous allons entreprendre n’est ni l’œuvre d’un jour ni d’un siècle peut-être » — et ceci était écrit en 1844 ! — « mais dans nos rangs, le soldat meurt et le combat continue. Nous n’entendons pas gagner des papes à notre cause, en faire des néophytes de nos principes, des propagateurs de nos idées, c’est un rêve ridicule et de quelque manière que tournent les événements, que des cardinaux ou des prélats par exemple soient entrés de plein gré ou par surprise dans une partie de nos secrets, ce n’est pas du tout un motif pour désirer leur élévation au siège de Pierre, cette élévation nous perdrait : l’ambition seule les aurait conduit à l’apostasie, le besoin du pouvoir les forcerait à nous immoler ». « Mais ces suppôts de Satan, dit l’auteur du livre n’est-ce pas, dont plusieurs ont extérieurement un pied dans l’Eglise, n’ignorent pas que Dieu préserve son chef de toute défaillance de la foi, mais il leur faut un pape accessible aux influences du dehors… »
Documents des Papes sur les erreurs modernes Hommage au R. P. Le Floch Le plan maçonnique Documents de la Haute Vente Ce que je vous dirai pendant ces quelques conférences — je ne sais pas combien — sur les causes et les origines de la crise que l’Eglise subit aujourd’hui rejoindra sans doute en bonne partie ce que vous dit déjà M. le chanoine dans les commentaires qu’il vous fait des différentes encycliques des papes vivant au siècle dernier mais enfin je pense que pour ce sujet vous avez certainement avantage à le méditer, à y penser et à le travailler parce que on ne peut vraiment pas comprendre la situation actuelle de l’Eglise et se faire une idée exacte de l’attitude que l’on doit avoir vis-à-vis de ces évènements si l’on n’a pas étudié un peu, fait l’histoire des temps qui précèdent cette crise en partant comme le font d’ailleurs habituellement les souverains pontifes lorsqu’ils parlent de la situation dans l’Eglise. Déjà les papes du temps de la Révolution — le pape Grégoire XVI dans son encyclique Quanta Cura, le pape Léon XIII, saint Pie X — tous ramènent les origines de la crise et de la lutte qui s’est engagée contre l’Eglise d’une manière beaucoup plus ouverte n’est-ce pas, ils la reportent au 16e siècle, c’est-à-dire au temps du protestantisme, au temps de la naissance du protestantisme. Je vous disais qu’on peut d’une certaine manière dire que la Renaissance a facilité, a facilité l’éclosion du protestantisme parce que la Renaissance n’a pas été autre chose qu’une espèce de redécouverte : il semblait qu’on avait abandonné les richesses de la culture païenne, de la culture grecque, de toutes ces cultures anciennes, et alors on a voulu retrouver… et avec cette culture on a retrouvé également l’art, on a voulu retrouver l’art de ces temps passés et cela a donné comme résultat de magnifier d’une manière exagérée l’homme, la nature, les forces naturelles et par conséquent de faire déjà disparaître dans l’esprit un peu des gens les forces surnaturelles, la grâce enfin, la Révélation, on a davantage exalté le côté purement humain, purement naturel. On a, sous prétexte d’art, introduit dans les églises partout ce nudisme, on peut parler de nudisme, ce n’est pas exagérer. Regardez même ces œuvres que l’on considère comme des œuvres d’art extraordinaires, sans doute du pur point de vue de l’art… mais enfin même toutes les peintures de la chapelle Sixtine, par exemple, eh bien c’est d’un nudisme effarant, effarant, et en même temps je dirais c’est charnel, c’est charnel. Toute cette exaltation du corps, de la chair, tout cela est contraire à l’esprit. D’ailleurs saint Paul le dit bien : la chair et l’esprit sont toujours en lutte et si on exalte le corps forcément l’esprit et les valeurs spirituelles finissent par disparaître. Je ne dis pas que tout soit mal dans cet art mais cela devrait être réservé à des musées ou à des salons, à défaut de style purement civil, et encore… mais pas dans des églises, pas dans des sanctuaires. Eh bien, tout cela a facilité l’éclosion du protestantisme qui n’est pas autre chose qu’un naturalisme. Si l’on étudie vraiment ce qu’est le protestantisme, on aura vite fait de s’apercevoir que c’est la négation du surnaturel, la négation du surnaturel, car pour les protestants il n’y a pas de rénovation, nous ne ressuscitons pas à la grâce de Notre Seigneur, le baptême est simplement une profession de foi c’est tout, et parce qu’on a foi en Notre Seigneur alors on est sauvé, la nature est comme restaurée d’une certaine manière, ou du moins les péchés sont cachés par la foi que nous avons en Notre Seigneur et en sa Rédemption mais il n’y a pas de transformation intérieure, il n’y a pas cette naissance à la grâce, cette naissance à la vie divine, cette naissance à la filiation de la Sainte Trinité qui se fait par le baptême, renaissance qui nous redonne la grâce que nous avions perdue, renaissance qui est faite par tous les sacrements, qui est continuée par le saint sacrifice de la Messe, par la sainte communion, donc c’est toute une vie nouvelle que Notre Seigneur est venu nous apporter, c’est une vraie vie nouvelle, tandis que pour les protestants tout cela est inexistant, inexistant, et c’est pourquoi ils ne comprennent pas non plus la valeur du sacrifice de la messe et qu’ils l’ont réduit au simple repas parce qu’il suffit d’avoir la foi, c’est toujours : la foi suffit à tout ! Eh bien donc le protestantisme [blanc] Le naturalisme est arrivé au moment où déjà les idées nouvelles faisaient déjà leur apparition dans les universités, dans les ouvrages qui apparaissaient à ce moment là, dans la littérature, tout cela commençait déjà à être imprégné, imprégné de cet esprit de la Renaissance, de cet esprit naturaliste, de cet esprit on peut le dire plus ou moins charnel. C’était le moment aussi de l’expansion en même temps, n’est-ce pas économique, richesses qui étaient apportées, développement de tout ce qui était apporté par la découverte du nouveau monde et tout cela a fait que les hommes eh bien s’attachaient davantage aux biens de ce monde et puis oubliaient les biens surnaturels. Mais alors le protestantisme, qui a donc été déjà une attaque très profonde et très dure contre l’Eglise n’est arrivé vraiment on peut dire à des résultats positifs et des résultats excessivement graves que lorsque l’esprit des protestants a atteint l’esprit des universitaires, de ceux qu’on a appelé les philosophes, particulièrement les philosophes du 18e siècle et qu’ils ont fini, par la corruption des idées, à arriver à faire admettre qu’il fallait la séparation du pouvoir civil et du pouvoir de l’Eglise ; ils n’ont eu de cesse qu’ils arrivent à cela, n’est-ce pas, à laïciser la politique, car la Révolution ce n’est pas autre chose, la Révolution s’est faite sous ce signe là, sous le signe de la déesse Raison, il ne faut pas oublier cela, on a déifié la raison, on a déifié l’homme par conséquent contre la Révélation, contre Notre Seigneur Jésus-Christ, contre la foi et donc contre l’Eglise, c’est dans cet esprit-là que s’est faite la Révolution qui était préparée donc déjà depuis presque 3 siècles n’est-ce pas, 2 siècles. C’est à ce moment-là que les conséquences du protestantisme se sont manifestées et dans la mesure justement où les rois et les princes ont été faibles vis-à-vis du protestantisme, à ce moment-là eh bien les idées du protestantisme se sont répandues. Les papes ont averti du danger mais malgré tout on peut dire que le virus, le poison s’est répandu partout et les progrès du protestantisme et du naturalisme n’ont fait que s’accroître et se développer. C’est dans ces événements de la fin du 18e siècle que s’est exprimé d’une manière plus concrète tous ces principes qui se trouvaient déjà développés dans les universités et par les philosophes du 18e siècle, principes qui ont été mis à la portée du peuple — cela s’est fait d’une manière absolument satanique, diabolique — qui ont fait croire au peuple que par cette séparation du pouvoir temporel et du pouvoir ecclésiastique enfin ils allaient être libérés. On a fait croire à une libération et cette libération s’est exprimée par ces trois fameux mots de liberté, égalité, fraternité ; en mettant sous ce signe, sous le signe de la liberté de l’égalité et de la fraternité, la Révolution, ils ont conquis le peuple, le peuple s’est laissé berné, tromper complètement. Il faut relire les pages de saint Pie X condamnant le Sillon où il rappelle justement que le Sillon est ni plus ni moins imbu de ces principes, de ces** et il les réfute, il les réfute**. Malgré les efforts des papes, ils sont passé dans les faits et dans les gouvernements. Celui peut-être enfin… Le pape qui a essayé d’analyser toute cette attaque contre l’Eglise et de l’analyser de manière plus théologique, plus philosophique, c’est le pape Léon XIII dans ses magnifiques encycliques. Hélas, le pape Léon XIII a été le pape du ralliement, bien sûr, on dit qu’il l’a regretté après, qu’il croyait en la bonne foi du gouvernement français, ce qui est possible, mais s’il y a un pape qui a justement condamné toutes les erreurs qui se sont développées au moment de la Révolution et qui ont trouvé leur application dans la Révolution, c’est bien le pape Léon XIII. L’encyclique Quod apostolici du 28 décembre 1878 qui condamne ces erreurs modernes ; il parle de la source de ces erreurs : « Or, cette audace d’hommes perfides qui menace chaque jour de ruines plus graves la société civile, et qui excite dans tous les esprits l’inquiétude et le trouble, tire sa cause et son origine de ces doctrines empoisonnées qui, répandues en ces derniers temps parmi les peuples comme des semences de vices, ont donné, en leurs temps, des fruits si pernicieux. En effet, vous savez très bien, Vénérables frères, que la guerre cruelle qui, depuis le 16e siècle a été déclarée contre la foi catholique par des novateurs, visait à ce but d’écarter toute révélation et de renverser tout l’ordre surnaturel, afin que l’accès fût ouvert aux inventions ou plutôt aux délires de la seule raison. […] Tirant hypocritement son nom de la raison, cette erreur qui flatte et excite la passion de grandir, naturelle au cœur de l’homme, et qui lâche les rênes à tous les genres de passions, a spontanément étendu ses ravages, non pas seulement dans les esprits d’un grand nombre d’hommes, mais dans la société civile elle-même. Alors, par une impiété toute nouvelle et que les païens eux-mêmes n’ont pas connue, on a vu se constituer des gouvernements, sans qu’on tînt nul compte de Dieu et de l’ordre établi par Lui ; on a proclamé que l’autorité publique ne prenait pas de Dieu le principe, la majesté, la force de commander, mais de la multitude du peuple, laquelle, se croyant dégagée de toute sanction divine, n’a plus souffert d’être soumise à d’autres lois que celles qu’elle aurait portées elle-même, conformément à son caprice. » […] Or, les pasteurs suprêmes de l’Eglise, à qui incombe la charge de protéger le troupeau du Seigneur contre les embûches de l’ennemi, se sont appliqués de bonne heure à détourner le péril et à veiller au salut des fidèles. Car, aussitôt que commençaient à grossir les sociétés secrètes, dans le sein desquelles couvaient alors déjà les semences des erreurs dont nous avons parlé, les Pontifes romains, Clément XII et Benoît XIV, ne négligèrent pas de démasquer les desseins impies des sectes […] le Pape Pie VI, d’heureuse mémoire, dévoila tout aussitôt, par des documents publics, le caractère détestable et la fausseté de ces doctrines […] les papes Pie VII, Léon XII anathématisèrent les sectes occultes et, pour autant qu’il dépendait d’eux, avertirent de nouveau la société du péril qui la menaçait. Enfin, tout le monde sait parfaitement par quelles paroles très graves, avec quelle fermeté d’âme et quelle constance Notre glorieux prédécesseur Pie IX, d’heureuse mémoire, soit dans ses allocutions, soit par ses lettres encycliques envoyées aux évêques de l’univers entier, a combattu aussi bien contre les iniques efforts des sectes, que, nominativement, contre la peste du socialisme qui, de cette source, a fait partout irruption. Mais, ce qu’il faut déplorer, c’est que ceux à qui est confié le soin du bien commun — c’est-à-dire enfin les chefs du gouvernement —, se laissant circonvenir par les fraudes des hommes impies et effrayer par leurs menaces, ont toujours manifesté à l’Eglise des dispositions suspectes ou même hostiles. » Alors il parle de l’égalité, de l’erreur de cette égalité… Il est bon qu’on nous le rappelle parce que nous avons beaucoup de peine, même encore actuellement, je suis sûr que pour vous quelquefois cela vous pose des problèmes, il n’est pas possible que cela ne nous pose pas des problèmes parce que nous sommes tellement pétris de ces idées libérales, de ces idées laïques que nous-mêmes nous nous demandons : « Mais enfin, cela est exagérer, les papes disent cela, mais enfin ils disaient cela de leurs temps, mais maintenant… maintenant… ce n’est plus possible maintenant, qu’est ce que vous voulez, on ne peut plus demander aux gouvernements d’avoir comme religion la religion catholique, c’est impossible qu’est-ce que vous voulez, il faut quand même laisser la liberté aux gens d’avoir la religion qu’ils veulent ! et nous voilà, nous voilà tout doucement… et puis nous glissons vers cette fameuse liberté de conscience, vers cette fameuse liberté des cultes que les papes ont condamnées et condamnées tant parce que cela ne convient pas à leur temps, mais condamnées sur des principes définitifs et fondamentaux n’est-ce pas, fondamentaux. Le pape Léon XIII par exemple dans la lettre **à l’empereur du Brésil parle des conséquences de la liberté du culte : « La liberté de culte, considérée dans son rapport avec la société est fondée sur le principe que l’Etat, même dans une nation catholique — même dans une nation catholique, c’est-à-dire dans une nation dans laquelle les gens sont catholiques — n’est tenu de professer et de favoriser aucun culte — aucun culte ; il doit rester indifférent à l’égard de tous et en tenir un compte juridiquement égal. Il n’est pas question ici de cette tolérance de fait qui en des circonstances données peut être concédée aux cultes dissidents — les papes ont toujours parlé de la tolérance, il faut tolérer les cultes dissidents — mais bien de la reconnaissance accordée à ceux-ci des droits mêmes qui n’appartiennent à l’unique vraie religion — à l’unique vraie religion — que Dieu a établie dans le monde et désignée par des caractères et des signes clairs et précis pour que tous puissent la reconnaître comme telle et l’embrasser. Aussi bien, une telle liberté place-t-elle sur la même ligne la vérité et l’erreur, la foi et l’hérésie, l’Eglise de Jésus-Christ et une quelconque institution humaine ; elle établit une déplorable et funeste séparation entre la société humaine et Dieu son auteur ; elle aboutit enfin aux tristes conséquences qui sont l’indifférentisme de l’Etat en matière religieuse ou, ce qui revient au même, son athéisme ». Ce sont des paroles en or cela, ce sont des paroles que l’on devrait presque apprendre par cœur vous savez, parce que c’est cela dont nous mourons actuellement, c’est ce laïcisme qui a été introduit, de ce naturalisme, de ce rationalisme qui ont été introduits contre l’Eglise, contre la Révélation, contre le surnaturel. * l’Etat, ah les Etats ! L’Etat doit être laïc et malheureusement, que voulez-vous, je vous en parlerai après, plus tard mais enfin.. nous y sommes en plein. Et maintenant, voyez comment parlent les papes à ce moment-là, Léon XIII, et on peut reprendre encore Pie XII, on peut prendre le pape Pie XI, on peut les prendre les uns après les autres, tous ont dit la même chose : la liberté de conscience, la liberté de la presse, la liberté des cultes sont des libertés empoisonnées, empoisonnées qui sont fausses, fausses ! La liberté des cultes, la liberté de conscience, la liberté de la presse. Eh bien la liberté de la presse : on ne va tout de même pas obliger les gens à être enfin, à ne pas avoir la liberté de dire ce qu’ils veulent quand même, il faut quand même laisser les opinions libres ! Eh bien non, les papes l’ont dit, ça n’est pas possible, une société qui laisse la liberté de la presse, la liberté des opinions est une société qui va à sa ruine parce que cette presse fomentera des révolutions, fomentera des conflits constamment ! Le mal ne peut pas être libre qu’est-ce que vous voulez dans une société, pas plus qu’on laisse les voleurs libres de voler tout ce qu’ils veulent, pas plus qu’on laisse les gens libres d’assassiner ! Laisser la liberté de la presse, c’est l’assassinat des esprits et des idées, c’est bien pire encore que de laisser les assassins des corps. Et tout cela maintenant semble suranné ! vous ne pouvez pas empêcher cela, tout le monde veut avoir la liberté de la conscience, la liberté de la conscience individuelle et personnelle… peut-être encore que vis-à-vis de Dieu on n’ait pas la liberté, on est obligé de croire à la vérité, on n’est pas libre de croire à l’erreur ou à la vérité, mais enfin les Etats n’ont pas un droit sur la personne privée, sur la personne privée, mais dans toutes les manifestations extérieures de cette personne, toutes les manifestations extérieures de sa religion, l’Etat a des droits et des devoirs parce que si cette personne qui est Protestante, qui est Bouddhiste, qui est Musulmane veut exprimer ses idées extérieurement et donc les répandre extérieurement, surtout dans un Etat catholique le pouvoir catholique a le devoir d’empêcher ces gens-là de professer leurs erreurs et de les répandre parce que les catholiques disparaîtront petit-à-petit. Evidemment l’erreur est toujours plus facile à répandre que la vérité, le mal est toujours plus facile à répandre que le bien. Il est plus facile de dire aux gens vous pouvez avoir trois femmes que de n’en avoir qu’une pendant toute leur vie ; évidemment c’est plus facile… il est plus facile de leur dire vous pouvez divorcer, ce n’est pas difficile, c’est beaucoup plus simple. Alors vous pouvez ** dans le sens des libertés morales. Or les fausses religions ont en même temps une fausse morale et les Etats n’ont pas le droit, un Etat catholique n’a pas le droit de laisser cette liberté. Et cela les papes l’ont toujours dit et redit et redit, mais on peut dire que vraiment là le démon que voulez-vous… que la Providence permet que le démon soit plus puissant que ce que les papes ont pu dire et que tout doucement ces idées là se sont toujours répandues, toujours revenues à la surface. Les papes, avaient beau frapper, ça a été un autre mouvement, ça a été le libéralisme et puis ça a été le sillonisme et puis le modernisme et puis ils sont revenus toujours sous d’autres noms, maintenant le progressisme et ça, c’est la même chose, ce sont les mêmes idées, les mêmes principes, c’est toujours le naturalisme, l’homme qui doit avoir sa conscience, sa dignité humaine maintenant mal comprise : relisez les texte de saint Pie X sur la dignité humaine, nous aurons l’occasion de le faire un peu plus tard, mais c’est frappant de voir combien toutes ces idées reviennent, elles reviennent maintenant, des idées qui sont condamnées par les papes. Il est bon de lire ces choses-là, et de les relire pour enlever de nos esprits cette idée, cette fausse conception de la liberté, cette fausse conception de l’égalité. Enfin tous les hommes sont égaux, évidemment tous les hommes sont égaux devant Dieu, bien sûr nous sommes tous égaux devant Dieu, mais nous ne sommes pas tous égaux du point de vue social, dans la société, nous ne sommes pas tous égaux… Bien non, vous n’aurez pas tous les mêmes charges plus tard, il y en a qui auront des charges plus importantes, des gens qui auront des charges moins importantes. Vis-à-vis de Dieu, bien sûr, peut-être celui qui a des charges moins importantes sera au ciel dans une position plus élevée, aura un bonheur plus grand que celui qui a eu une charge plus élevée, c’est très possible, mais dans la société il y a des différences, il y a des distinctions, vous n’avez pas tous la même intelligence, vous n’avez pas tous les mêmes facilités, vous n’avez pas tous la même force physique, vous n’avez pas tous… **alors parler de l’égalité c’est de la folie, c’est de l’utopie pure : il faut mettre les hommes tous au même niveau, tous… ce n’est plus une société. Une société est précisément faite de gens inégaux qui donnent, qui se donnent mutuellement : ce que l’un n’a pas, l’autre le lui donne ! Alors il y en a qui seraient nécessairement alors des gens qui seront toujours des ouvriers ou toujours des… eh bien peut-être qu’un ouvrier un jour deviendra un patron, c’est possible et puis celui qui était patron redeviendra un ouvrier, c’est très possible ; à ce moment il y aura toujours la différence entre eux… mais vouloir faire de tous les ouvriers des patrons c’est de la pure bêtise enfin, c’est de la folie pure. Donc il faut se remettre dans la réalité n’est-ce pas et ne pas se laisser porter par tous ces slogans qui ont pourri vraiment les idées et qui précisément à une certaine époque, on peut dire surtout disons après la dernière guerre s’est manifesté dans l’Eglise, à l’intérieur de l’Eglise d’une manière encore beaucoup plus grave que pendant tout le 19e siècle parce que pendant le 19e siècle il y a eu malheureusement… les catholiques n’ont pas suivi suffisamment les papes et il y a eu cette erreur du libéralisme catholique qui, lui, a toujours voulu des compromis alors que les papes n’en voulaient pas.
CASSETTE N°3
Décembre 1973
Sujet : conférence de la face A : L’aboutissement des idées libérales, le but pervers de ceux qui la diffusent leur pénétration dans l’Eglise qui se divise en deux camps Peut-on faire un compromis avec le mal ?
Conférence de la face B : La continuité du magistère pontifical L’évolutionnisme et Gaudium et Spes
Face A
Les buts de la Maçonnerie Le rejet de l’autorité par la démocratie La corruption des esprits Notre rôle : sortir le monde de l’erreur
Je continue donc les conférences que je vous avais faites déjà depuis plusieurs jours et je poursuis cette lecture qui a été interrompue. Il s’agissait donc d’un texte qui a été connu par le Pape Léon XII et qui ensuite a été publié sur la demande de Grégoire XVI et de Pie IX. Voici ce que dit donc ce texte maçonnique. Il s’agit donc pour eux d’arriver, après une préparation qui sera certainement très longue, d’arriver à un pape qui serait ouvert à leurs idées et qui serait sensible aux influences maçonniques. « Nous ne doutons pas d’arriver à ce terme suprême de nos efforts, mais quand ? mais comment ? l’inconnue ne se dégage pas encore. Néanmoins rien ne doit nous écarter du plan tracé, au contraire tout doit y tendre comme si le succès devrait couronner dès demain l’œuvre à peine ébauchée. Or, pour nous assurer un pape dans les proportions exigées il s’agit d’abord de lui façonner une génération digne du règne que nous rêvons. Laissez de côté la vieillesse et l’âge mûr, allez à la jeunesse et si c’est possible jusqu’à l’enfance. C’est à la jeunesse qu’il faut aller, elle que nous devons entraîner sans qu’elle s’en doute sous le drapeau des sociétés secrètes. Pour avancer à pas comptés dans cette vie périlleuse mais sûre, deux choses sont nécessaires de toute nécessité, vous devez avoir l’air simple comme des colombes mais vous serez prudents comme le serpent. N’ayez jamais devant elle un mot d’impiété ou d’impureté. Une fois votre réputation établie dans les collèges, dans les gymnases, dans les universités, dans les séminaires, une fois que vous aurez capté la confiance des professeurs et des étudiants, faites que ceux qui principalement s’engagent dans la milice cléricale aiment à rechercher vos entretiens. Cette réputation donnera accès à nos doctrines au sein du jeune clergé comme au fond des couvents. Dans quelques années ce jeune clergé aura, par la force des choses, envahi toutes les fonctions. Il gouvernera, il administrera, il jugera, il formera le conseil du souverain. Il sera appelé à choisir le Pontife qui doit régner et ce Pontife comme la plupart de ses contemporains sera nécessairement plus au moins imbu des principes italiens et humanitaires que nous allons commencer à mettre en circulation. Que le clergé marche sous votre étendard en croyant toujours marcher sous la bannière des clefs apostoliques ». Effrayant ! quand on pense que cela a été dit il y a de cela… ça date dans une période qui va de 1820 à 1846, Toutes ces sectes ont régné et se sont réunies. Eh bien quand on pense qu’il y a déjà donc un siècle et demi que ces choses là ont été dites, et le livre lui-même qui les rapporte est de 1910 ; donc ce n’est pas d’aujourd’hui non plus. On ne pouvait pas imaginer en 1910 la situation que nous vivons actuellement, c’est impossible d’imaginer ça ! « Tendez vos filets” comme Simon Bar Iona, tendez-les au fond des sacristies, des séminaires, des couvents plutôt qu’au fond de la mer et si vous ne précipitez rien, nous vous promettrons une pêche plus miraculeuse que la sienne. Vous aurez pêché une révolution en tiare et en chape, marchant avec la croix et la bannière, une révolution qui n’aura besoin que d’être un tout petit peu aiguillonnée pour mettre le feu aux quatre coins du monde. » Effrayant, effrayant ! « Notre doctrine est cette doctrine divine, telle que Jésus l’a enseignée à ses disciples, celle dont il leur développa le vrais sens dans ses discours secrets. Il enseigna à tout le genre humain le moyen d’arriver à la Délivrance. (la délivrance avec un grand D entendu comme ils l’entendent eux, bien sûr, à la libération comme on dirait maintenant). Personne n’a frayé à la Liberté (avec un grand L) des voies aussi sûres que notre grand Jésus de Nazareth. » C’est déjà les slogans dont maintenant sont remplis les discours du clergé et les sermons du clergé. La libération, le progrès, la responsabilité, que sais-je ! Un haut maçon italien dont Mgr Gerbet a publié les notes en 1832 écrivait : « La liberté et l’égalité prérogatives précieuses, c’est par elles qu’il faut tarir les sources empoisonnées d’où découlent tous les maux des humains, c’est par elles que nous devons faire disparaître toute idée importune et humiliante de supérieur — l’idée de supérieur… en s’attaquant à toute autorité… c’est vraiment diabolique, c’est le cri du démon “non serviam” n’est-ce pas “non serviam” c’est ça — et faire rentrer l’homme dans ses premiers droits, ne connaître plus ni rang, ni dignité dont la vue blesse les regards ou choque son amour-propre. » C’est cela en définitive n’est-ce pas, et ils y arrivent par cette démocratie mal entendue qui est le règne du peuple, soi-disant, contre l’autorité, toujours contre l’autorité. Voyez, même maintenant dans nos démocraties actuelles qui sont pourtant laïques, qui sont anticléricales qui sont contre toute religion, donc qui devraient satisfaire ces gens là, mais pourquoi éprouvent-ils encore le besoin de soulever le peuple contre l’autorité ? Pourtant le peuple actuellement enfin partage déjà des biens qu’il n’avait pas autrefois, mais on leur en offre toujours davantage, on leur fait apparaître toujours ce qui peut encore leur manquer, ce qui pourrait encore leur être donné, ce dont ils sont frustrés et ainsi de suite, pour les exciter toujours contre l’autorité ; c’est la révolution, arriver à une révolution mondiale, révolution qui sévit déjà dans les deux tiers du globe. Voilà donc ce que veulent ces francs-maçons, n’est-ce pas, et ils ajoutent ici, je pense, oui : « C’est sur les loges que nous comptons pour doubler nos rangs, et le discours sans fin sur les dangers du fanatisme, sur le bonheur et l’égalité sociale et sur les grands principes de liberté religieuse. » Sur les grands principes de liberté religieuse, liberté dont je vous ai parlé tout à l’heure qui est condamnée précédemment, qui sont condamnés par tous les papes. Pourquoi j’insiste sur toutes ces choses ? c’est pour bien vous montrer la continuité, la continuité dans l’action diabolique qui se fait dans le monde et qui n’est pas autre chose que la lutte entre le monde et Notre Seigneur Jésus-Christ. Ce n’est pas autre chose, on veut faire disparaître Notre Seigneur, on veut faire… on veut que ce soit l’humanité qui règne, l’homme qui règne et non plus Notre Seigneur Jésus-Christ. Alors ça a pris des formes très diverses tout au cours de l’histoire depuis que Notre Seigneur a vaincu Satan enfin dans le principe, par sa croix ; alors le démon maintenant s’attache à ceux qu’il peut encore arracher à Notre Seigneur, à son Corps mystique, à nous. Il s’attaque à nous parce qu’il sait que nous ne sommes pas encore définitivement rattachés à Notre Seigneur, donc il a encore des chances de nous avoir, il a encore des chances de nous détourner et alors il prend tous les moyens possibles et imaginables pour essayer d’arracher à Notre Seigneur Jésus-Christ, une grande partie de l’humanité. Et les moyens qu’il a pris, c’est précisément de diffuser les erreurs, diffuser les erreurs. On corrompt l’esprit pour corrompre la volonté et corrompre les mœurs. Ces idées, qui viennent… enfin qui ont été répandues par les sectes au moment de la Révolution française, tout au cours du 19e siècle et encore maintenant, qui abondent dans la littérature libérale, malheureusement a trouvé un écho chez un bon nombre de catholiques, ceux qu’on a appelé les catholiques libéraux qui eux ont toujours été pour un compromis entre ces erreurs et l’Eglise en disant : « Mais enfin, il faut enfin que l’Eglise s’arrange avec la société dans laquelle nous vivons, nous ne pouvons pas indéfiniment vivre en marge de la société ». Alors vous savez… Moyennant quoi, on essaye de dire : « Il faut que l’Eglise, n’est-ce pas, abandonne son passé, abandonne ses traditions et finisse enfin par accepter le monde tel qu’il est, pour pénétrer à l’intérieur et pour soi-disant le convertir. Mais est-ce une manière de convertir le monde au bien que d’abandonner le bien et la vérité ? Si on veut convertir le monde à la vérité et au bien et à ce qui est Notre Seigneur Jésus-Christ, il faut pas abandonner cette vérité précisément, il ne faut pas abandonner ce bien, il faut donc pas abandonner ces traditions séculaires, ces positions séculaires de l’Eglise fondamentales, fondamentales. On ne peut pas changer la vérité, on ne peut pas changer le bien, le bien moral. La loi morale est toujours la loi morale, on ne peut pas changer. Regardez cette attaque actuellement contre l’avortement… en faveur de l’avortement, contre la morale familiale, et qui est menée certainement à l’échelon international étant donné que c’est dans le même temps que ces choses là sont proposées aux États-Unis, au Canada, en France, en Italie, en Suisse. Tous ces problèmes-là se discutent actuellement dans les parlements, ont fait l’objet de discussions dans les parlements de ces pays, sans compter dans bien d’autres pays. Il y a donc une idée précise de pervertir la famille, de pervertir toute la population, tous les fidèles. Cette sexualité qui est lancée maintenant à l’échelon mondial aussi, avec des… à grands renforts de finances n’est-ce pas, avec toutes les publications qui sont faites, tout cela sont des mots d’ordre donnés : il faut non seulement pourrir la famille, non seulement décomposer la famille, il faut décomposer aussi les enfants dans les écoles, il faut arriver déjà dès ce moment-là à les corrompre. Ils arrivent maintenant, il semble, aux dernières conclusions, n’est-ce pas, de leurs idées. Alors nous ne pouvons pas, nous ne pouvons pas être dans un compromis nous ne pouvons pas être de ceux qui disent : « mais enfin que voulez-vous, il faut quand même accepter certaines choses, on ne peut pas indéfiniment lutter contre des choses pour lesquelles tout le monde maintenant est d’accord. Ce sont des choses qui sont entrées dans les mœurs : la séparation de l’Eglise et l’Etat, que l’Eglise soit sur le pied de toutes les autres religions, la liberté de la presse, la liberté de la conscience. Qu’est-ce que vous voulez, on ne peut pas indéfiniment lutter contre ces choses-là c’est des choses qui sont maintenant admises par tout le monde même par des catholiques, même par des évêques, même par des prêtres, on ne peut pas être toujours en lutte contre tout le monde, voyons ! ». Mais c’est à prendre ou à laisser, c’est la fin de la religion catholique où nous défendons vraiment Notre Seigneur Jésus-Christ et toute l’Eglise et toute la religion, n’est-ce pas ce n’est pas possible ! Qu’il y ait des tolérances… mais il s’agit pas seulement de tolérances ! Je vous conseille de lire ces livres de Jacques Marteau qui a fait deux livres magnifiques sur toute la période allant de 1936 à nos jours. C’est bien malheureux qu’il soit mort avant d’avoir fait son 3ème volume qui aurait été sur le concile et sur l’état de l’Eglise actuelle. C’était magnifique, parce c’est une mine de documents qui montre comment avec quelle perversité toutes ces sociétés, toutes ces sectes, ont pénétré à l’intérieur de l’Eglise, comment ce libéralisme a pénétré dans l’Eglise, tout doucement… Evidemment il y a des réactions mais malheureusement elles ne sont pas fréquentes. Montalembert écrit à Don Guéranger qu’il renonce à se rendre désormais à Solesmes : « Nous sommes trop éloignés l’un de l’autre pour pouvoir espérer nous convaincre. Nous voici entrés dans deux voies diamétralement opposées — et pourtant il s’agit de Montalembert — La question de l’enseignement est largement dépassée, la triste vérité qui s’est révélée à tous les yeux c’est qu’un nombreux parti de catholiques choisissaient de s’inscrire dans le sillage du matérialisme triomphant et acceptaient de payer le prix exigé pour être admis à suivre sa voie et à partager ses conquêtes. » « Les divergences qui éclatèrent alors pour la première fois, constate un successeur de Don Guéranger, Don Delatte dans la vie de Don Guéranger, ne feront dans la suite que s’accroître selon la loi de leur marche angulaire, un large sillon divisait dorénavant les catholiques en deux groupes : ceux qui avaient comme premier souci la liberté de l’Eglise et le maintien de ses droits dans une société encore chrétienne et ceux qui premièrement s’efforçaient de déterminer la mesure de christianisme que la société moderne pouvait supporter pour ensuite inviter l’Eglise à s’y réduire. — Voyez comme c’est bien dit : Ceux qui premièrement s’efforçaient de déterminer la mesure de christianisme que la société moderne pouvait supporter pour ensuite inviter l’Eglise à s’y réduire, — Le demi siècle qui commençait alors a retenti du choc de ces deux familles d’esprit. Nous ne saurions nous lasser de redire, elles ont fait l’histoire de la France actuelle et se survivent dans les tendances qui en sont issues. » C’est encore ce que nous vivons actuellement ! Ceux qui sont les progressistes c’est ça, c’est la définition des progressistes : savoir ce que la société moderne pourrait éventuellement accepter comme catholicisme. Alors c’est à ce catholicisme-là qu’il faut se réduire ! il faut abandonner le catholicisme dans la mesure où il s’oppose à la société moderne ! Mais alors il n’y a plus de conversion possible. Qu’est-ce que la conversion sinon justement le passage de l’état d’erreur, le passage de l’état de péché à l’état de vérité et à l’état de bien ! Si on diminue le bien et la vérité à la situation dans laquelle se trouve le monde moderne, c’est dire que le monde moderne n’est pas pécheur et qu’il n’a pas d’erreur, si on peut faire ça ! On pourrait le faire s’il n’était pas justement dans le péché, et c’est précisément notre rôle de le sortir du péché, de le sortir de l’erreur. Et voici pour clore le débat le jugement d’un philosophe Ernest Delot qui ne franchit pas les frontières de la morale. « C’est le crime du 19e siècle de ne pas haïr le mal et de lui faire des propositions. Il n’y a qu’une proposition à lui faire, c’est de disparaître. Tout arrangement conclu avec lui ressemble non pas à un triomphe partiel mais à son triomphe complet, car le mal ne demande pas toujours à chasser le bien, il demande la permission de cohabiter avec lui. Un instinct secret l’avertit qu’en demandant quelque chose, il demande tout. Dès qu’on ne le haït plus il se sent adoré. » Combien tout cela est vrai ! Si on commence à cohabiter avec le mal et à parler, à parlementer, à faire des compromis, c’est perdu, c’est perdu… Bien sûr qu’il faut savoir supporter. « La question entre les libéraux n’est pas de savoir, dit le cardinal Wuillot, si étant donné la malice du siècle il faut supporter avec patience ce qui n’est pas en notre pouvoir et travailler en même temps à éviter les plus grands maux et à opérer tout le bien qui reste possible, mais la question est précisément s’il convient d’approuver cette condition sociale où mène le libéralisme, de chanter les principes qui sont le fondement de cet ordre de chose, de les promouvoir par la parole, par la doctrine, par les œuvres ainsi que le font les catholiques dits libéraux ». C’est tout différent n’est-ce pas, entre supporter — on ne peut pas ne pas supporter — et puis chercher à les convertir et puis adopter ses principes et les diffuser. C’est dans ce même drame dans lequel nous sommes aujourd’hui mais là nous sommes dans un drame infiniment plus grave parce que les libéraux maintenant sont répandus à travers toute l’Eglise et on se demande qui ne l’est pas ! On comptera bientôt sur les doigts ceux qui ne le sont plus, ceux qui gardent vraiment la doctrine de l’Eglise !
Face B
Le critère de la paix : la connaissance de la vérité Les Papes et le droit commun La diffusion des idées fausses Les schémas du Concile Vatican II Le bouleversement social Vous allez donc terminer maintenant vos cours, vous voilà libérés. Je souhaite, pendant ces quelques jours qui nous séparent encore de la fête de Noël, voir au moins ceux de l’année de spiritualité que je n’ai pas encore eu l’occasion de voir personnellement. Je les appellerai et puis j’aurai l’occasion, j’espère, aussi d’appeler quelques-uns d’entre vous ; c’est bien mon désir d’avoir des contacts personnels avec vous autant que possible, mais ce n’est pas facile parce que ou je suis absent ou vous avez des cours ou vous avez des occupations, et ce n’est pas très facile ; mais enfin en tout cas sachez que ma porte est toujours ouverte et que quand je suis là et qu’il n’y a personne dans le bureau je suis tout prêt à vous accueillir. Je ne demande pas mieux que de vous voir, de vous connaître davantage et de faire ce que je peux pour vous. En tout cas, si je n’ai pas l’occasion de vous revoir ni de vous parler avant la fête de Noël, il évident que je vous souhaite une excellente de fête de Noël, de bonnes vacances et un bon commencement d’année. Veuillez dire à vos parents et à vos amis que nous prions pour eux, que nous leur souhaitons également à tous une bonne et sainte année. Espérons que cette année ne sera pas l’année d’événements graves, on le souhaite pas, mais on peut pas s’empêcher de penser que des indices quand même — je ne suis pas aussi prophète que le Père Barrielle — mais il est difficile de dire qu’il n’y a pas quelque indices quand même de danger. On dirait que par un retour de l’histoire, il y a toujours des assassinats politiques qui se font avant de grands événements : avant la guerre de 14, avant la guerre de 40 il y a eu des assassinats politiques. Hier donc il y a eu cet assassinat en Espagne, qui est vraiment grave enfin pour l’Espagne, pour le monde civilisé, enfin c’est une chose abominable. Mais certainement ce sont des essais, des efforts que font les extrémistes pour essayer de créer une réaction dans la “droite” et que cette réaction de la droite puisse provoquer une guerre civile, que “les gauches” réagissent à la réaction de la droite et qu’il y ait des affrontements et une révolution. C’est le système classique évidemment, essayer d’énerver tellement les groupes de droite qu’ils réagissent et essayent de donner au pouvoir une allure plus dictatoriale, une allure plus dure, durcir le pouvoir et par le fait même attirer une réaction de la part de la masse populaire et créer ainsi, si c’est possible, une guerre civile. Enfin, espérons que toutes ces choses n’arriveront pas mais il est certain que les circonstances actuelles sont assez graves ; nous devons bien prier, demander à Notre Seigneur de nous aider justement à maintenir la vérité. C’est la vérité qui nous sauvera dans toutes ces choses-là et si nous en sommes là c’est bien à cause de toutes ces erreurs dont je vous parle actuellement. C’est la source des révolutions, n’est-ce pas. Ce qui met la paix dans les cœurs et dans les esprits, dans les âmes c’est la vertu de justice, c’est la prédication de la vérité, c’est la sanctification des âmes. C’est par l’intérieur qu’il faut convertir les âmes, mais non pas simplement en disant : donnons un salaire un peu plus élevé à cette catégorie, tout ira bien et tout le monde sera content. Cela ne suffit pas. Si le cœur de l’homme n’est pas assouvi il voudra toujours davantage, il n’aura jamais assez : jamais assez de biens, jamais assez d’argent, jamais assez de plaisirs ; il faut que les hommes comprennent que la vie d’ici-bas n’est pas la vie éternelle, il faut que… et que le but de leur existence n’est pas ici-bas. C’est ça qu’il faut qu’ils comprennent, mais dans la mesure où ils ne comprennent plus évidemment, c’est à qui essayera d’avoir le plus ici-bas et jouira le plus ici bas, et donc les affrontement sont faciles. Mais si on leur fait comprendre que cette vie est une vie qui passe et que nous devons porter chacun notre croix et suivre Notre Seigneur alors les esprits s’apaisent, les cœurs s’apaisent et la paix peut se faire. C’est pourquoi nous avons besoin de rechercher où est la vérité et celle que nous devons défendre, et ne pas nous laisser entraîner dans ces courants d’idées qui sont des sources de révolutions. Ce droit nouveau dont je vous parlais, qui exprime… qui était défendu par les libéraux, par les catholiques libéraux et évidement par les sectes, a été condamné officiellement par Léon XIII qui résume les condamnations précédentes dans son encyclique Immortale Dei. « Ces doctrines que la raison humaine réprouve et qui ont une influence si considérable sur la marche des choses publiques, les pontifes romains nos prédécesseurs, dans la pleine conscience de ce que réclamait d’eux la charge apostolique. — C’est à des paroles comme celles-là qu’on peut conclure à l’infaillibilité de ce que le pape dit. Quand le Pape se reporte à ses prédécesseurs, à ce qui a été dit autrefois dans l’Eglise, donc à la Tradition, et qu’il dit que c’est dans leur charge apostolique que les papes ont dit ces choses-là et lui par conséquent, reprenant ces choses-là, le fait aussi dans sa charge apostolique du Vicaire du Christ, on peut donc conclure qu’il s’agit là de choses infaillibles, que le pape engage son infaillibilité et son autorité de docteur de l’Eglise, de docteur suprême de l’Eglise. — nos prédécesseurs, dans la pleine conscience de ce que réclamait d’eux la charge apostolique, n’ont jamais souffert qu’elle fussent impunément émises. C’est ainsi que, dans sa lettre encyclique Mirari vos du 15 août 1832, Grégoire XVI, avec une grande autorité doctrinale, a repoussé ce que l’on avançait dès lors qu’en fait de religion, il n’y a pas de choix à faire : que chacun est maître d’en juger à son aise, que chacun ne relève que de sa conscience et peut en outre publier ce qu’il pense et ourdir des révolutions dans l’Etat. Au sujet de la séparation de l’Eglise et de l’Etat ce pontife s’exprime en ces termes : “Nous ne pouvons pas attendre pour l’Eglise et l’Etat des résultats meilleurs des tendances de ceux qui prétendent séparer l’Eglise de l’Etat et rompre la concorde mutuelle entre le sacerdoce et l’Empire. C’est qu’en effet, les fauteurs d’une liberté effrénée redoutent cette concorde qui a toujours été si favorable et si salutaire aux intérêts religieux et civils.” De la même manière Pie IX, chaque fois que l’occasion s’en présenta, a condamné les fausses opinions les plus en vogue, et ensuite il en fit faire un recueil — le Syllabus —. Donc le Pape Léon XIII approuve le Syllabus du Pape Pie IX, c’est très important, parce qu’à notre époque justement on dit : oh, le Syllabus est une invention du Pape Pie IX et ce n’est pas du tout confirmé par ses successeurs donc cela n’a rien à voir avec l’infaillibilité du Saint Père ! C’est absolument faux, le Pape Léon XIII confirme ça — il a condamné les fausses opinions, et il en fit ensuite un recueil afin que dans un tel déluge d’erreurs les catholiques eussent une direction sûre. De ces décisions des souverains pontifes il faut absolument admettre que l’origine de la puissance publique doit s’attribuer à Dieu et non à la multitude, […] » Enfin il parle alors de toutes les erreurs qui font partie du droit nouveau. Et comment s’y prennent les ou les catholiques libéraux ou ceux qui inspirent les catholiques libéraux pour arriver à répandre leurs idées ? Il y a un de ceux qui a été ces derniers temps pas seulement un catholique libéral, mais pire qu’un catholique libéral, qui a été un véritable libéral et peut-être même, qui sait, peut-être un franc-maçon, c’est le Père Theillard de Chardin n’est-ce pas. Eh bien si il y en a un qui est le type de ceux qui entrent dans le système de ce droit nouveau, de ces idées nouvelles, de tous ces changements c’est justement parce qu’il est le promoteur de ces idées d’évolution : il faut changer, le monde change et donc le monde changeant nous devons tous changer également. C’est ce que disaient déjà les francs-maçon eux-mêmes, n’est-ce pas ! « Pour propager la lumière il a été jugé bon et utile de donner le branle à tout ce qui aspire à remuer. » À tout ce qui aspire à remuer ! Voyez comme c’est habile de leur part : tout ce qui veut changer, tout ce qui veut se détacher de la Tradition, ce qui veut se détacher du passé. « L’effet de cet instruction ne se fait-il sentir plus que jamais à notre époque dit le Père Barbier en 1910 — ce n’est pas d’aujourd’hui — du haut en bas de la société spécialement parmi la jeunesse et aussi dans le clergé n’a-t-il pas vu de toute part surgir parmi eux des agitateurs et des agités. Savent-ils exactement ce qu’ils font et à quelle fin. » Voyez, c’est comme ça qu’ils ont commencé et malheureusement, il faut le dire, c’est ce qui s’est passé dans le concile. Voici le schéma de l’Eglise dans le monde de ce temps, “Gaudium et Spes” : une des premières rédactions de ce schéma est tout à fait dans ce sens. Voyez ! Pour cela justement on fait un exposé préliminaire, et d’ailleurs ça a été dit que cet exposé préliminaire a été fait par des laïcs ; cela a été fait en Suisse par un groupe de laïques dont faisaient partie les protestants. Ce petit détail n’est pas marqué mais il est marqué « de l’avis d’hommes compétents — ces hommes compétents ce sont précisément ce petit groupe de laïques choisis évidement par ceux qui étaient chargés de préparer la rédaction du schéma “Gaudium et Spes” et qui décrivent comment ils conçoivent le monde aujourd’hui enfin — voici quelques traits fondamentaux de ce monde, parce qu’il faut connaître et comprendre le monde dans lequel nous vivons, ses espoirs, ses aspirations, son caractère parfois dramatique — évidemment, on dramatise tout alors ça donne plus de sel et plus d’envie de voir un peu ce qu’est ce changement. — Le genre humain vit aujourd’hui une période nouvelle de son histoire — bah ! on le sait bien évidement, c’est clair ! — Mais caractérisé par des changements profonds et rapides qui s’étendent progressivement à l’univers entier. — C’est le verbiage du libéral absolument, le verbiage des libéraux — provoqué par l’homme, par son intelligence, par son activité créatrice — voilà les grands mots— ils rejaillissent sur l’homme sur ses jugements, ses désirs individuels et collectifs, sur ses modes de pensée et sur son comportement tant à l’égard des choses qu’à l’égard des hommes avec lesquels il vit. — On a pu dire ça à toutes les périodes de l’humanité évidemment, ce qui change, ce qui se modifie dans le monde a des répercutions sur la pensée des hommes, et la pensée des hommes ben c’est… ils se communiquent ces pensées. — À tel point — mais alors ils dramatisent — à tel point que beaucoup n’hésitent pas à parler d’une véritable métamorphose sociale et culturelle. » Avec des mots comme ça, avec des préliminaires comme ça, avec des prémices comme ça, on peut conclure à n’importe quoi ! « Alors comme il arrive si souvent dans toute crise de croissance et de transformation, cela ne va pas sans grande difficulté. Ainsi jamais le pouvoir de l’homme n’a été aussi grand qu’aujourd’hui. — Vous savez ça dépend, il y en a qui diront que jamais le pouvoir de l’homme n’a été si faible qu’aujourd’hui parce qu’on est réduit maintenant, on est enserré dans toute une organisation telle que les hommes n’ont plus beaucoup de pouvoir, enfin tout cela évidemment est équivoque. — Ainsi le pouvoir de l’homme n’a jamais été aussi grand qu’aujourd’hui mais l’homme ne parvient pas toujours à le mettre à son propre service. Il se connaît mieux jusque dans ses profondeurs, mais il est souvent plus incertain de lui-même. — C’est incroyable je ne vous invente pas vous pouvez regarder l’Eglise dans le monde de ce temps. c’est le schéma qu’on nous a remis, aux Pères conciliaires ! — Il découvre peu à peu les lois de la vie sociale, — Comme si on les avait jamais découvertes avant notre temps, les lois de la vie sociale — mais il hésite sur les orientations qu’il faut lui imprimer. — Vraiment quelle imagination ils ont ces braves gens ! — Jamais le genre humain n’a eu à sa disposition tant de richesses tant de possibilités tant de puissance économique ; pourtant, une très grande partie de l’humanité souffre de la faim et des multitudes d’hommes ne savent encore ni lire ni écrire. Jamais le monde n’a eu conscience si vive de son unité, de sa complémentarité, de sa nécessaire solidarité, mais jamais comme aujourd’hui par l’opposition des forces en présence il n’a été à ce point écartelé tandis qu’une nouvelle guerre menace de tout anéantir. — C’est possible ! — Une inquiétude tourmente ainsi beaucoup de nos contemporains qui s’interrogent avec un mélange d’espoir et d’angoisse sur l’évolution présente du monde. Celle-ci jette à l’homme une sorte de défi inéluctablement, il doit y répondre. — Alors ils répondent : oui il y a une mutation profonde. — L’ébranlement actuel des esprits et la transformation des conditions de vie sont liés à une révolution globale qui tend à la prépondérance dans la pensée des sciences mathématiques naturelles et humaines et dans l’action de la technique fille des sciences. — Vous remarquerez qu’il n’y a pas un mot de christianisme, il n’y a pas un mot de surnaturel, il n’y a pas un mot du péché originel, des tendances mauvaises de l’homme, mais rien, rien, rien, c’est du… ce n’est même pas du naturalisme, même pas du réalisme, rien, c’est effrayant ! — L’esprit scientifique a modifié profondément l’ambiance culturelle et le mode de pensée des hommes — comme si on n’avait pas des modes de pensées chrétiens qui nous sont donnés depuis Notre Seigneur et que nous avons à adopter, comme si tout se faisait en dehors de Notre Seigneur ! — La technique est en train de transformer la face de la terre et après avoir aménagé l’espace planétaire… elle poursuit la conquête des espaces interplanétaires… — Qu’est ce que ça vient faire dans l’Eglise, le rapport de l’Eglise et de ce monde, qu’est ce que ça peut bien faire que les hommes aillent entre les planètes ! Est-ce que cela change notre moralité ? est ce que ça change notre… et tout comme ça, il y en a des pages n’est-ce pas ! — Les progrès, des sciences biologiques, psychologiques, sociales permettent à l’homme non seulement de se mieux connaître mais d’influer directement sur la vie des sociétés par des techniques d’action sur l’homme. Il en résulte une accélération de l’histoire telle que chaque homme peine à la suivre. — !!! — Un milieu humain unique se constitue qui ne se diversifie plus comme autant d’histoires séparées les unes des autres et l’homme se sent de moins en moins dépendant du seul cours de la nature. Le genre humain — cela, je crois que je vous l’ai déjà lu ** aux aînés — le genre passe ainsi d’une conception plutôt statique de l’ordre à une conception plus dynamique et évolutive — voilà la conclusion, voyez, ils veulent arriver à ça — qui entraîne toute une problématique nouvelle — donc toute une manière de conception nouvelle, et là-dedans la conception chrétienne, la conception traditionnelle chrétienne, évidemment. — Presque tout doit être repensé, repensé, analysé, pour ainsi dire désintégré dans ses éléments essentiels et accidentels pour être ensuite recomposé en abandonnant au besoin ceux-ci, les accidentels, et en engageant ceux-là, les essentiels, en de nouvelles synthèses qui devront être éprouvées au feu de l’expérience. — C’est effrayant comme conclusion enfin comme si nous n’avions pas de doctrine… Voilà des hommes qui sont chargés d’écrire le monde et de dire ce qu’il faut faire, donc de désintégrer les choses que nous avons jusqu’à présent n’est-ce pas, et de faire un choix dans cette désintégration des pensées que nous avons ! c’est abominable, abominable ! et c’est ça qui présidera alors à toutes les conclusions de ce “Gaudium et Spes”, évidemment… — Changements dans l’ordre social, changements psychologiques moraux et religieux, la mutation des mentalités, des structures provoque une remise en question quasi universelle des idées reçues et des traditions — voyez, remise en question… et on le voit bien maintenant, tout est remis en question, évidemment. — Les cadres de vie, les lois, les façons de voir, de sentir hérités du passé ne sont plus tellement adaptés à l’état des choses actuelles. » Voyez, c’est… Voilà comme on est arrivé à ce que nous vivons actuellement.