18 Sep
18Sep


     Nous voilà au début des années 1940, la parenthèse surprenante du Maréchal Pétain advient, qui place la république en pénitence pour reprendre les mots de l’historien Jean de Viguerie : voici un homme d’Etat qui cherche à restaurer la société sur des bases saines. Il abolit les lois anticatholiques de la IIIe république maçonnique, rend des lieux de culte à l’Eglise, comme le sanctuaire de Lourdes, rétablit l’enseignement des congrégations catholiques, subventionne l’enseignement catholique, reconnait les Instituts catholiques d’utilité publique. Plus encore, il y a accord sur les concepts entre le chef de l’Etat et des aspects de la doctrine politique et royale du Christ Roi, comme en témoigne le futur cardinal Feltin alors archevêque de Bordeaux : 

     « On pourrait longuement énumérer les points de contact existant entre les directives sociales de Léon XIII et de Pie XI sur le salaire vital, la dignité du travail humain, la collaboration des classes, le groupement des travailleurs d’après leurs professions, la primauté du bien commun, le respect de la personne de l’ouvrier d’une part et les idées, les consignes et les réformes sociales et économiques du gouvernement de la Révolution nationale en France, sous l’autorité du maréchal Pétain, d’autre part. (…) L’ordre social nouveau que veut introduire en France le chef de l’Etat s’inspire nettement des enseignements pontificaux en même temps que des traditions et qualités nationales. » 


Témoigage de l’amiral Paul Auphan dans Itinéraires n°67 :

     « Sans vouloir majorer l’influence de Divini Redemptoris sur les réformes sociales esquissées alors par le gouvernement français, je puis assurer qu’avec les grandes encycliques sociales de Leon XIII et de Pie XI lui-meme elle se trouvait sur beaucoup de tables officielles. Le grand public ignore sans doute jusqu’au nom de l’homme qui a preside la commission de la ≪ Charte du Travail ≫ et rédigé l’expose des motifs de cette loi organique qui essayait de résoudre les rapports professionnels autrement que par la contestation systematique. Henry Moysset etait un philosophe politique et un sociologue de la classe des premiers grands catholiques sociaux. Il avait ete lui-meme tres lie avec Henri Lorin. Il etait un des Francais qui connaissait le mieux l’Allemagne et l’Europe centrale. Ministre d’Etat, il a ete avec Lucien Romier un des conseillers les plus sages et les plus ecoutes du marechal Petain. Il a donne a l’institut catholique de Paris le 31 mars 1944 une conference sur ≪ le contenu metaphysique de l’idee de civilisation ≫, un peu nebuleuse parfois selon sa maniere, mais qui constituait, face au neo-paganisme du regime allemand d’alors, un courageux eloge de la civilisation chretienne.

Je suis certain que les recommandations sociales qui occupent les deux tiers du texte de l’encyclique Divini Redemptoris et dont nous parlions souvent ensemble ont eu leur poids dans la pensee de Moysset et dans l’elaboration de la Charte du Travail. Mais les difficultes de l’epoque (disette et repartition des produits industriels par des comites d’organisation) l’obligerent a separer l’economique du social, ce qui faisait de la Charte un document forcement incomplet. Pour moi, place a la tete d’une sorte de ≪ ministere de la mer ≫ englobant tout ce qui flottait – marine militaire, marine de commerce, marine de peche – j’etais plus libre dans mon petit domaine et me suis franchement inspire de l’ideal social de l’Eglise tel qu’il etait rappele dans l’encyclique : ≪ … Le salut n’est certainement pas, dans la lutte des classes, dans les crimes du terrorisme, dans l’abus tyrannique du pouvoir de l’Etat… La veritable prosperite d’un peuple doit etre amuree par un sain regime corporatif… Il est necessaire que toutes les corporations soient reliees entre elles et s’entendent a l’amiable pour pouvoir travailler au bien commun temporel. La fonction qui appartient authentiquement au pouvoir politique est de promouvoir autant qu’il est possible une entente mutuelle de cette sorte entre tous les citoyens ≫ (§ 31). J’ai raconte ici meme l’histoire de cette tentative (n° 14 de juin 1957). Pendant trois ans une Corporation des Peches maritimes et une Corporation de la Marine de Commerce ont fonctionne en France, en meme temps d’ailleurs qu’une Corporation Agricole. Naturellement les esprits avances sourient aujourd’hui a l’enonce du mot inseparable a leurs yeux des hauts-de-chausse et des souliers a la poulaine.

Jean Madiran lui-même leur a réglé leur compte a l’époque ou la revue naissante se livrait a une enquête sur-la corporation. Peu importe d’ailleurs la terminologie, sauf qu’elle est tout de même celle de l’Eglise. Ce qui m’interessait a l’époque c’était l’esprit que j’entendais donner a la nouvelle institution : esprit de coopération entre syndicats (car tout le monde était syndique comme on est assure social) au sein de la profession ou de l’entreprise, par opposition a la contestation systématique et a la lutte de classes du communisme. Cet esprit chrétien sans sectarisme que j’essayai d’infiltrer dans les organisations professionnelles, c’est notamment dans l’encyclique Divini Redemptoris que je l’avais puise. Je l’avais a peine indique dans mon article de 1957. Je tiens a le redire plus explicitement aujourd’hui en hommage a un document qui, au bout de trente ans, conserve toute sa vigueur et son actualité. » Paul Auphan, ancien Secrétaire d’Etat a la Marine.




Extrait des Documents maçonniques n°1, publié par le gouvernement du Maréchal Pétain pour alerter les Français sur l’influence maçonnique en France et ses dangers. 

Le 15 janvier 1943, le maréchal Pétain déclare à Bernard Faÿ, directeur des Documents Maçonniques: 

"Vous ne devez pas hésiter. La Franc-maçonnerie est la principale responsable de nos malheurs; c'est elle qui a menti aux Français et qui leur a donné l'habitude du mensonge. Or, c'est le mensonge et l'habitude du mensonge qui nous ont amenés où nous sommes." 

« Henry Coston, dans Le Cri du Peuple (23 juillet), dresse une liste des manuels scolaires - en usage dans les écoles communales, les lycées et les collèges, dont l'auteur était maçon ou maçonnisant. Isaac (cours d'histoire) ; Seguin-Kléber (lectures) ; Gallouedec et Mauette (géogra­phie) ; Bertaux, Lepointe, Descourtieux (lan­gues vivantes), aux éditions Hachette ; Bè­che (géométrie) ; Boutemy (arithmétique); Joliet (littérature française) ; Meynier (histoi­re ancienne); Mme Lahy-Hollebecque (lectu­res), aux éditions A. Colin ; Chariot, Thiedot (géographie); Eisenenger (sciences naturelles), aux éditions Fernand Nathan; Roudil (sciences physiques et naturelles), aux éditions Larousse ; Ronze (histoire); Auria (sciences), à la librairie Hatier; Toursel (lec­tures) ; Jeancoux (vocabulaire) ; Le Brun (le­çon de choses) ; Renaud (arithmétique) ; Brochet (arithmétique appliquée), à la librairie Delagrave... Cette énumération est loin d'être complète. Elle suffit pourtant à donner un aper­çu de l'influence maçonnique sur la formation de nos enfants. » 


Citations du maréchal Pétain : 

     « Notre défaite est venue de nos relâchements. L’esprit de jouissance a détruit ce que l’esprit de sacrifice a édifié. C’est à un redressement intellectuel et moral que d’abord je vous convie. Français, vous l’accomplirez, et vous verrez, je vous le jure, une France neuve surgir de votre ferveur. » 

17 juin 1940 


Le 20 juin 1940 : 

     « Français ! J’ai demandé à nos adversaires de mettre fin aux hostilités. Le Gouvernement a désigné mercredi les plénipotentiaires chargés de recueillir leurs conditions. J’ai pris cette décision, dure au cœur d’un soldat, parce que la situation militaire l’imposait. Nous espérions résister sur la ligne de la Somme et de l’Aisne. Le Général Weygand avait regroupé nos forces. 

Son nom seul présageait la victoire. 

Pourtant la ligne a cédé et la pression ennemie a contraint nos troupes à la retraite. Dès le 13 juin, la demande d’armistice était inévitable. Cet échec vous a surpris. 

Vous souvenant de 1914 et de 1918, vous en cherchez les raisons. 

Je vais vous les dire. 

Le 1er mai 1917, nous avions encore 3 280 000 hommes aux armées, malgré trois ans de combats meurtriers. 

À la veille de la bataille actuelle, nous en avions 500 000 de moins. En mai 1918, nous avions 85 divisions britanniques ; en mai 1940, il n’y en avait que 10. 

En 1918, nous avions avec nous les 58 divisions italiennes et les 42 divisions américaines. 

L’infériorité de notre matériel a été plus grande encore que celle de nos effectifs. L’aviation française a livré à un contre six ses combats. Moins forts qu’il y a vingt-deux ans, nous avions aussi moins d’amis. 

Trop peu d’enfants, trop peu d’armes, trop peu d’alliés, voilà les causes de notre défaite. Le peuple français ne conteste pas ses échecs. 

Tous les peuples ont connu tour à tour des succès et des revers. C’est par la manière dont ils réagissent qu’ils se montrent faibles ou grands. Nous tirerons la leçon des batailles perdues. 

Depuis la victoire, l’esprit de jouissance l’a emporté sur l’esprit de sacrifice. On a revendiqué plus qu’on a servi. On a voulu épargner l’effort ; on rencontre aujourd’hui le malheur. J’ai été avec vous dans les jours glorieux. 

Chef du Gouvernement, je suis et resterai avec vous dans les jours sombres. Soyez à mes côtés. Le combat reste le même. Il s’agit de la France, de son sol, de ses fils. »



Le 25 juin : 

     Français ! Je m’adresse aujourd’hui à vous, Français de la métropole et Français d’outre-mer, pour vous expliquer les motifs des deux armistices conclus, le premier avec l’Allemagne, il y a trois jours, le second avec l’Italie. 

Ce qu’il faut d’abord souligner, c’est l’illusion profonde que la France et ses alliés se sont faits sur la véritable force militaire et sur l’efficacité de l’arme économique, liberté des mers, blocus, ressources dont ils pouvaient disposer. Pas plus aujourd’hui qu’hier on ne gagne une guerre uniquement avec de l’or et des matières premières. La victoire dépend des effectifs, du matériel et des conditions de leur emploi. 

Les événements ont prouvé que l’Allemagne possédait, en mai 1940, dans ce domaine, une écrasante supériorité à laquelle nous ne pouvions plus opposer, quand la bataille s’est engagée, que des mots d’encouragement et d’espoir. La bataille des Flandres s’est terminée par la capitulation de l’armée belge en rase campagne et l’encerclement des divisions anglaises et françaises. 

Ces dernières se sont battues bravement. Elles formaient l’élite de notre armée ; malgré leur valeur, elles n’ont pu sauver une partie de leurs effectifs qu’en abandonnant leur matériel. 

Une deuxième bataille s’est livrée sur l’Aisne et sur la Somme. Pour tenir cette ligne, soixante divisions françaises, sans fortifications, presque sans chars, ont lutté contre cent-cinquante divisions d’infanterie et onze divisions cuirassées allemandes. 

L’ennemi, en quelques jours, a rompu notre dispositif, divisé nos troupes en quatre tronçons et envahi la majeure partie du sol français. La guerre était déjà gagnée virtuellement par l’Allemagne lorsque l’Italie est entrée en campagne, créant contre la France un nouveau front en face duquel notre armée des Alpes a résisté. 

L’exode des réfugiés a pris, dès lors, des proportions inouïes. 

Dix millions de Français, rejoignant un million et demi de Belges, se sont précipités vers l’arrière de notre front, dans des conditions de désordre et de misère indescriptibles. 

À partir du 15 juin, l’ennemi, franchissant la Loire, se répandait à son tour sur le reste de la France. Devant une telle épreuve, la résistance armée devait cesser. 

Le gouvernement était acculé à l’une de ces deux décisions : soit demeurer sur place, soit prendre la mer. Il en a délibéré et s’est résolu à rester en France, pour maintenir l’unité de notre peuple et le représenter en face de l’adversaire. Il a estimé qu’en de telles circonstances, son devoir était d’obtenir un armistice acceptable, en faisant appel chez l’adversaire au sens de l’honneur et de la raison. 

L’armistice est conclu, le combat a pris fin. En ce jour de deuil national, ma pensée va à tous les morts, à tous ceux que la guerre a meurtris dans leur chair et dans leurs affections. Leur sacrifice a maintenu haut et pur le drapeau de la France. Qu’ils demeurent dans nos mémoires et dans nos cœurs. 

Les conditions auxquelles nous avons dû souscrire sont sévères. Une grande partie de notre territoire va être temporairement occupée. Dans tout le Nord et dans l’Ouest de notre pays, depuis le lac de Genève jusqu’à Tours, puis le long de la côte, de Tours aux Pyrénées, l’Allemagne tiendra garnison. Nos armées devront être démobilisées. Notre matériel remis à l’adversaire, nos fortifications rasées, notre flotte désarmée dans nos ports. En Méditerranée, des bases navales seront démilitarisées. Du moins l’honneur est-il sauf. Nul ne fera usage de nos avions et de notre flotte. Nous gardons les unités terrestres et navales nécessaires au maintien de l’ordre dans la métropole et dans nos colonies. Le gouvernement reste libre, la France ne sera administrée que par des Français. Vous étiez prêts à continuer la lutte je le savais. La guerre était perdue dans la métropole, fallait-il la prolonger dans nos colonies ? 

Je ne serais pas digne de rester à votre tête si j’avais accepté de répandre le sang français pour prolonger le rêve de quelques Français mal instruits des conditions de la lutte. Je n’ai voulu placer hors du sol de France ni ma personne, ni mon espoir. Je n’ai pas été moins soucieux de nos colonies que de la métropole. L’armistice sauvegarde les liens qui l’unissent à elles. La France a le droit de compter sur leur loyauté. C’est vers l’avenir que désormais nous devons tourner nos efforts. 

Un ordre nouveau commence. Vous serez bientôt rendus à vos foyers. Certains auront à le reconstruire. Vous avez souffert. Vous souffrirez encore. Beaucoup d’entre vous ne retrouveront pas leur métier ou leur maison. Votre vie sera dure. Ce n’est pas moi qui vous bernerai par des paroles trompeuses. Je hais les mensonges qui vous ont fait tant de mal. 

La terre, elle, ne ment pas. Un champ qui tombe en friche, c’est une portion de France qui meurt. Une jachère de nouveau emblavée, c’est une portion de France qui renaît. N’espérez pas trop de l’État qui ne peut donner que ce qu’il reçoit. Comptez pour le présent sur vous-mêmes et, pour l’avenir, sur les enfants que vous aurez élevés dans le sentiment du devoir. 

Nous avons à restaurer la France. Montrez-la au monde qui l’observe, à l’adversaire qui l’occupe, dans tout son calme, tout son labeur et toute sa dignité. Notre défaite est venue de nos relâchements. L’esprit de jouissance détruit ce que l’esprit de sacrifice a édifié. 

C’est à un redressement intellectuel et moral que, d’abord, je vous convie. Français, vous l’accomplirez et vous verrez, je le jure, une France neuve surgir de votre ferveur.

« Pendant les trois quarts de siècle qui ont précédé la guerre, le régime politique auquel étaient soumis les Français était la culture du mécontentement. Aujourd’hui que la France est en proie au malheur véritable, il n’y a plus de place pour les mensonges et les chimères. Il faut que les Français s’attachent à supporter l’inévitable, fermement et patiemment. » 




« Une France nouvelle est née. Cette France, ce sont vos épreuves, vos remords, vos sacrifices qui l’ont faite. »

29 décembre 1940



 « Vous apprendrez à préférer aux plaisirs faciles les joies des difficultés surmontées. » 

« Seul le don de soi donne son sens à la vie individuelle, en la rattachant à quelque chose qui la dépasse. »




1940, perquisitions dans les loges. Des objets infestés flottent dans les airs (image de synthèse obtenue via site de génération d'images)

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