Mgr Pie et Napoléon III suivi de l'importance du pouvoir politique catholique
Mgr Pie et Napoléon III suivi de l'importance du pouvoir politique catholique
19 Sep
19Sep
Mgr Pie, le 15 mars 1856, s'adressait à l'empereur :
Peut-être la Restauration n’a-t-elle pas fait plus que vous. Mais laissez-moi ajouter que ni la Restauration, ni vous n’avez fait pour Dieu ce qu’il fallait faire, parce que ni l’un, ni l’autre n’avez relevé son trône ; parce que ni l’un, ni l’autre, vous n’avez renié les principes de la Révolution, dont vous combattez cependant les conséquences pratiques, parce que l’évangile social, dont s’inspire l’État, est encore la Déclaration des Droits de l’Homme, laquelle n’est autre chose, Sire, que la négation formelle des Droits de Dieu.
Or, c’est le droit de Dieu de commander aux États comme aux individus. Ce n’est pas pour autre chose que Notre Seigneur est venu sur la terre ! Il doit y régner en inspirant les lois, en sanctifiant les mœurs, en éclairant l’enseignement, en dirigeant les conseils, en réglant l’action des gouvernements comme des gouvernés.
Partout où le Christ n’exerce pas son règne, il y a désordre et décadence. Or, j’ai le devoir de vous dire qu’Il ne règne pas parmi nous, et que notre Constitution n’est pas, loin de là, celle d’un État chrétien et catholique. Notre Droit public établit bien que la Religion catholique est celle de la majorité des Français ; mais il ajoute que les autres cultes ont droit à une égale protection. N’est-ce pas proclamer équivalemment que la Constitution protège la Vérité et l’erreur ? Eh bien, Sire, savez-vous ce que Jésus-Christ répond aux gouvernements qui se rendent coupables d’une pareille contradiction ?
Jésus-Christ, Roi du Ciel et de la terre, leur répond : « Et moi aussi, gouvernements, qui vous succédez en vous renversant les uns les autres, moi aussi je vous accorde une égale protection. J’ai accordé cette protection à l’empereur votre oncle, j’ai accordé la même protection aux Bourbons, la même protection à Louis-Philippe, la même protection à la République et à vous aussi la même protection vous sera accordée. »
Et de conclure : Sire, quand de grands politiques comme votre Majesté m’objectent que le moment n’est pas venu, je n’ai qu’à m’incliner parce que je ne suis pas un grand politique. Mais je suis évêque et comme évêque je leur réponds : « Le moment n’est pas venu pour Jésus-Christ de régner ? Eh bien, alors le moment n’est pas venu pour les gouvernements de durer ».
Concluons avec l'importance d'un pouvoir politique catholique pour protéger la foi :
Saint Jean Eudes et saint Alphonse de Liguori expliquaient que l’action auprès d’un prince est d’une portée sans proportion avec celle qui peut être menée auprès du peuple.
« Nous nous tuons, Madame, écrivait saint Jean Eudes à la reine Anne d'Autriche, à force de crier contre quantité de désordres qui sont dans la France et Dieu nous fait la grâce de remédier à quelques uns.
Mais je suis certain, Madame, que, si Votre Majesté voulait employer le pouvoir que Dieu lui a donné, elle pourrait plus faire, à elle seule, pour la destruction de la tyrannie du diable et pour l’établissement du règne de Jésus-Christ, que tous les missionnaires et prédicateurs ensemble. »
Et saint Alphonse de Liguori, docteur de l’Église :
« Si je parviens à gagner un roi, j’aurai plus fait, pour la cause de Dieu, que si j’avais prêché des centaines et des millions de missions. Ce qu’un souverain, touché par la grâce de Dieu, peut faire, dans l’intérêt de l’Église et des âmes, mille missions de le feront jamais. »
Ces deux citations sont dans Jean OUSSET, Pour qu'Il règne., pp. 42-43. Ce n’est pas pour rien que les Jésuites se sont d’abord attachées à influencer les cours royales et impériales, et à créer des collèges pour la formation des élites.
En baptisant Clovis, et ses trois milles leudes, saint Rémi baptisait les institutions politiques de la France, et il en a été de même avec le baptême de saint Ethelbert, de saint Wenceslas ou de saint Étienne parmi tant d’autres pour leur propre pays.