26 Aug
26Aug

1961

« Les principes de la Révolution desserviront toujours et partout les intérêts de l’Église, parce que la lutte contre l’Église catholique, apostolique et romaine est la raison d’être et l’essence même de la Révolution. Leur opposition n’est pas accidentelle, due aux circonstances, aux lieux, aux contingences d’un moment... Ce sont des ennemis essentiels. On a dit : « L’Église est le bien absolu. La Révolution est le mal absolu. » C’est vrai autant que cela peut l’être. Car l’Église, c’est Jésus-Christ. Et la Révolution, c’est Satan. »
Chanoine A. Roul, L’Eglise Catholique et le Droit Commun, Éditions Doctrine et Vérité, 1931, p. 517


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25 mars – Annonciation

Article de l’Osservatore romano : Le latin, langue de l’Eglise. L’Eglise veut une langue universelle, immuable et non vulgaire. Arguments : 

Le latin ne favorise ni ne lèse personne car c’est la LANGUE DE TOUS.

Langue précise et unique pour tous les prêtres afin de recevoir instantanément les Actes du MAGISTERE et paroles du Souverain Pontife ; lire dans le texte les Pères latins, les docteurs et les théologiens des siècles passés.

La TERMINOLOGIE est exacte, immuable, universelle.

La LITURGIE devient d’un accès aisé.

Une culture supranationale est communiquée.

Contribue à resserrer l’UNITE de tous les membres de la sainte Eglise.

La langue ne s’altère pas.


9 mai 

Lettre du cardinal Ruffini au cardinal Ottaviani  

« Je l’ai dit et je le redis : le modernisme, condamné par saint Pie X, est aujourd’hui librement répandu sous des aspects encore plus graves et plus délétères qu’il ne l’était alors. »


15 mai

Encyclique Mater et magistra.


20 juin

Première réunion de la Commission centrale préparatoire.

Le Saint Office publie un monitum sur « l’authentique vérité historique et objective » de la sainte Écriture et condamne les pères Lyonnet et Zerwick.


24 août 

Le cardinal Ruffini dans l’Osservatore romano critique l’allusion aux genres littéraires dans l’interprétation des saintes Ecritures. « Que dirait saint Pie X – qui condamna énergiquement le modernisme- face à des erreurs qui le font revivre et le rendent d’autant plus redoutable qu’il est accrédité par des hommes qui sont à bien des titres dignes d’une considération particulière ? »

Le cardinal Pizzardo envoya cet article aux recteurs de tous les séminaires d’Italie à l’attention de leurs professeurs.


31 octobre

Programme du parti communiste de l’Union soviétique au XXIIe congrès reprenant les indications du rapport Illitchev pour combattre la religion et répandre l’athéisme militant.


8 novembre 

Une formule de profession de foi synthétisant la profession de foi tridentine et le serment antimoderniste est envoyée par la commission théologique à la Commission centrale préparatoire :

J’admets avec une foi sincère le péché originel, par lequel tous les hommes ont péché en leur premier parent Adam, (comme) le péché proprement dit, transmis par génération et propre à chacun.

Je reconnais les preuves extérieures de la Révélation, et particulièrement les miracles et les prophéties comme des signes très certains de l'origine divine de la religion chrétienne et je tiens qu’elle est tout à fait adaptée à l’intelligence humaine, même d’aujourd’hui. Je crois également que l’Église, considérée en soi, de par son unité universelle, sa sainteté suprême et sa fécondité inépuisable en toutes sortes de biens, son admirable diffusion et sa stabilité invincible, est un motif perpétuel de crédibilité et un témoignage irréfutable de son héritage divin.

Je reçois sincèrement la doctrine de la foi transmise des apôtres jusqu’à nous par les pères orthodoxes toujours dans le même sens et avec les mêmes expressions. Pour cette raison, même si dans l'Église la compréhension de la vérité révélée s’accroît, je rejette comme hérétique l’invention de l’évolution des dogmes, qui, au fil temps, passeraient d'un sens à l'autre, différent de celui que l'Église a enseigné une fois pour toutes.

Je tiens que le dépôt de la foi, c ’est-à-dire la parole de Dieu écrite ou transmise par les apôtres, est complet. Je tiens fermement que la Sainte Écriture, exempte de toute sorte d’erreur, doit être expliquée sous la direction du magistère de la foi, selon la règle de la Tradition et selon l'analogie de la foi.

Je professe que la foi n'est pas qu'un obscur sentiment religieux, ou un sentiment de l'âme, mais un véritable assentiment de l'intelligence à la vérité reçue extrinsèquement par l'enseignement reçu ex audita, assentiment par lequel nous croyons vrai, à cause de l'autorité de Dieu dont la véridicité est absolue, tout ce qui a été révélé et attesté par un Dieu personnel, auquel, croyant, nous soumettons totalement notre intelligence et notre volonté, avec l'inspiration et l'aide de la grâce de Dieu.

Je reçois de même avec une foi vive toutes les autres vérités que les conciles œcuméniques ont définies et déclarées, et surtout le saint concile de Trente et le premier concile œcuménique du Vatican, surtout celles qui concernent la primauté et le magistère infaillible du Pontife romain ; je condamne et rejette toutes les erreurs qui ont été rejetées et condamnées par ces mêmes conciles et par les lettres encycliques, notamment Pascendi et Humani Generis.

Cette vraie foi catholique, en dehors de laquelle nul ne peut être sauvé, dont je fais actuellement profession, volontairement et sincèrement, je veux, avec l’aide de Dieu, la conserver intègre et inviolable et en faire profession constamment jusqu’à mon dernier soupir et, autant qu’il dépendra de moi, veiller à ce que mes subordonnés ou ceux qui relèveront de mon autorité, la professent, l’enseignent et la prêchent. Ainsi, moi, N., devant Dieu et Jésus-Christ, qui me jugera pour la vie ou pour la peine éternelle, je m'engage et je jure.



25 décembre

Bulle Humanae salutis convoquant le Concile.



Nous arrivons à la période conciliaire, pleine de combats à mener pour Dieu, son Église, sa Tradition, le salut des âmes. Le concile n’est pas venu comme un cheveu sur la soupe, un long travail de sape des ennemis de l’Eglise le précède, les francs-maçons, les juifs talmudistes descendants des pharisiens, les communistes en particulier. La mauvaise doctrine des modernistes est là, sous-jacente chez les futurs experts, prête à jaillir de sa boîte où Pascendi et Humani Generis l’avaient maintenue, avec la réserve feutrée des traîtres qui ne veulent point trop s’exposer. Cependant, c’est aussi tout le courant catholique-libéral qui va bientôt exulter, la partie davantage composée de fidèles qui veulent composer avec le monde issu de 1789, de politicards rompus au roueries démocratiques, de faux docteurs d’une action catholique déboussolée et gauchisante. De même qu’à la veille de la révolution de 1789 le parti libéral avait ses comités locaux, ses loges maçonniques, ses académies, ses salles de lecture, ses salons, le concile fut précédé par des réunions, conférences, publications progressistes, rencontres, où une stratégie était élaborée.


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     Une intense activité intellectuelle est le spectacle offert dans l’Eglise au début du XXe siècle. Une émulation, dans les divers domaines du savoir, donna lieu à de nombreux périodique, à des conférences d’un très bon niveau. Il faut nommer la philosophie et la théologie thomistes suite aux mesures du Saint Siège, la dévotion mariale grâce aux grandes apparitions, et dans une certaine mesure les mouvements liturgique, biblique et patristique. Toutefois, ces travaux donnèrent vite lieu à une spécialisation du savoir qui perdit de vue la synthèse doctrinale en Notre Seigneur, que saint Thomas opéra avec merveille. On vit d’éminents connaisseurs de saint Thomas dénués de tout sens liturgique, et à l’inverse de fins liturgistes perdre les bases de la théologie thomiste. Certains firent de l’étude des Pères de l’Eglise un prétexte pour oublier ou faire oublier la scolastique, comme le Père de Lubac l’avoua au début de la collection Sources chrétiennes. On vit des moteurs du renouveau biblique ou patristique dépourvus de dévotion mariale, à l’instar du Père Congar écrivant dans son journal de bord du 17 septembre 1964 : « Je fais campagne tant que je peux contre une consécration du Monde au Cœur Immaculé de Marie » (Mon journal du concile, Cerf, 2002, p.143). Ces experts avaient cessé d’être sages.

      Que manqua-t-il à ces savants ? Que leur manqua-t-il pour unifier leur savoir ? Pour ne pas s’égarer ? Le recours au Magistère de l’Eglise. Il fut le grand absent de leurs études. Ce fut le contact assidu et généreux, docile et empressé à l’enseignement courant des papes, aux décrets des conciles et des papes qui permit à Mgr Lefebvre, au Père Calmel et à tant d’autres prêtres persévérants dans leur sacerdoce de tenir bon dans la tourmente des années 1960-1970. Cette docilité au magistère catholique fait apparaître avec clarté la sagesse de la Tradition catholique

     A la lumière de l’enseignement de la Rome catholique, les ténors de la Tradition des années 1960 à nos jours, et leurs maîtres avant eux, puis leurs disciples fidèles, surent remettre chaque chose à sa place, ordonner tous les domaines du savoir dans une synthèse stable qui put résister au vent desséchant du modernisme. Par ailleurs, ite ad Thomam nous disent les papes de toujours, allez à Thomas : le recours à la sagesse de notre grand docteur permet de ne pas s’égarer et de rester dans une contemplation aimante des vérités divines. 

     Enfin, parce que l’Eglise est militante ici-bas, elle combat généreusement tous les combats du Seigneur pour conserver précieusement l’héritage que Dieu lui a confié : les âmes rachetées par son précieux Sang. Elle sait condamner les erreurs, le mal et le péché, et proposer le remède dans la grâce qui guérit nos blessures et élève notre âme. Grâce à l’Eglise, nous pouvons discerner la lumière des ténèbres, comme Notre Seigneur brillant soleil de Justice se manifesta aux hommes, tel que saint Jean le décrit dans le Prologue de son Evangile, lu à la fin de la messe traditionnelle par le prêtre. Saint Augustin, sur les cent dix-huit ouvrages qu’il nous laisse, en consacra plus de quarante explicitement à la destruction d’une erreur, sans parler des réfutations dans ses autres livres. Les conciles, jusqu’au premier concile du Vatican, ont toujours dédié des canons pour condamner telle erreur, afin de mieux cerner la vérité niée par les hérétiques, vérité dont la foi nous fait vivre.


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1962

« La Révolution n’est pas née de l’Évangile ; elle est née contre l’Évangile, des passions que réprouve l’Évangile. Elle en est la contradiction et la haine. [...] L’Église [...] a condamné vingt fois la Révolution ; elle la condamnera jusqu’à la fin. [...] Entre l’Église et la Révolution il n’y [...] a point [de moyen de s’entendre]. Ou l’Église tuera la Révolution, ou la Révolution tuera l’Église. C’est un duel à mort. Qu’est- ce donc que la Révolution ? D’abord la Révolution est une idée ; sans cela elle n’agiterait pas le monde. Ensuite c’est une idée opposée à la doctrine formelle de l’Église ; c’est une hérésie comme l’arianisme, le pélagianisme ; qui aura son cours comme ces grandes hérésies ; qui fera peut-être plus de mal, parce qu’elle s’attaque aux fondements mêmes des sociétés ; mais qui disparaîtra comme ces hérésies sous les foudres toutes puissantes de l’Église. Dans l’évolution complète de l’idée révolutionnaire, il y a trois degrés successifs. Il y a le libéralisme : la doctrine de ceux qui, par bon sens ou par timidité, s’arrêtent à mi-chemin. Il y a ensuite le radicalisme, qui nous menace en ce moment : la doctrine de ceux qui, par passion ou par logique, iront jusqu’au bout. Et enfin il y a le socialisme qui s’affirme timidement et attend l’avenir. Et, en dépit de toutes les dénégations, les trois ne font qu’un. Le premier engendre le second, qui engendre le troisième. »
Mgr Bougaud, Le christianisme et les temps présents, 4 édition, Paris : Librairie Poussielgues Frères, 1890, Tome 4 , 3e partie, chap. II, pp. 386-387.


22 janvier

AU MOMENT DU CONCILE VATICAN II, une « nouvelle théologie » moderniste se propageait, avec, notamment, un nouveau concept de Révélation : celle-ci n’était plus une « locution de Dieu qui atteste », à laquelle il faut répondre par une adhésion de l’intelligence à la vérité révélée, elle « appartient plutôt à la catégorie des impressions, qu’à celle de l’expression » réclamant « l’adhésion de tout l’homme, le cœur, l’esprit et l’âme, à l’Esprit divin à l’intérieur ». Nous sommes là au cœur de ce qui sépare les modernistes des vrais catholiques. Selon la foi catholique, Dieu s’est révélé en parlant aux hommes un langage humain, par les prophètes d’abord, puis par Notre-Seigneur Jésus-Christ et les Apôtres. Cette Révélation est transmise par un enseignement – un magistère – qui s’adresse à l’intelligence. Nous y répondons, si nous le voulons et si Dieu nous y aide par sa grâce, par l’adhésion de la foi, adhésion de l’intelligence à la vérité révélée. L’intelligence est la faculté de l’être, la puissance de notre âme qui nous fait connaître l’être des choses. C’est par elle, et par elle seulement, que nous pouvons entrer en contact avec la réalité au-delà des phénomènes, que ce soit dans le domaine naturel comme dans le domaine surnaturel. Ainsi, nous pouvons par la foi entrer en contact avec Dieu qui se révèle à nous. Et il n’y a pas d’autre moyen de pénétrer dans le monde surnaturel. Mais les modernistes, imbus de la philosophie moderne, dénient à notre intelligence cette capacité de connaître les réalités telles qu’elles sont en elles-mêmes. Nous ne pouvons atteindre la réalité que par le moyen des sentiments, des émotions, des impressions qui se produisent lorsque nous rentrons en contact avec elle. Cette règle vaut autant pour le monde surnaturel que pour le domaine naturel : nous ne le connaissons que par l’expérience d’une rencontre. Cette expérience est traduite plus ou moins bien par des concepts. Ces concepts sont inadéquats à traduire toute la réalité de l’expérience : ils sont donc relatifs et changeants. De plus les expériences peuvent se multiplier : il y a place pour une évolution de la foi. C’est cette conception moderniste de la Révélation et de la foi que le schéma avait prévu de condamner dans ces deux chapitres. Les erreurs qui devaient être condamnées sont devenues l’enseignement ordinaire de l’Église conciliaire. Le cardinal Ottaviani attirait l’attention sur le fait que cette constitution a pour objet d’une part de reconnaître la part de vérité dans ce que beaucoup disent sur l’aspect historique de l’objet de la Révélation, et d’autre part de réprouver ce qui se dit de faux sur ce sujet. Il ne manque pas de personnes qui, imbues d’anti-intellectualisme, voudraient déclarer que la Révélation est constituée d’événements salutaires, auxquels les paroles des envoyés de Dieu seraient ajoutées de manière seulement subsidiaire, ce qui veut dire que la foi chrétienne peut être aidée par ces paroles, mais non pas dirigée par elles. L’intention des rédacteurs a été de confirmer et de compléter l’enseignement du concile Vatican I. Notamment, on précise la notion de Révélation en affirmant qu’elle est « une locution de Dieu qui rend témoignage (locutio Dei attestantis) ». Cette affirmation, tirée des paroles mêmes de la sainte Écriture, est prouvée par de nombreuses citations du magistère de l’Église, soit extraordinaire, soit ordinaire. La suite dans Le sel de la terre n°92, p. 34 et sv.



2 février

Motu proprio Concilium fixant au 11 octobre 1962 la date d’ouverture du Concile.



22 février

Constitution apostolique Veterum sapientia sur l’emploi de la langue latine.



13 avril

Des évêques s’écartent de la foi catholique sur la notion de magistère ordinaire universel Le Père Sébastien TROMP S.J., de la commission de théologie préparatoire au concile, fit une importante déclaration au sujet de ce « magistère ordinaire universel », c’est-à-dire de l’enseignement courant des évêques dispersés, unanimes à enseigner comme à croire de foi divine un article de foi, un point de doctrine, qui oblige à l’assentiment de foi (VATICAN I, Dz 1792, DS 3011) et mentionne « ces modernistes qui disent qu’il faut faire une refonte de tous les points de doctrine qui n’ont pas encore été définis par le magistère extraordinaire », c’est-à-dire par un jugement solennel, et critique les évêques hollandais qui nient implicitement ce point de doctrine (cf Le Sel de la terre n°106, p.12).



25 avril

S’exprimer comme un protestant ou un idéaliste ? Le cardinal Béa préconise pour le futur concile d’expliquer la doctrine « suivant la mentalité et les habitudes de langage de l’homme moderne ou de tel ou tel groupe de frère séparé [hérétique] ». Il sera rejoint par le Pape Jean XXIII le 11 octobre suivant, souhaitant que la doctrine « soit exposée et approfondie à la lumière des recherches modernes et du langage de la pensée contemporaine ».



Juin

Un plan à l’œuvre Le cardinal Suenens réunit les cardinaux Döpfner, Liénart, Montini et Siri pour discuter d’un plan pour le concile. Il agite l’intégrisme comme épouvantail et critique les schémas. Il suggère que le Pape crée une commission limitée à quelques membres entre les mains du Pape.



8 juin

Presse libérale 

Article du Times magazine Une seconde réforme pour les catholiques et les protestants, sur le livre de Hans Küng Concile et retour à l’unité qui théorise la convergence des mouvements biblique, liturgique et œcuménique pour « renouveler » l’Eglise. Un renouveau conciliaire qui sera son tombeau.



19 juin

Un affrontement dramatique 

Source : Le sel de la terre n° 39 

     Commission centrale. Controverse entre cardinaux et supérieurs de congrégations libéraux et traditionnels au sujet du schéma traditionnel présenté par le cardinal Ottaviani sur l’Etat catholique et la tolérance religieuse, et celui, libéral, du cardinal Béa. 

     Mgr Lefebvre parle :

« De la liberté religieuse » : non placet [je vote non], car elle se fonde sur des principes faux et solennellement réprouvés par les souverains pontifes, par exemple par Pie IX qui appelle cette erreur “un délire” (Dz 1690). Le schéma sur la liberté religieuse ne prêche pas le Christ et semble donc faux.



Du schéma catholique du cardinal Ottaviani : « De l’Église », chapitres IX-X : placet [je vote oui]. Mais la présentation des principes fondamentaux pourrait être faite davantage par rapport au Christ-Roi comme dans l’encyclique Quas primas. […] 

Notre concile aurait pour but de prêcher à tous les hommes le Christ et d’affirmer qu’il revient à la seule Église catholique de prêcher authentiquement le Christ : le Christ salut et vie des individus, des familles, des associations professionnelles et des autres sociétés civiles. 

Le schéma de la Commission théologique expose la doctrine authentique à la manière d’une thèse et il ne montre pas assez le but de cette doctrine, qui n’est autre que le Règne du Christ. (…) Du point de vue du Christ source de salut et de vie, toutes les vérités fondamentales pourraient être exposées de manière « pastorale » comme on dit, et de cette manière sont expulsées même les erreurs du laïcisme, du naturalisme, du matérialisme, etc. »



« C’est pour cela [pour le droit à la liberté religieuse] que lors des réunions de la commission centrale préparatoire du Concile, le cardinal Ottaviani s’était si vivement opposé au cardinal Bea, qui voulait absolument voir le Concile adopter la liberté religieuse. Il avait inscrit en tête de son projet : De libertate religiosa, tandis que le cardinal Ottaviani lui opposait De tolerantia religiosa. On voit bien la différence : on tolère l’erreur dans la mesure où l’on ne peut pas la supprimer, mais si on le peut [sans nuire à la paix publique], on doit le faire. Le but est toujours de poursuivre et de détruire l’erreur et de lui opposer la vérité. Mais il arrive un moment, dans certains États, suivant les circonstances, en fonction du nombre de catholiques [quand ceux-ci ne disposent pas d’une large majorité], où cela n’est plus possible, où l’ordre public ne serait plus assuré [si l’on voulait réprimer les cultes dissidents], et la paix mise en péril. L’Église a toujours accepté cela. Le pape Léon XIII l’a dit dans son encyclique Libertas, il y a une tolérance. Mais De libertate religiosa, telle que l’entendait le cardinal Bea, la liberté religieuse, c’est la liberté accordée par principe à tous les cultes, liberté d’opinions, liberté pour chacun d’exprimer publiquement ce qu’il veut, c’est-à-dire exactement l’opposé de ce que proclame le pape Pie IX dans son encyclique Quanta cura. C’est inimaginable ! » (LEFEBVRE Mgr Marcel, C’est moi l’accusé qui devrais vous juger, Étampes, Clovis, 1994, p. 211.)

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Le texte du schéma traditionnel :

Principe : Distinction entre l’Église et la société civile, et subordination du but de la cité au but de l’Église.

     L’homme, destiné par Dieu à une fin surnaturelle, a besoin de l’Église comme de la société civile pour atteindre sa pleine perfection. Tandis qu’il revient à la société civile, à laquelle l’homme appartient de par son caractère social et qui s’occupe des biens terrestres, de rechercher cette fin qui permette aux citoyens de mener sur cette terre une « vie calme et paisible » (voir 1 Tm 2, 2), l’Église, à laquelle l’homme doit s’incorporer de par sa vocation surnaturelle, a été fondée par Dieu pour que, s’étendant toujours de plus en plus, elle conduise ses fidèles, par sa doctrine, ses sacrements, sa prière et ses lois, à leur fin éternelle.


     Chacune de ces deux sociétés est riche des facultés nécessaires pour remplir comme il se doit sa propre mission ; chacune aussi est parfaite, c’est-à-dire suprême en son ordre et donc non soumise à l’autre, détentrice du pouvoir législatif, judiciaire et exécutif 2. Cette distinction des deux cités, comme l’enseigne une constante tradition, repose sur les paroles du Seigneur : « Rendez donc à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu » (Mt 22, 21).


     Cependant, comme ces deux sociétés exercent leurs pouvoirs sur les mêmes personnes et souvent sur les mêmes objets, elles ne peuvent s’ignorer l’une l’autre ; elles doivent même procéder en parfaite harmonie, afin de prospérer elles-mêmes non moins que leurs membres communs.


     Le saint Concile, dans l’intention d’enseigner quelles relations doivent exister entre ces deux pouvoirs, d’après la nature de chacun d’eux, déclare en tout premier lieu la ferme obligation de tenir que, tant l’Église que la société civile, ont été instituées pour l’utilité de l’homme 3 ; mais que la félicité temporelle, confiée au soin du pouvoir civil, ne vaut rien pour l’homme s’il vient à perdre son âme (voir Mt 16, 26 ; Mc 8, 36 ; Lc 9, 25). Que, par conséquent, la fin de la société civile ne doit jamais être recherchée en excluant ou en lésant la fin ultime, à savoir le salut éternel.


Le pouvoir de l’Église et ses limites ; les devoirs de l’Église envers le pouvoir civil

     Puisque donc le pouvoir de l’Église s’étend à tout ce qui conduit les hommes au salut éternel, mais que ce qui regarde seulement la félicité temporelle est placé, comme tel, sous l’autorité civile, il suit de là que l’Église ne s’occupe pas des réalités temporelles, sinon pour autant qu’elles sont ordonnées à la fin surnaturelle.

Quant aux actes ordonnés à la fin de l’Église autant qu’à celle de la cité, comme le mariage, l’éducation des enfants et autres semblables, les droits du pouvoir civil doivent être exercés de telle façon que, au jugement de l’Église, les biens supérieurs de l’ordre surnaturel ne subissent aucun dommage.Dans les autres activités temporelles qui, demeurant sauve la loi divine, peuvent être à bon droit envisagées ou accomplies de diverses manières, l’Église ne s’immisce aucunement.

Gardienne de son droit, parfaitement respectueuse du droit d’autrui, l’Église n’estime pas lui appartenir spécialement de choisir la forme de gouvernement, ni par quelles institutions administrer le domaine civil des nations chrétiennes : des diverses formes de gouvernement, elle ne désapprouve aucune, à condition que la religion et la morale soient sauves. De même, en effet, que l’Église ne renonce pas à sa propre liberté, de même elle n’empêche pas le pouvoir civil d’user librement de ses droits et de ses lois.

En effet, l’Église elle-même coopère à ce que, par leur vertu et leur piété chrétienne, les citoyens deviennent bons ; et s’ils sont tels que l’ordonne la doctrine chrétienne, au témoignage de saint Augustin (Lettre à Marcellin 138, 15), sans aucun doute, grande sera la prospérité publique.


Devoirs religieux du pouvoir civil

Le pouvoir civil ne peut être indifférent à l’égard de la religion. Institué par Dieu, afin d’aider les hommes à acquérir une perfection vraiment humaine, il doit, non seulement fournir à ses sujets la possibilité de se procurer les biens temporels, – soit matériels, soit intellectuels –, mais encore favoriser l’affluence des biens spirituels leur permettant de mener religieusement leur vie humaine.

Or, parmi ces biens, rien de plus important que de connaître et de reconnaître Dieu, puis de remplir ses devoirs envers Dieu : c’est là, en effet, le fondement de toute vertu privée et, plus encore, publique.

Ces devoirs envers Dieu obligent envers la Majesté divine, non seulement chacun des citoyens, mais aussi le pouvoir civil, lequel, dans les actes publics, incarne la société civile. Dieu est, en effet, l’auteur de la société civile et la source de tous les biens qui, par elle, découlent sur tous ses membres. La société civile doit donc honorer Dieu et lui rendre un culte

Quant à la manière dont ce culte doit être à Dieu, il ne peut y en avoir d’autre, dans l’économie présente, que le culte que lui-même a déterminé qu’on devait lui rendre dans la véritable Église du Christ. A ce culte public rendu par l’Église, la cité doit s’associer non seulement en la personne des citoyens, mais également en celle des autorités qui représentent la société civile.

Que le pouvoir civil ait la faculté de re- connaître la véritable Église du Christ, cela est clair de par les signes manifestes de son institution et de sa mission divines, signes donnés à l’Église par son divin Fondateur.

Aussi, le pouvoir civil, et non seulement chacun des citoyens, a le devoir de recevoir la Révélation proposée par l’Église elle- même. De même, dans sa législation, il doit se conformer aux préceptes de la loi naturelle et tenir compte des lois positives, tant divines qu’ecclésiastiques, destinées à conduire les hommes à la béatitude surnaturelle. De même que nul homme ne peut rendre à Dieu le culte de la manière établie par le Christ s’il ne sait pas clairement que Dieu a parlé par Jésus-Christ, de même la société civile, elle aussi, ne peut le faire si d’abord les citoyens n’ont pas une connaissance certaine du fait de la Révélation, tout comme le pouvoir civil en tant qu’il représente le peuple. En particulier le pouvoir civil doit protéger la pleine liberté de l’Église et ne l’empêcher en aucune manière de pouvoir s’acquitter intégralement de sa mission, soit dans l’exercice de son magistère sacré, soit dans l’ordonnance et l’accomplissement du culte, soit dans l’administration des sacrements et le soin pastoral des fidèles.


La liberté de l’Église doit être reconnue par le pouvoir civil en tout ce qui concerne sa mission, notamment dans le choix et la formation de ses séminaristes, dans l’élection de ses évêques, dans la libre et mutuelle communication entre le pontife romain avec les évêques et les fidèles, dans la fondation et le gouvernement d’instituts de vie religieuse, dans la publication et la diffusion d’écrits, dans la possession et l’administration de biens temporels, comme aussi, de façon générale, dans toutes ces entreprises que l’Église, sans négliger les droits civils, estime aptes à diriger les hommes vers leur fin ultime, sans en excepter l’instruction profane, les œuvres sociales et d’autres moyens divers.

Enfin, il incombe gravement au pouvoir civil d’exclure de la législation, du gouvernement et de l’activité publique, tout ce que l’Église jugerait être un empêchement à la poursuite de la fin éternelle ; bien plus, il doit s’appliquer à faciliter la vie fondée sur des principes chrétiens et autant que possible conforme à cette fin sublime pour laquelle Dieu a créé les hommes.



Principe général d’application de la doctrine exposée

L’Église a toujours reconnu que le pouvoir ecclésiastique et le pouvoir civil entretiennent des rapports différents selon la manière dont le pouvoir civil, représentant personnellement le peuple, connaît le Christ et l’Église fondée par lui.


Application dans une cité catholique


La doctrine intégrale, exposée ci-dessus par le saint Concile, ne peut s’appliquer sinon dans une cité où les citoyens, non seulement sont baptisés, mais professent la foi catholique. Auquel cas, ce sont les citoyens eux-mêmes qui choisissent librement que la vie civile soit informée selon les principes catholiques et qu’ainsi, comme dit saint Grégoire le Grand : « La voie du Ciel soit plus largement ouverte.

Toutefois, même dans ces heureuses conditions, il n’est permis en aucune façon au pou- voir civil de contraindre les consciences à accepter la foi révélée par Dieu. En effet, la foi est essentiellement libre et ne peut être objet de quelque contrainte, comme l’enseigne l’Église en disant : « Que personne ne soit contraint à embrasser contre son gré la foi catholique. » Pourtant, cela n’empêche pas que le pouvoir civil doive procurer les conditions intellectuelles, sociales et morales requises pour que les fidèles, même les moins versés dans la science, persévèrent plus facilement dans la foi reçue. Ainsi donc, de même que le pouvoir civil s’estime en droit de protéger la moralité publique, de même, afin de protéger les citoyens contre les séductions de l’erreur, afin de garder la cité dans l’unité de la foi, ce qui est le bien suprême et la source de multiples bienfaits même temporels, le pouvoir civil peut, de lui- même, régler et modérer les manifestations publiques des autres cultes et défendre ses citoyens contre la diffusion de fausses doctrines qui, au jugement de l’Église, mettent en danger leur salut éternel.


Tolérance religieuse dans une cité catholique

Dans cette protection de la vraie foi il faut procéder selon les exigences de la charité chrétienne et de la prudence, afin que les dissidents ne soient pas éloignés de l’Église par la crainte, mais plutôt attirés à elle, et que ni la cité, ni l’Église ne subissent de dommage.
Il faut donc toujours considérer le bien commun de l’Église comme celui de l’État, en vertu desquels une juste tolérance, même sanctionnée par des lois, peut, selon les circonstances, s’imposer au pouvoir civil ; cela, soit pour éviter de plus grands maux, tels que le scandale ou la discorde civile, l’obstacle à la conversion à la vraie foi et autres maux de cette sorte, soit pour procurer un plus grand bien, comme la coopération civile et la coexistence pacifique des citoyens divisés par les questions religieuses, une plus grande liberté pour l’Église et un accomplissement plus efficace de sa mission surnaturelle, et autres biens semblables.


En cette question, il faut tenir compte, non seulement du bien d’ordre national, mais encore du bien de l’Église universelle et du bien civil international. Par cette tolérance, le pouvoir civil catholique imite l’exemple de la divine Providence, laquelle permet des maux dont elle tire de plus grands biens. Cette tolérance est à observer surtout dans les pays où, depuis des siècles, existent des communautés a-catholiques.


Application dans une cité non-catholique

Dans les cités où une grande partie des citoyens ne professent pas la foi catholique ou ne connaissent même pas le fait de la Révélation, le pouvoir civil non-catholique doit, en matière de religion, se conformer à tout le moins aux préceptes de la loi naturelle. Dans ces conditions, ce pouvoir non-ca- tholique doit concéder la liberté civile à tous les cultes qui ne s’opposent pas à la religion naturelle. Cette liberté ne s’oppose pas alors aux principes catholiques, étant donné qu’elle convient tant au bien de l’Église qu’à celui de l’État. Dans les cités où le pouvoir ne professe pas la religion catholique, les citoyens catholiques ont surtout le devoir d’obtenir, par leurs vertus et actions civiques grâce auxquelles, avec leurs concitoyens, ils promeuvent le bien commun de l’État, qu’on accorde à l’Église la pleine liberté d’accomplir sa mission divine.
De la libre action de l’Église, en effet, la cité non-catholique, elle aussi, ne subit aucun dommage et retire même de nombreux et insignes bienfaits. Ainsi donc, les citoyens catholiques doivent s’efforcer à ce que l’Église et le pouvoir civil, bien qu’encore séparés juridiquement, se prêtent une aide mutuelle bienveillante.

Afin de ne pas nuire, par maladresse ou par zèle imprudent, soit à l’Église soit à l’État, les citoyens catholiques, dans la défense des droits de Dieu et de l’Église, doivent se soumettre au jugement de l’autorité ecclésiastique : à elle appartient de juger du bien de l’Église, selon les diverses circonstances, et de diriger les citoyens catholiques dans les actions civiles qui défendent l’autel.

Conclusion

Le saint Concile, tout en reconnaissant que les principes concernant les relations mutuelles entre le pouvoir ecclésiastique et le pouvoir civil ne doivent être appliqués qu’ avec la modération exposée ci-dessus, ne peut cependant permettre que ces mêmes principes soient obscurcis par quelque faux laïcisme, même sous prétexte de bien commun.

Ces principes, en effet, reposent sur les droits absolument fermes de Dieu, sur la constitution et la mission immuables de l’Église, et sur la nature sociale de l’homme, laquelle, demeurant toujours la même à travers tous les siècles, détermine la fin essentielle de la société civile elle-même, nonobstant la diversité des régimes politiques et les autres vicissitudes de l’histoire.

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La discussion à la commission centrale 


     Après que [le cardinal] Ottaviani eut défendu l’indépendance souveraine de la commission théologique, qui ne l’appelait pas à collaborer avec les autres organes, les membres de la commission centrale prirent la parole. Des interventions inhabituellement longues, plus proches d’un vrai débat que toute autre discussion à la commission centrale, révélèrent bientôt que ses membres étaient aussi divisés que les deux organes préparatoires. 

Nous ne pouvons donner ici le détail de ces discussions qui remplissent 58 pages des Acta, pourtant édités en grand format. 

Nous allons donner un résumé des principales objections qui furent faites au schéma du cardinal Ottaviani. 

Pour cela nous les avons classées par thèmes. Les citations données ici entre guillemets ne sont pas des citations littérales, mais souvent un résumé de la pensée de chaque intervenant.


La doctrine du premier schéma encourage un double jeu 

« Cette théorie double apparaîtra odieuse aux non-catholiques » (Léger). 

« Les non-catholiques accordent beaucoup d’importance à cette question et reprochent à l’Église d’être intolérante quand elle est majoritaire, et de réclamer la tolérance quand elle est minoritaire. Ils notent avec soin tous les cas d’intolérance. Cette objection est très nocive, et l’on reçoit beaucoup de plaintes et de souhaits à ce sujet » (Bea).

 Réponse 

 « Ce n’est pas vrai qu’il y a deux mesures. Là où les catholiques sont majoritaires ils demandent que l’État agisse selon les principes des citoyens. Ce que l’État doit faire au moins au nom de la démocratie. Là où ils sont minoritaires, ils demandent la tolérance (ce que demandait Tertullien quand il y avait peu de chrétiens) et non pas l’égalité des droits, comme on nous calomnie. Ils ne demandent cette égalité que là où il y diffusion égale des religions » (Ottaviani). 

Ce que dit le cardinal Ottaviani est vrai, à savoir que la religion minoritaire demande la tolérance, que ce soit la religion catholique ou une autre religion. Mais il faut bien voir qu’il y a pourtant une différence. Quand les catholiques sont minoritaires, ils ont droit en justice à la tolérance (car leur religion est vraie), tandis que quand c’est une fausse religion qui est minoritaire, ils peuvent (et parfois doivent) être tolérés en raison de la prudence et de la charité et non pas en vertu d’un supposé droit en justice, comme l’affirmera avec erreur Dignitatis humanæ.


Il y a un droit naturel de la personne d’agir selon sa conscience, même en matière religieuse. 

« Ce droit appartient à l’ordre social objectif et au bien commun. Il doit toujours être protégé par l’autorité civile, même si la conscience erre subjectivement. Voir le discours de Pie XII du 6 décembre 1953. L’observation de la tolérance est d’abord un acte de justice. (…) La tolérance ne vient pas seulement de la charité et de la prudence, mais est fondée dans la nature de la fin de la cité. » (Döpfner). 

Réponse 

 « Dans le discours de 1953, Pie XII exposait simplement la doctrine de la tolérance » (Ottaviani). Et dans ce discours Pie XII disait le contraire de ce dit le cardinal Döpfner : « Ce qui ne répond pas à la vérité et à la loi morale n’a objectivement aucun droit à l’existence, ni à la propagande, ni à l’action. » Döpfner énonce l’erreur principale de Dignitatis humanæ, que nous discuterons plus en détail en son temps.


La thèse est inadaptée à la réalité démocratique actuelle. 

« Le secrétariat pour l’unité est parti de l’état des choses : de nos jours aucune nation ne peut être dite proprement catholique. Il y a bien des pays à majorité catholique : cependant la législation ne vient plus d’une autorité catholique que l’on puisse dire “absolue”, mais d’un parlement qui représente tous les citoyens » (Bea). 

« Depuis qu’on est en démocratie, l’État ne constitue pas le tout de la société civile. Les peuples veulent diriger les gouvernements, et c’est un bien » (Léger). 

« Les nations dites catholiques le sont-elles vraiment, puisqu’elles élisent souvent des gouvernements qui sont socialistes, communistes ou libéraux ? Le gouvernement est alors mixte, et c’est le cas partout » (Alfrink). 

« Il faut distinguer la société civile et le pouvoir civil (plus restreint). Le pouvoir civil peut voir sa puissance diminuée par une constitution. De plus il est divisé en législatif, exécutif, judiciaire, parfois même entre des États fédérés. Il faut donc regarder si la société concède au pouvoir civil le droit et le devoir dans les questions religieuses. Par exemple dans mon pays (USA) on distingue entre le peuple, considéré comme religieux, et le pouvoir civil. Il me paraît possible de dénier au pouvoir civil la juridiction, compétence et droit de s’immiscer dans les questions religieuses, et que la communauté civile se réserve cela » (Alter). 


Réponse 

Pour la doctrine catholique, « tout pouvoir vient de Dieu » (Rm 13, 1), qu’il soit exercé par un roi ou par un parlement, et par conséquent tout pouvoir doit respecter les lois divines. Pour les démocrates modernes, l’autorité vient du peuple et n’a donc pas à tenir compte de la loi divine. Mais cette démocratie est une hérésie. Notons la naïveté (?) du cardinal Léger qui affirme qu’en démocratie les peuples dirigent les gouvernants. Si cela était vrai, comment se fait-il que dans le pays catholiques, les gouvernants sont si souvent anticatholiques (francs-maçons, socialistes, communistes, etc.) ? 

Et même dans le cas (anormal en soi) où le gouvernement d’un pays catholique est confié à des non-catholiques (ce que le cardinal Alfrink appelle un régime mixte), il devrait gouverner pour le bien commun du peuple catholique, et donc selon la loi catholique et non pas pour les intérêts particuliers des gouvernants. 

Quant à prétendre que la société, en raison du système démocratique, peut se réserver les questions religieuses, c’est faux. Dès qu’une personne a une autorité (même limitée comme celle d’un maire de village), elle a des devoirs vis-à-vis de Dieu, et doit utiliser cette autorité pour le bien surnaturel des âmes, et en particulier faire rendre un culte public (par exemple le maire dans son village devrait assister à la messe et aux processions publiques, en sa qualité de maire). La situation aux USA n’est pas l’idéal, même si c’est un pis aller qui est mieux que dans beaucoup de pays où il n’y a plus aucune référence à Dieu.


L’État peut du moins être dispensé de rendre un culte à Dieu

« On dit que l’homme en raison de sa nature sociale doit rendre à Dieu un culte public. Mais ne le fait-il pas suffisamment par l’Église ? Ainsi l’État en est dispensé. Cela dit, les dirigeants restent soumis à l’Église pour les questions morales. L’Église peut donc imposer aux hommes publics l’obligation de protéger les droits de l’Église et d’honorer l’Église et les hommes d’Église. Il n’y a pas alors de pouvoir direct, mais indirect. Autre question : le pouvoir civil a-t-il droit et devoir de défendre la foi et donc de restreindre les autres cultes ? Il faut distinguer comme fait le second schéma entre le devoir de préserver la foi et celui de défendre l’ordre public. Si l’on admet le premier, on reconnaît une compétence surnaturelle. L’Église peut-elle imposer ce devoir aux dirigeants ? Elle ne peut le faire car elle excéderait sa charge » (Hurley). 

« L’État est une société naturelle mais non essentielle. La loi peut alors être suspendue quand elle s’oppose à l’ordre surnaturel, et par celui qui a l’autorité suprême dans cet ordre. Par exemple le pape peut annuler un mariage naturel en faveur de la foi. Or actuellement l’application de la loi serait nocive, surtout à la propagation des missions. Donc on doit souhaiter sa suspension » (Cooray).


Réponse 

Ce n’est pas l’Église qui impose aux gouvernants de rendre un culte à Dieu, en vertu d’une loi positive qu’elle peut supprimer. Cette obligation vient de la nature des choses et de l’institution d’une Église par Dieu. Elle ne peut donc être supprimée, pas même par la volonté du pape. Simplement les dirigeants peuvent être excusés de cette obligation dans le cas où le pays n’a pas reçu la Révélation, comme l’explique bien le schéma.



Il faut tenir compte de l’évolution sociologique et politique, du changement des mentalités. 

« Le problème n’est donc pas tant théologique que sociologique. La structure sociologique ayant changé, il n’est pas utile d’apporter des citations anciennes. La volonté du pape est de faire un aggiornamento » (Bea). 

« Il faudrait mieux noter le contexte historique, notamment pour les actes de Léon XIII. On a omis une partie du discours de Pie XII du 7 septembre 1955 où il dit que la conception médiévale avait été conditionnée par l’époque » (Döpfner). 

« Léon XIII argumentait contre l’individualisme rationaliste de l’ancien libéralisme qui ne reconnaissait aucune fin objective à la société. (…) Aujourd’hui, le libéralisme et le socialisme admettent, non sans une influence de l’Église, un ordre fondamental dans la vie sociale qui correspond en beaucoup de points à la conception catholique. On observe aussi un changement : les gouvernants veulent établir des relations juridiques avec l’Église, ils veulent (sauf le communisme) admettre et modérer l’influence de l’Église dans la vie sociale » (Döpfner).

 « Je ne vois pas comment résoudre cela sans quelque changement dans la doctrine et, de fait, cette doctrine n’a pas été infailliblement définie et donc a pu être proposée dans le passé d’une manière moins parfaite » (Hurley). 

« Le schéma de la commission théologique propose une thèse qui valait au siècle dernier et ne convient plus à notre époque. Au niveau doctrinal, on ne tient pas compte des progrès dans les sciences sociales et politiques » (Léger). 


Réponse 

« Je ne peux comprendre qu’on puisse changer la doctrine de Immortale Dei. Il me paraît de l’infantilisme de supposer que la doctrine qu’expose Immortale Dei soit contingente. Je ne peux admettre et difficilement comprendre qu’on le suppose » (Browne). 

« Il serait ridicule de nier la doctrine antérieure. Nous ne convaincrons pas avec les arguments donnés, qui sont réellement débiles au plan théologique » (Larraona). 

« Dans le schéma de la commission théologique les principes sont très bien exposés. Ce ne sont pas des principes qu’on puisse changer selon les circonstances » (Micara). 

Le schéma du cardinal Ottaviani répondait parfaitement à l’objection de « l’évolution de la vérité » dans son dernier paragraphe (conclusion). Ce sont les modernistes qui disent : la vérité évolue avec le temps. Les principes donnés par les papes jusqu’à Pie XII ne sont pas obsolètes. La doctrine sur cette question est fondée sur la nature de l’homme et sur celle de l’Église. Elle est donc immuable, même si son application peut varier avec le temps, comme l’explique bien le schéma. Quand Pie XII parle d’une « conception médiévale conditionnée par l’époque », il n’avait en vue, comme le montre le contexte du discours, que certaines particularités de la doctrine. Il dit dans le même discours : « L’Église ne dissimule pas qu’elle considère en principe cette collaboration [entre elle et l’État] comme normale, et qu’elle regarde comme un idéal l’unité du peuple dans la vraie religion et l’unanimité d’action entre elle et l’État. » Sur les points essentiels, la doctrine de l’Église sur la question n’a pas varié.


L’État est incompétent dans les questions religieuses. Sa fin est purement naturelle.

 « Il y a un désaccord complet sur un point fondamental : quelle est la mission propre et la compétence de l’autorité civile ? Pour la commission théologique l’État doit honorer Dieu de la manière déterminée par Dieu. Le secrétariat pour l’unité n’assigne comme fin à l’État qu’un bien commun humain. Et ce bien commun humain est manifesté à l’autorité civile par la raison humaine (donc par les lois de la nature). L’État en tant que tel ne connaît pas l’existence et la force (vim) de l’ordre surnaturel. Ce n’est pas du laïcisme, mais l’application du principe “Rendez à César…”. César doit promouvoir le bien commun tel qu’il le connaît par la raison naturelle. Ce service de l’État correspond à sa nature tem- porelle. » (Bea). 

« L’État n’a aucune compétence pour déterminer la vraie religion, sinon c’est admettre le droit de s’immiscer dans les questions religieuses » (Léger).

 « On attribue au pouvoir civil des droits et devoirs qui appartiennent à la fin de l’Église. Le pouvoir civil doit laisser la liberté à l’Église, mais il ne semble pas qu’on puisse montrer qu’il doive positivement aider l’Église » (Döpfner). 

« Je vois de grandes difficultés spéculatives, même des contradictions, dans le premier schéma. On assigne comme fin à la société civile le bien commun temporel, et en même temps on lui impose le devoir de rendre à Dieu un culte surnaturel. On affirme que la société civile est une société parfaite, et aussi qu’elle ne peut atteindre adéquatement sa fin (par exemple exercer le culte) sans recourir à l’Église. On dit que la société civile est suprême dans son ordre, et en même temps qu’elle doit être soumise à l’Église pour l’obtention d’une partie de sa propre fin (le culte public) » (Hurley). 


Réponse

 « Quant à la fin de l’État, décrite au § 1, on peut ajouter qu’il appartient à la cité de promouvoir le bien commun, c’est-à-dire tout ce qui est requis à la vie vertueuse de l’homme, y compris au culte de Dieu. La religion est la principale vertu du citoyen. Comme saint Augustin dit que l’âme est naturellement chrétienne, ainsi d’une certaine manière la société civile. Tout cela se prouve par la philosophie, et en considérant le fait historique de la Révélation qui a des preuves très certaines : la cité ne peut fermer les yeux sur tout cela, ce serait ridicule » (Browne). 

« L’État en tant que tel est tenu d’offrir un culte à Dieu, contre ce que dit le cardinal Bea. Dieu est auteur des hommes individuels et des sociétés qui s’organisent en États. Il doit donc y avoir un double culte, privé et public » (Ruffini). 

L’incompétence de l’État en matière de religion est un faux principe qui est passé à l’état de dogme dans la religion conciliaire.

 Pourquoi interdire à César d’avoir la foi ? 

Le cardinal Billot expose lumineusement dans son traité De Ecclesia que, même si de par sa nature le pouvoir civil se sert des moyens naturels, il doit être utilisé par les princes chrétiens qui eux peuvent avoir une intention surnaturelle. Ainsi, en distinguant la fin de l’œuvre (finis operis) qui est naturelle, de la fin de celui qui agit (finis operantis), on comprend comment l’État peut servir indirectement au bien de la religion. Toute proportion gardée, il en est de même de la famille. Celle-ci a de soi une fin naturelle, et les parents ne reçoivent pas de participation aux pouvoirs de l’Église. Cependant, ils doivent utiliser leur autorité pour élever chrétiennement leurs enfants, et la famille en tant que telle doit rendre un culte à Dieu.


L’État ne peut choisir de religions, car ce choix est à faire par des individus. 

« La prédication du nouveau Testament ne s’adresse pas à des communautés d’hommes, mais à des hommes individuels qui doivent se décider selon leur conscience bien formée » (Frings).

 « On personnifie des abstractions (le pouvoir civil) comme s’il pouvait professer une religion, ce que ne peuvent faire que les individus » (Léger). 


Réponse : On se demande si le cardinal Frings a lu l’Évangile : « Allez donc, enseignez toutes les nations » (Mt 28, 19). Le pouvoir civil est certes une abstraction, mais ceux qui l’exercent sont des personnes humaines en chair et en os qui peuvent très bien rendre un culte au nom du pays qu’ils représentent.


Il est impossible de dire quand une cité est catholique. 

« L’expression “cité catholique” est très confuse. Est-ce le pouvoir ou la majorité des citoyens qui fait la cité catholique ? Cité signifie-t-elle l’État ou la société ? Est-ce là où la religion catholique est la religion d’État ou bien là où le pouvoir professe la religion ? » (Léger). 

« D’un point de vue pratique, à partir de quand une cité est-elle catholique ? Avec 51% de catholiques ? Y en a-t-il encore aujourd’hui ? Y en aura-t-il dans le futur ? » (Alfrink).


Réponse

« Il peut encore y avoir des États catholiques, qui reconnaissent que le bien temporel est subordonné au bien éternel. N’exagérons pas les difficultés à décider quel est un État catholique » (Larraona)

     Les protestants, les musulmans, les bouddhistes, les communistes, etc. n’ont pas les mêmes états d’âme que les cardinaux Léger et Alfrink. Ils font des pays protestants, musulmans, bouddhistes, communistes. Ce n’est pas seulement la majorité des citoyens qui doit en décider, cela vient aussi de facteurs objectifs comme l’histoire. En pratique, en 1962, il y avait encore des pays catholiques faciles à discerner. 



La thèse est inopportune 

« Dans les conditions actuelles la thèse est imprudente et inopportune. Elle justifie tous les absolutismes des non-catholiques. Selon la logique de cette thèse il y aura des États protestants, musulmans, bouddhistes, où la pénétration de l’Église sera impossible » (Léger). 

« Cette question est très délicate et a de grandes conséquences, par exemple pour les relations de l’Église avec les cités et les instituts internationaux, pour la coopération politique avec les non-catholiques, pour l’œcuménisme, pour la situation des catholiques là où ils sont minoritaires. (…) Il est très inopportun d’énoncer explicitement le droit des catholiques à refuser la liberté des cultes publics non-catholiques. C’est offensant pour les non-catholiques, cela trouble la collaboration en vue du bien commun, surtout au plan international, et cela rend presque impossible l’espoir d’un rapprochement. » (Döpfner).

 « Dans ma nation, le premier schéma nous causera beaucoup de difficultés, déjà par le fait qu’on parle de tolérance religieuse et non de liberté. Les non-catholiques craindront que dès que nous aurons la majorité nous ne les tolérerons que comme un mal. Le principe de la liberté de conscience chez nous est le fondement de toute la cité. En vertu de ce principe, l’État paie tous les frais scolaires. Et même le quart des dépenses de construction d’églises. Grâce à cela nous pouvons, comme les Allemands, donner chaque année 10 millions de florins aux missions » (Alfrink). 

« La conclusion amènera un grand danger dans mon pays (USA), car les a- catholiques vont nous reprocher de violer la loi fondamentale. D’où l’accusation d’être mauvais citoyens et des difficultés d’accès aux postes publics… » (Alter). 

« Un grand dommage viendra du premier schéma soit pour la religion, soit pour l’Église, soit pour le Concile, s’il est proposé au prochain synode » (Montini). 


Réponse 

« Certains disent qu’on ne doit pas affirmer une doctrine qui sera mal reçue dans les pays protestants. Mais nous devons dire ce qui est vrai et non ce qui plaît aux non-catholiques. Sous prétexte de gagner (hypothétiquement) quelques a-catholiques, il ne faut pas causer du tort aux pays catholiques. Avec le schéma du secrétariat pour l’unité, les protestants pourraient s’armer du Concile pour affaiblir la résistance des catholiques » (Ottaviani). 

« Nous avons bonne volonté d’attirer les protestants, mais ne soyons pas ingénus. Il y a des nations protestantes qui ne participent pas à cette ingénuité. Si nous croyons que la conversion sera plus facile parce que nous nous rapprocherons d’eux, nous nous trompons, psychologiquement et pratiquement. Les chefs du protestantisme ne viendront à l’Église que poussés par leurs fidèles » (Larraona). 

« On a parlé de ce que pensent les protestants, les païens, etc. mais voyons d’abord ce que pensent les catholiques en Italie, Espagne, Portugal, en Amérique latine. Ils savent que les protestants veulent détruire l’unité de religion dans leur pays. Ne leur donnons pas des armes » (Ottaviani).


« Il ne faut pas seulement veiller à ne pas offenser ceux qui sont dehors, mais aussi ceux qui sont dedans et pourraient l’être par une nouvelle façon de parler » (Quiroga y Palacios). 


L’inopportunité est un des leitmotivs des libéraux. 

C’est la raison principale qu’ils invoquaient au premier concile du Vatican pour empêcher la définition de l’infaillibilité pontificale. 

La prédication de la vérité déplaît toujours à certains, mais elle est le salut de ceux qui l’écoutent avec bonne volonté, et aussi le salut de ceux qui la prêchent.

 

Il faut unir la thèse (schéma Ottaviani) et l’hypothèse (schéma Bea).

 « On pourrait tirer du premier les principes doctrinaux du second » (Döpfner). 

« Le cardinal Ottaviani présente la thèse, et le cardinal Bea l’hypothèse. Que les deux cardinaux se réunissent pour discuter, avec peut-être un troisième, et que la thèse et l’hypothèse s’embrassent » (Cento).

 « Le second schéma donne l’hypothèse, le premier la thèse. Laissons les questions dogmatiques déjà suffisamment exprimées, et soyons pastoraux » (Sylva Henriquez). 


Réponse 


De façon générale, A liberalismo, libera nos Domine (voir l’éditorial du Sel de la terre 14). 

Et dans le cas particulier, il n’est pas plus facile d’unir les deux schémas que de réunir la vérité et l’erreur, le Christ et Bélial. 

Le cardinal Ottaviani eut parfaitement raison : 1° de réclamer la compétence exclusive de la commission théologique ; 

2° de réclamer un vote, pour discerner les deux camps.


La commission théologique n’a pas le droit de se réserver à elle seule ce schéma.

 « Je regrette que la commission théologique ait refusé de collaborer avec le secrétariat pour l’unité : une commission mixte aurait pu faire un seul schéma » (Bea).

 « Le péché originel (n’avoir pas bien distribué les compétences des commissions), et le péché actuel (la non collaboration) ont conduit à cette dispute. Aucune commission n’a de supériorité sur les autres, seule la commission centrale peut juger les schémas des commissions » (Confalonieri).


Réponse : « D’abord je dois affirmer que je n’admets pas que la commission théologique doive agir avec d’autres commissions pour ce qui regarde la doctrine. En ce domaine, elle est indépendante, car il s’agit de doctrine et non de questions mixtes. (…) Le secrétariat pour l’unité aurait dû d’abord envoyer son schéma à la commission théologique pour voir s’il était d’accord (concors) avec la commission doctrinale. Maintenant nous voyons que nous ne sommes pas d’accord, et que le désaccord porte sur des questions doctrinales » (Ottaviani). 

« En droit, la matière appartient à la commission théologique » (Larraona). Nous avons traité de cette question importante dans le nº 27 de la revue (p. 32-33).



La subversion à l’œuvre 

« Les discussions montrent la nécessité d’un dialogue permanent entre le centre et la périphérie. Je souhaite que dans l’avenir les évêques aient la possibilité de parler à Rome, de manière régulière, des problèmes doctrinaux et pastoraux. Pour que ce dialogue soit fructueux il faut qu’il soit fait entre égaux, dans la charité et la liberté, et non pas comme des suspects devant des juges. Nous éviterions ainsi les hiatus entre diverses conceptions théologiques » (Suenens). Hélas !, Suenens et alii réussirent « 1789 » dans l’Église.



Il y a toutefois une intervention qui mérite d’être citée intégralement. C’est celle de Mgr Marcel Lefebvre, qui tranche par son originalité et l’élévation de la pensée. Si on l’avait écouté, le Concile n’aurait pas été ce qu’il fut, mais le triomphe de l’Église :



Placet schema a Commissione Theologica prolatum sed præsentatio principiorum fundamentalium. posset fieri cum maiore relatione ad Christum Regem sicut in En- cyclica Quas primas et sic melius intelligere- tur doctrina ab omnibus fidelibus et non fi- delibus.
De libertate religiosa: Non placet, etsi intentio optima, quia innititur principiis
falsis et reprobatis solemniter a Summis Pontificibus: sicut a Pio IX qui appelle hunc errorem « deliramentum ».


Quoad duo schemata ex diversis Commis- sionibus relate ad tolerantiam et libertatem religiosam, liceat mihi pauca verba dicere. Si revera, ut videtur, Ss.mus Pontifex de- siderat quod hoc Concilium sit maxime pastorale et videtur hoc desiderium a multis episcopis exprimi, quid hoc significat, meo humili sensu, nisi potius prædicare verita- tem quam probare apologetice, philosophice, aut theologice veritatem, et quam eam ex- ponere iuridice. 

J’approuve le schéma présenté par la commission théologique, mais la présenta- tion des principes fondamentaux pourrait se faire avec une relation plus grande au Christ-Roi, comme dans l’encyclique Quas primas, et ainsi la doctrine serait mieux comprise par les fidèles et ceux qui n’ont pas la foi. Je n’approuve pas le schéma sur la Liberté religieuse, même si l’intention est excellente, car il s’appuie sur des principes faux et condamnés solennellement par les souve- rains pontifes, comme Pie IX qui appelait cette erreur un « délire » (Dz 1690). Au sujet de ces deux schémas sur la tolé- rance et la liberté religieuse, qu’il me soit permis de dire quelques mots. Si réellement, comme il semble, le souverain pontife souhaite que ce Concile soit surtout pastoral, et il semble que ce désir soit exprimé par beaucoup d’évêques, qu’est- ce que cela signifie, à mon humble avis, sinon prêcher la vérité plutôt que la prouver par l’apologétique, la philosophie ou la théologie, ou encore l’exposer juridiquement ?


Id est : Concilium nostrum haberet ut scopum prædicare omnibus hominibus Christum et ostendere et affirmare quod so- lius Ecclesiæ Catholicæ est authentice prædicare Christum: Christum salutem et vitam individuorum, familiarum, societa- tum professionalium et aliarum societatum civilium. Et sic quoad duo schemata, si liceat mihi, dicerem: Primum, i.e. schema de libertate reli- giosa, non prædicat Christum et ideo vide- tur falsum. Secundum, i. e. schema de Commissione theologica, exponit authenticam doctrinam sed ad modum theseos et non satis ostendit finem huius doctrinæ qui non est nisi re- gnum Christi cuius prædicatio et ministe- rium competit Ecclesiæ. Omnes expectant hanc salutarem et so- lemnem affirmationem : In Christo Domi- no salus, vita et resurrectio nostra et Ecclesia Catholica non est nisi authentica vox et authentica sponsa Christi cui competit dare omnibus hominibus Christum extra quem nulla salus, nulla vita, nulla resurrectio. Sub aspectu Christi fontis salutis et vitæ, omnes veritates fundamentales possent præsentari modo, ut dicitur, pastorali et hoc modo expelluntur etiam errores laicismi, naturalismi, materialismi etc.


Sed, ut dicit Em.mus Card. Larraona, non debemus erga non catholicos diminuere veritates: est contra caritatem. Ius habent audiendi et cognoscendi veritatem. Si expec- tant ex nobis veram simplicitatem et hu- militatem, si expectant etiam aliqualem benignitatern in disciplina, ipsi egent et quærunt Christum verum et authenticum. 

Ce qui veut dire que notre Concile aurait pour but de prêcher à tous les hommes le Christ, et montrer et affirmer qu’il appartient à la seule Église catholique de prêcher authentiquement le Christ : le Christ qui est le salut et la vie des individus, des familles, des associations professionnelles et des autres sociétés civiles. Et ainsi, en ce qui concerne les deux schémas, s’il m’est permis, je dirais : Le schéma de la liberté religieuse ne prêche pas le Christ, et donc il paraît faux.


Celui de la commission théologique expose la doctrine authentique, mais à la manière d’une thèse, et ne montre pas assez le but de cette doctrine qui n’est autre que le règne du Christ dont la prédication et le ministère regardent l’Église. Tous attendent cette affirmation salutaire et solennelle : Dans le Christ Seigneur est notre salut, notre vie et notre résurrection, et l’Église catholique n’est rien d’autre que la voix authentique et l’authentique épouse du Christ, à qui il revient de donner à tous les hommes le Christ en dehors duquel il n’y a nul salut, nulle vie, nulle résurrection. Sous l’aspect du Christ source du salut et de la vie, toutes les vérités fondamentales pourraient être présentées sous un mode, comme on dit, pastoral, et de cette manière sont aussi éliminées les erreurs du laïcisme, du naturalisme, du matérialisme, etc. Mais, comme le dit son Ém. le cardinal Larraona, envers les non-catholiques nous ne devons pas diminuer les vérités : c’est contraire à la charité. Ils ont le droit d’en- tendre et de connaître la vérité. S’ils atten- dent de nous une simplicité et une humilité vraies, s’ils attendent aussi quelque douceur dans la discipline, ils ont besoin du Christ vrai et authentique, et ils le cherchent.


Nonne Ipse Christus accepit schisma in affirmanda necessitate manducationis car- nis suæ et in eodem momento suscitat in Petro proclamationem solemnem suæ divi- nitatis et hoc ostendit suam electionem ad primatum et fundamentum Ecclesiæ.
Si verum est quod Christus adest diver- simode in aliquibus familiis religiosis sepa- ratis ab Ecclesia, ibi adest quia olim erant membra unicæ Ecclesiæ. Et non est amplius integer Christus, quia vel ista religio non ut vere catholica sed fit nationalis, vel alia non amplius credit divinitati Christi et multæ deficiunt in lege morali a Christi præceptis et maxime in dignitate mulieris et in protectione vitæ innocentium infantium propter divortium, propter limitationem partuum.

Unde Ecclesia Catholica quæ sola habet integrum Christum et sola servavit totum ministerium, totum. magisterium, totam Missionem Christi spem infundit erga Deum et Dominum Iesum Christum, et enixe rogat omnes christianos ut redeant ad plenitudinem vitæ et veritatis in sinu Ecclesiæ catholicæ et sic inveniant verum et authenticum et totum Christum in unitate caritatis et veritatis ab ipso tam desiderata et rogata. 

Le Christ lui-même n’a-t-il pas accepté l’abandon [d’une partie des disciples] lors- qu’il a affirmé la nécessité de manger sa chair, et au même moment il suscite en Pierre la solennelle proclamation de sa divinité et cela montre son élection au primat et à être le fondement de l’Église. S’il est vrai que le Christ est présent de diverses manières dans quelques familles religieuses séparées de l’Église, il y est présent parce qu’elles étaient autrefois les membres de l’unique Église. Et ce n’est plus le Christ intégral, parce que cette religion n’est plus vraiment catholique mais est devenu natio- nale, ou que cette autre ne croit plus en la divinité du Christ, et beaucoup ont des déficiences dans la loi morale par rapport aux préceptes du Christ, et principalement sur la dignité de la femme et la protection des enfants innocents, à cause du divorce, à cause de la limitation des naissances. 

C’est pourquoi l’Église catholique, qui seule a le Christ intégral et qui seule conserve tout le ministère, tout le magistère, toute la mission du Christ, infuse l’espérance envers Dieu et le Seigneur Jésus- Christ, et prie avec insistance tous les chrétiens de revenir à la plénitude de vie et de vérité dans le sein de l’Église catholique, et de trouver ainsi le Christ vrai, authentique et total, dans l’unité de la charité et de la vérité qu’il a tant désirée et demandée.




Le cardinal Ottaviani réclama donc un vote : « Je demande qu’on vote, car il serait inutile de faire une troisième commission : il y a des différences sur des points fondamentaux et on ne pourra donner de ligne à suivre à cette commission, si bien qu’elle se disputera comme le fait la commission centrale depuis deux jours. »

Ainsi le schéma du cardinal Ottaviani obtint 12 placet, 31 placet juxta modum, 16 non placet et 7 abstentions ; celui du cardinal Béa, 13 placet, 20 placet juxta modum, 12 non placet et 21 abstentions 1. Le premier schéma obtint plus de votes favorables, mais aussi plus de votes défavorables, tandis que beaucoup s’abstinrent de se prononcer sur le second schéma, sans doute désorientés par la nouveauté, et aussi dans l’attente de ce que dirait le pape. C’était la dernière séance de la commission centrale préparatoire, et c’est dans ces conditions que commença le Concile.


"J'ai souvent cité comme exemple cette opposition véhémente entre deux hommes : – d'une par, le cardinal Ottaviani représentant l'Église catholique et sa Tradition de vingt siècles, – d'autre part le cardinal Béa représentant l'esprit libéral, moderniste. Cet esprit libéral et moderniste se trouvait déjà à l'intérieur de l'Église du temps de saint Pie X qui a dû le condamner. 

Eh bien, j'ai été témoin de cette opposition à la dernière séance de la commission centrale préparatoire du Concile, deux idéologies se sont affrontées durement, violemment : l'idéologie révolutionnaire de ceux qui ont adopté ou qui veulent adopter les principes des droits de l'homme et tout ce que ça comporte, cette espèce d'athéisme, athéisme profond de l'homme qui ne considère plus que sa liberté, et qui ne veut plus considérer la loi de Dieu, qui ne veut plus se considérer par rapport à Dieu, qui veut être indépendant, indépendant de Dieu, indépendant de l'Église. 

Le cardinal Bea représentait cette idéologie de liberté. La meilleure preuve, c'est que le texte qu'il nous présentait était intitulé : « La liberté religieuse », et le texte que nous présentait le cardinal Ottaviani sur le même sujet, avait pour titre : « La tolérance religieuse ». Parce que l'Église tolère l'erreur, l'Église tolère les fausses religions, mais elle ne peut pas les approuver, elle ne peut pas les mettre sur le même pied que la véritable religion, ce n'est pas possible. 

L'Église, traditionnellement, affirme qu'elle est la seule véritable religion fondée par Dieu lui-même, par Notre-Seigneur Jésus-Christ, et par conséquent que les autres religions sont fausses, et qu'il faut être missionnaire, et essayer de convertir les adeptes de ces fausses religions pour les faire devenir catholiques et qu'ils soient sauvés. 

Cela a toujours été la foi de l'Église, cela a été la raison d'être des missions dans l'Église : convertir les âmes et non pas dire aux âmes : votre religion est aussi bonne que la nôtre. Alors ces deux idéologies se sont affrontées dans deux personnes qui caractérisaient en quelque sorte les oppositions à l'intérieur de l'Église, le cardinal Ottaviani a dit ouvertement au cardinal Béa qu'il n'était pas d'accord avec son texte et que d'ailleurs il n'avait pas le droit de le rédiger, et le cardinal Béa s'est levé et lui a dit : « Eh bien, moi aussi, je suis contre votre texte fondamentalement. » 

Qui avait raison, du cardinal Béa ou du cardinal Ottaviani ? 

Qui a raison, de la révolution ou de l'Église catholique ? 

La révolution s'est dressée contre l'Église catholique. Il fallait en finir avec ce cléricalisme, il fallait en finir avec cette autorité de l'Église, et avec cette autorité de Notre-Seigneur Jésus-Christ sur la société. Il est évident que l'Église ne pouvait que condamner les principes de la révolution si elle voulait être fidèle au message de Notre-Seigneur Jésus-Christ. C'est ce qu'ont fait tous les papes au cours du XIIe siècle jusqu'au cours de la première moitié du XXe siècle jusqu'au Pape Pie XII : condamner les principes de la révolution. Or voici que dans cette commission centrale préparatoire se forme un clan de cardinaux qui prétend accepter les principes de la révolution avec le cardinal Béa. 

Alors le cardinal Ruffini, de Palerme, s'est levé et a dit : « Nous regrettons infiniment de voir deux éminents confrères s'opposer l'un à l'autre de façon aussi violente et aussi profonde sur un sujet qui est capital pour la foi de l'Église, pour la doctrine de l'Église. Nous sommes obligés donc d'en référer à l'autorité supérieure, c'est-à-dire au Pape lui-même (le Pape Jean XXIII qui, habituellement, venait présider nos réunions avant le Concile, et qui, cette fois-là, était absent). Le cardinal Béa a dit : « Ah, mais non ! je veux un vote, je veux qu'on fasse un vote pour savoir quels sont les cardinaux qui sont avec moi et ceux qui sont contre moi. » On a fait un vote, et les 70 cardinaux qui étaient là se sont partagés en deux camps : celui du cardinal Béa ou celui du cardinal Ottaviani. Généralement ceux qui étaient avec le cardinal Béa étaient des Allemands, des Hollandais, des Français, ceux des États-Unis, les Anglo-Saxons ; et ceux qui étaient avec le cardinal Ottaviani furent les Italiens, les Espagnols, les Sud-Américains, plutôt les latins qui ont encore ce sens de la Tradition dans l'Église. Voilà comment a débuté le Concile : dernière séance de la commission centrale préparatoire du Concile, opposition violente entre deux groupes de cardinaux. Un groupe favorable aux idées révolutionnaires, donc favorable à l'athéisme de l'État, contre le règne social de Notre-Seigneur Jésus-Christ dans la société, et le cardinal Ottaviani avec le groupe des cardinaux qui le suivaient en faveur, évidemment, du règne social de Notre-Seigneur Jésus-Christ, tolérant les fausses religions, mais ne leur donnant pas la même place qu'à la véritable religion, qu'à Notre-Seigneur Jésus-Christ que l'Église considère comme Dieu, qu'elle affirme être Dieu. Ce sont des choses qui paraissent si simples. C'est ainsi que la révolution est vraiment entrée à l'intérieur de l'Église."

Conférence de Mgr Lefebvre à Albias (Tarn-et-Garonne), le 10 octobre 1990, « L'Église 25 ans après Vatican II », éd. Maison Saint-Joseph, Caussade, Janvier 1991.


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20 juin

Peu de dévotion mariale 

Le cardinal Montini se range du côté du cardinal Liénart pour refuser le titre de Médiatrice à Notre Dame. 

Monitum

« De nos jours, on peut constater en milieu catholique une forte influence de ce qu’on nomme « Théorie de la Forme » mise en œuvre par des non-catholiques comme Bultmann et Dibelius notamment. Le Saint-Office d’abord, dans un Monitum du 20 juin 1961, qui dépassait de loin le simple motif de prudence pastorale (« afin que ne soit pas troublée la conscience des fidèles ni blessées les vérités de la Foi ») puis, tout récemment, la Commission biblique pontificale, (dont nous demandons au lecteur d’étudier avec le plus grand soin tout le texte publié dans La Documentation catholique n° 1425, 7 juin 1964, colonnes 711-718) ont dû intervenir. » Louis Jugnet, Itinéraires n°86



Une session de la commission centrale préparatoire 


30 juin

Dangers du père Teilhard de Chardin : rappel opportun du Saint Office et analyses

Monitum du Saint Office mettant en garde contre Teilhard de Chardin : « ambiguïtés et même de graves erreurs en matière philosophique et théologique, offensant la doctrine catholique. » Les évêques sont appelés à « défendre les âmes, surtout celles des étudiants, des dangers inhérents aux œuvres du père Teilhard de Chardin. » Une erreur reste une erreur, quand bien même son auteur a obtenu un droit de cité dans une encyclique (Pape François, deux références dans Laudato si). Voici quelques articles et ouvrages pour aller plus loin sur les dangers de cet auteur, encore régulièrement cité dans la presse progressiste et conciliaire : 

  • La Nation Française de juin 1965, p.11 : Teilhard est-il Chrétien ?

  • Itinéraires n°91, mars 1965 : La Religion teilhardienne (p.144-183) et L’étrange foi du père Teilhard de Chardin par Henri Rambaud.

  • L. Bounoure, Face au prophétisme de Teilhard, Bruxelles, 1963 et Recherche d’une doctrine de la vie, Paris, 1964.

  • Le philosophe Etienne Gilson, qui avait connu personnellement le père Teilhard, le dénonçait à juste titre en des termes non équivoques : « Cela me ramène au doute qui me hante : [Teilhard de Chardin] était tout simplement incon­séquent, ou plutôt il était le plus sournois, le plus rusé des hé­résiarques, lucidement conscient de ce qu’il faisait et détermi­né à gangréner l’Église de l’intérieur, en continuant à en faire partie ? Bien sûr, ce que j’appelle pourrir l’Église signifiait pour lui la renouveler ; cela signifiait peut-être procéder à une réforme en comparaison de laquelle, comme il le dit lui-même, celle opérée par la doctrine du Verbe, au deuxième siècle de notre ère, paraîtrait superficielle ? Il y a un orgueil luciférien dans ce projet. C’est le triomphe du naturalisme et de la laïcité qui prospèrent à notre époque. » Lettre du 14 août 1967 à A. Del Noce, in Pensées d’un homme libre, 30 Giorni, avril 1991.


  • « Le lecteur connaît peut-être le dessein de certains occultistes, personnages effrayants, qui se sont mis, en toute conscience et liberté, au service du démon pour préparer son règne ; leur dessein grandiose est de changer l’Eglise du dedans, de l’intégrer sans heurt (après l’avoir transformée) dans une super-église universelle qui ne serait autre que le royaume de l’Antéchrist. On a quelquefois demandé si le Père Teilhard de Chardin n’était pas en collusion avec certains grands initiés de la famille des Stanislas de Gaïta, Roca ou Saint-Yves d’Alveydre. Je ne connais pas de raison fondée de parler de collusion formelle, délibérée, explicite. En revanche il ne paraît pas douteux qu’il y ait convergence spontanée. Sans doute le célèbre Père jésuite et les « mages » de l’initiation se situent dans des sphères très différentes. Le prêtre paléontologue est avant tout un inventeur de système qui, au lieu de soumettre son esprit au Magistère infaillible, gardien de la Révélation, entend au contraire soumettre la doctrine révélée à sa doctrine personnelle. Les grands initiés dont j’ai cité les noms sont des esprits pratiques, préoccupés de dresser les plans réalistes d’une organisation très perfide qui soit capable de fonctionner à l’intérieur des diverses religions et qui vise premièrement à changer de fond en comble puis à absorber l’Eglise catholique. Ces grands initiés n’ont rien de l’inventeur d’un vaste système évolutionniste. Il reste que le Père Teilhard, avec son système, arrive à point pour servir leur projet. Il leur présente l’ensemble des dogmes chrétiens tels qu’il les a préalablement révisés et refondus. C’est exactement ce qu’il faut pour faire « muer » l’Eglise (si c’était possible) et lui permettre de s’intégrer, ou plutôt de se désintégrer, dans une super-église universelle. -Ainsi l’organisation des grands initiés et les conceptions du Père Teilhard se prêtent un appui réciproque. Le système teilhardien profite merveilleusement à l’organisation de l’église initiatique et cette pseudo-église a tout intérêt à répandre et monnayer le système teilhardien. Ne cessons de combattre l’un et l’autre et grandissons dans l’amour de Dieu en poursuivant cette lutte sans répit. » Père Calmel, Théologie de l’histoire, DMM, 3e édition, 2015, p.156.



13 juillet 

Jean XXIII autorise l’envoi des sept premiers schémas – (series prima) aux Pères conciliaires.


6 août

Motu proprio Appropinquante Concilio promulguant le règlement du Concile.


Août 

Lettre des cardinaux Liénart, Döpfner, Alfrink, König et Suenens au Pape, ils y critiquent les sept premiers schémas.



18 août

Rencontre secrète à Metz entre le cardinal Tisserand et l’archevêque schismatique Nikodim, fonctionnaire du KGB. Accord signé pour que des observateurs russes schismatiques soient présents au concile, en échange du silence de l’Eglise lors du concile sur le communisme.



8 septembre

 Le Secrétariat pour l’unité des chrétiens communique la liste des observateurs non-catholiques au Concile.



Septembre

Radio-message de Jean XXIII au monde entier à un mois de l’ouverture du Concile.



7 septembre

Discours de Jacques Mitterand, grand maître du grand Orient de France, lors de leur assemblée générale 

  • « Notre mission à nous est de servir l’avenir. Servir l’avenir, ce n’est pas seulement, dans les temps modernes, défendre les droits de l’homme qui sont notre chose (…) ce n’est pas seulement servir le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, qui est notre principe, façonné par nous. C’est dans le même temps, servir la république, et c’est aussi se dresser dans le monde occidental contre les forces de réactions sociales représentées par l’Église catholique romaine. »

  • « Ecoutez bien : un jour, un savant s’est levé de leurs rangs (…), Teilhard de Chardin. Il a commis (…) le péché de Lucifer qui a été si reproché par Rome aux maçons (…). Teilhard a élevé l’homme sur l’autel et, l’adorant, il n’a pas pu adorer Dieu. »

  • « Non contents d’être, chez nous, dans nos temples, garantis par la république, nous sommes en même temps la contre-Eglise (…) »



10 octobre

Journal du cardinal Siri : la croix viendra des évêques français et allemands.


Le patron le veut 

« Lors d’une réunion de la Commission centrale préparatoire du Concile, où siégeaient soixante-dix cardinaux, une trentaine d’évêques et les supérieurs des congrégations religieuses, j’ai posé la question suivante : “Le cardinal Ottaviani vient de dire qu’il ne faut pas que les experts choisis aient été condamnés par le Saint-Office, or j’en connais trois qui l’ont été, comment se fait-il qu’ils figurent sur la liste des experts ?” Le cardinal n’a pas répondu sur le moment, mais à l’issue de la réunion, quand il est passé près de moi, il m’a pris par le bras et m’a dit : “Je le sais bien, mais c’est le patron qui le veut…” », c’est-à-dire le pape Jean XXIII lui-même.

Mgr Lefebvre, C’est moi l’accusé qui devrais vous juger, p. 213

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